Marie Fillion a une bonne centaine d'amis sur Facebook. Mais la quinquagénaire de Saint- Félicien, retraitée de l'enseignement, se sent parfois un peu seule de son âge : " Ça fait encore peur à mes amies, dit-elle, surtout pour la confi dentialité et l'aspect technique associé à Internet. Elles me disent : Mais qu'est-ce que tu fais là ? "
Beaucoup de choses, en fait, dont des parties de Scrabble avec d'autres retraités. " C'est excellent pour la mémoire. "
Mais Mme Fillion peut se rassurer. Si la tendance se maintient, elle sera bientôt rejointe sur le populaire réseau social par de nombreuses femmes de sa génération. En effet, celles âgées de 55 ans et plus forment la cohorte qui connaît la plus forte croissance sur Facebook, avec une augmentation de 550 % depuis six mois. Elles représentent 1,5 million des 200 millions de membres, selon Inside Facebook, qui recense les statistiques. En comparaison, le nombre de membres de moins de 25 ans n'a augmenté que de 20 % durant la même période.
À l'avenir, c'est donc sur le Web que les têtes grises, notamment les femmes, socialiseront, s'informeront, se divertiront et consommeront. Cet engouement n'étonne pas André Mondoux, sociologue attaché à l'École des médias et au Département de sociologie de l'UQAM, auteur d'une thèse de doctorat sur Facebook : " L'utilisation du Web 2.0 est simple et conviviale. " Pas besoin d'être technophile : " On peut y partager facilement des textes et des photos. " Tout pour plaire aux retraitées qui ont du temps et beaucoup de souvenirs de voyage.
martine.turenne@transcontinental.ca
