"Comment l'avion de la tour sud a frappé carrément dans ma foire alimentaire", par Stephen Leopold

Publié le 10/09/2011 à 00:00

"Comment l'avion de la tour sud a frappé carrément dans ma foire alimentaire", par Stephen Leopold

Publié le 10/09/2011 à 00:00

Le 11 septembre 2001, l'avion qui a détruit la tour sud du World Trade Center s'est enfoncé dans le 78e étage. Exactement là où Stephen Leopold a consacré cinq ans de sa vie à concevoir une foire alimentaire. Les travaux venaient de commencer. Avec l'effondrement des tours, l'actuel président du conseil d'Avison Young Québec a perdu des dizaines de millions de dollars et, surtout, des dizaines d'amis et de connaissances. Mais il a aussi pleinement saisi la chance qu'il avait d'être resté en vie.

"J'avais déjà vendu mes intérêts dans mon projet quand les avions se sont enfoncés dans les tours jumelles. Mais plus ou moins quatre mois plus tôt, je me tenais avec mes fils de 12 ans, des jumeaux, devant les fenêtres, exactement là où le deuxième avion s'est enfoncé dans la tour sud.

Les années précédentes, je devais remplir 23 kiosques de la foire alimentaire que j'aménageais au 78e étage de la tour sud et au 44e étage de la tour nord. Je les ai fait visiter à plus d'un millier de sous-locataires potentiels.

Comme j'élevais mes fils seul, ils sont souvent venus avec moi. Ce n'est qu'une question de timing ! Si ça s'était passé 6, 12, 18, 24 mois plus tôt, peut-être que j'aurais été là, avec mes enfants ! Alors aujourd'hui, quand je pense au 11 septembre, ça agit comme une inspiration personnelle pour apprécier chaque jour de ma vie et la santé de mes enfants.

Quand les avions ont frappé les tours, on en était au début de la construction des foires alimentaires.

C'était comme un centre commercial dans le ciel. Les comptoirs pourraient être dissimulés par des rideaux le soir pour transformer la foire alimentaire en salle de réception. Nous avions prévu des planchers de marbre... Ça aurait été un endroit magnifique pour un mariage !

J'avais déjà reçu un dépôt de 2 % pour la revente du projet. Mais j'étais censé être vraiment payé aux premières ventes de nourriture. Mes profits devaient atteindre des dizaines de millions de dollars, entre 2002 et 2004. Finalement, je n'ai fait que l'argent que j'avais dépensé dans le projet, après y avoir investi cinq ans de ma vie.

Mais je ne me lève pas le matin en me disant : "J'ai perdu des dizaines de millions..." Mais plutôt : "Que je suis chanceux de pouvoir regarder le ciel, d'embrasser mes enfants !" Ma perte n'est rien comparativement à celle des proches de ceux qui ont péri. Une cinquantaine de mes connaissances sont mortes. Par exemple, tous les gars de la sécurité me connaissaient. Je les ai salués presque tous les jours, pendant deux ans. Sans parler des ingénieurs, des gens avec qui j'ai travaillé sur mon projet... Plusieurs de ces connaissances étaient devenues des amis. Le 11 septembre m'a donc montré que la vie était fragile. Je suis l'homme le plus chanceux au monde, parce que je comprends bien que ça aurait pu être moi et mes enfants qui meurent dans ces attentats."

Propos recueillis par Hugo Joncas

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