De proie à prédateur

Publié le 18/09/2010 à 00:00

De proie à prédateur

Publié le 18/09/2010 à 00:00

Par Alain Duhamel

Grâce à une devise forte, les investisseurs canadiens ont conclu ou amorcé au premier semestre de 2010 deux fois plus de transactions d'entreprises hors du pays que les étrangers n'en ont effectuées au Canada.

La valeur de leurs projets d'acquisition à l'étranger a atteint près de 23 milliards de dollars (G $), dépassant les 17 G $ d'acquisitions étrangères pour des entreprises canadiennes.

Selon la banque d'affaires torontoise Crosbie, qui compile les données du marché des fusions-acquisitions tous les trimestres, il s'agit d'une inversion de tendance dans l'histoire canadienne qui ne s'était pas vue depuis 2004.

" Les entreprises canadiennes sont en meilleure position pour faire des acquisitions, car elles ont accès à des capitaux d'investissement ", dit Nicolas Marcoux, associé et leader des Services-conseils en transactions chez PricewaterhouseCoopers, à Montréal.

Les banques en meilleure posture

Les banques, les fonds d'investissement et les caisses de retraite canadiennes, moins touchées par la crise financière que ne l'ont été les institutions financières américaines, sortent de la récession économique en meilleure posture et avec des liquidités à investir.

" En 2008 et 2009, les banquiers avaient été très prudents, mais ils reviennent dans le marché. Ils sont plus agressifs. C'est de très bon augure pour le reste de l'année et pour l'an prochain ", précise M. Marcoux.

Le second semestre a débuté par un coup de canon : le 18 août, l'australienne BHP Billiton a lancé sur la canadienne Potash une offre d'achat d'une valeur de 39,6 G $. Une mégatransaction qui, si elle est conclue en 2010, redirigera à elle seule les tendances du marché canadien des fusions-acquisitions d'entreprises.

Le marché des transactions d'entreprises reprend de la vigueur en nombre et en valeur. Au second trimestre, il a bondi de 44 %, à 34,8 G $ par rapport à 24,1 milliards de dollars au trimestre précédent. Il ne faut pas s'en étonner, selon M. Marcoux. " Historiquement, en sortie de récession, il peut y avoir un effet de bulle parce que plusieurs projets de transaction qui avaient été reportés se réalisent. "

Première cible : les États-Unis

Le capital canadien s'exporte, mais il ne s'éloigne guère puisque, selon PricewaterhouseCoopers, 86 % des transactions du second trimestre visaient des entreprises situées aux États-Unis et seulement 10 % des entreprises des pays émergents.

" Les États-Unis sont à proximité et les transactions sont généralement moins compliquées, dit Franziska Ruf, avocate au bureau de Montréal de DaviesWard Phillips & Vineberg. Les cibles américaines sont moins récalcitrantes à des offres, et une certaine complémentarité entre les partenaires facilite l'approche. "

Il y a de belles occasions d'affaires chez nos voisins, comme celle que vient de conclure la montréalaise CGI, qui a acquis pour un peu plus d'un milliard de dollars l'américaine Stanley, une société de services informatiques bien installée dans le marché de la défense et du renseignement. " C'est une grosse prise et une belle expansion géographique ", affirme M. Marcoux.

À l'inverse, les investisseurs américains ont pesé moins lourd dans le marché canadien. Au second trimestre, ils n'ont compté que pour 50,6 % des transactions d'entreprises répertoriées à Industrie Canada, alors que pour le même trimestre l'an dernier, ils étaient engagés dans les deux tiers des transactions examinées. Les experts ne croient pas à une inversion de tendance ni à une baisse temporaire de l'activité.

" À moyen terme, le Canada redeviendra un marché de cibles d'acquisition à cause de la nature même de son économie, très concentrée sur les ressources naturelles ", croit pour sa part Clemens Mayr, avocat chez McCarthy Tétrault à Montréal.

23 G$

Les engagements des Canadiens dans des transactions d'entreprises étrangères s'élevaient à 23 milliards au premier semestre de 2010, en hausse de plus de 48 % par rapport au premier semestre de 2009.

Source : Industrie Canada

dossiers@transcontinental.ca

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