LA QUESTION
Un de mes employés semble avoir un trouble de déficit de l'attention : dois-je lui en parler ?
LA RÉPONSE DE NOTRE EXPERTE
«Vous posez la question à la bonne personne, puisque j'ai reçu un diagnostic de TDAH (trouble de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité) il y a trois ans et que je donne des conférences sur le sujet. Si j'ouvre la porte du four et qu'au moment d'y mettre un plat le téléphone sonne, il y a une chance sur deux que j'oublie de souper.
On parle beaucoup de la difficulté des enfants souffrant du TDAH de se concentrer à l'école, mais rarement des adultes qui vivent les mêmes problèmes au travail. Pourtant, c'est la même problématique.
Si le TDAH nuit aux études des enfants parce qu'il les empêche de se concentrer, il a le même impact sur la productivité des adultes au travail. D'où l'importance pour les gestionnaires de suivre de près ces personnes. Lorsqu'un employé a eu un diagnostic de TDAH et qu'il en parle à son patron, c'est plus facile pour ce dernier de l'aider. Mais, comme c'est une maladie mentale et que ce n'est pas très bien vu, qui ose confier son secret à son supérieur ?
Le mot clé décrivant une personne atteinte du TDAH est «désorganisée». Pour elle, la gestion du temps est un cauchemar. Elle oublie des rendez-vous, arrive souvent en retard, a de la difficulté à respecter les échéances, etc. Elle peut sembler avoir une mémoire défectueuse alors qu'il n'en est rien ; c'est un problème d'organisation de l'information. Mieux vaut ne pas lui confier la gestion d'un projet.
Par contre, les personnes atteintes du TDAH sont souvent plus créatives que la moyenne ; elles ont toujours des centaines d'idées en tête, ce qui les empêche justement de se concentrer sur une en particulier. Mais elles ont de la difficulté à les mener à terme. Si vous leur confiez un jeu vidéo à concevoir, elles pourraient vous épater. Mais si vous devez livrer le jeu à votre client à une date précise, ça risque d'être problématique.
Ces travailleurs ont donc besoin d'un encadrement serré, d'outils et de stratégies. Des outils comme un agenda, par exemple.
Une stratégie, que j'utilise, consiste à fractionner une tâche importante en sous-tâches. Quatre tâches d'une heure semblent plus faciles qu'une seule de quatre heures.
Si vous soupçonnez un de vos employés de souffrir d'un TDAH, devriez-vous lui en parler ? S'il n'a pas reçu de diagnostic en ce sens, devriez-vous lui suggérer de consulter ? Ma réponse est «non» ; oubliez le diagnostic et concentrez-vous sur les conséquences. Discutez de ces problèmes réels avec lui, demandez-lui comment vous pouvez l'aider, de quels outils il aurait besoin, quelles seraient les meilleures stratégies à adopter, etc. Votre employé en viendra peut-être à se rendre compte qu'il a un problème et qu'il doit consulter. Mais ce n'est pas à vous comme gestionnaire d'aborder cette question.
Par ailleurs, si on croyait il y a quelques années que le TDAH affectait seulement les garçons, on sait aujourd'hui que presque autant de filles que de garçons présentent un TDAH sans hyperactivité. On estime que de 4 à 8 % de la population souffrirait d'un TDAH.
Enfin, quand on parle d'hyperactivité, on pense tout de suite au Ritalin, mais il existe beaucoup d'autres médicaments. La médication peut aider certaines personnes atteintes, mais ce n'est pas une panacée.»
EN SAVOIR PLUS SUR LE TDAH
Site Web
attentiondeficit-info.com
Livres
With Time to Spare, Linda Walker (Kindle Edition)
Mon cerveau a ENCORE besoin de lunettes, Annick Vincent (Les Éditions Quebecor)
