Comment Game On Audio entend croître aux États-Unis

Publié le 07/07/2012 à 00:00, mis à jour le 05/07/2012 à 09:25

Comment Game On Audio entend croître aux États-Unis

Publié le 07/07/2012 à 00:00, mis à jour le 05/07/2012 à 09:25

L'industrie du jeu vidéo connaît une petite révolution avec la technologie de capture de mouvements, grâce à des consoles comme la Kinect, de Microsoft. Cette évolution pousse Game On Audio, une PME montréalaise spécialisée dans l'enregistrement de sons et de voix pour jeux vidéo, à diversifier ses activités dans ce créneau. Et à poursuivre, par la même occasion, sa croissance aux États-Unis.

«Actuellement, nous réalisons la quasi-totalité de nos revenus dans l'enregistrement de sons et de voix. Mais en 2015, la capture de mouvements représentera au minimum la moitié de notre chiffre d'affaires», prévoit Samuel Girardin, fondateur et président de Game On Audio.

La PME ne part pas de rien. Elle fait déjà un peu de capture de mouvements faciaux, fruits d'investissements en R-D. De plus, pour préparer son expansion en capture de mouvements qu'elle planifie depuis quelques années, Game On Audio a constitué une équipe d'experts du Québec et de Los Angeles afin d'intégrer ces services et d'évaluer les technologies.

«Cela fait plus de quatre ans que nous observons la tendance du marché, et nous avons établi de bons contacts pour préparer le terrain», explique Samuel Girardin.

Croissance interne seulement

Porter à plus de 50 % ses revenus tirés de la capture de mouvements ne sera toutefois pas une mince affaire pour Game On Audio, d'autant plus qu'elle compte y arriver exclusivement par croissance interne d'ici 2015. Par la suite, la PME pourrait faire une acquisition.

Pourtant, tout semble réussir à cette entreprise qui connaît une forte croissance depuis l'ouverture de son studio à Los Angeles en 2009-2010 : ses revenus ont doublé chaque année. Aujourd'hui, ils approchent les 10 millions de dollars. «Nous devrions avoir le même rythme de croissance dans les trois prochaines années», affirme Samuel Girardin.

Embauches massives et investissements

Pour faire une percée significative dans le segment de la capture de mouvements, la PME montréalaise investira environ un million de dollars sur trois ans pour embaucher et former de nouveaux employés. Une somme qu'elle prévoit rentabiliser en moins de deux ans.

En marge de cet investissement en capital humain, Game On Audio continuera aussi d'investir en R-D. Depuis sa fondation en 2002, la PME injecte environ 10 % de ses revenus pour développer de nouvelles technologies ou pour améliorer la performance des équipements existants ou l'environnement de travail de ses employés, afin qu'ils soient plus créatifs.

«Ces investissements en R-D sont très importants pour nous, insiste Samuel Girardin. Ils nous permettent d'être productifs et de livrer rapidement un service de qualité à nos clients», dit l'entrepreneur, qui est l'unique actionnaire de l'entreprise.

Les clients de Game On Audio font partie du top 20 mondial des développeurs de jeux vidéo. À ce jour, la PME montréalaise a enregistré les sons et les voix de 135 jeux vidéo pour consoles, dont Prince of Persia (Ubisoft) et Army of Two (Electronic Arts).

Elle évolue dans un environnement très concurrentiel. Dans l'enregistrement de sons et de voix, elle affronte Soundelux DMG et Technicolor, deux entreprises implantées à Los Angeles. Sur le marché de la capture de mouvements, elle fera face à de nouveaux concurrents, dont House of Moves et Giant Studios également à Los Angeles.

Peu importe le segment de marché, Game On Audio misera sur les facteurs qui lui ont permis de se démarquer et de faire sa réussite : son expertise, sa technologie, ses techniques de travail et sa culture d'entreprise, laquelle est minutieusement cultivée et respectée à la lettre, à Montréal comme à Los Angeles.

Par exemple, pour Samuel Girardin, le raffinement de la relation avec les clients est fondamental pour créer une ambiance favorisant la collaboration. Ainsi, chez Game On Audio, chaque employé - y compris le patron - est formé pour faire un excellent café expresso avec les machines italiennes haut de gamme qui équipent les bureaux de Montréal et de Los Angeles. Exit le café filtre jugé trop ordinaire pour recevoir un client ou un futur partenaire.

Fondation : 2002

Nombre d'employés : 18

Secteur : Enregistrement de sons et de voix pour jeux vidéos ; bientôt, capture de mouvements

10 %

Part des revenus investie en R-D

Depuis 2009-2010, Game On Audio double ses revenus chaque année

Revenus :

moins de 10 millions de dollars canadiens (2011)

Les États-Unis sont le principal marché étranger de Game On Audio

(répartition géographique des revenus en 2011)

États-Unis 25 %

Autres pays (Europe, Asie) 3 %

Canada 72 %

Source : Game On Audio

LES ENJEUX DE GAME ON AUDIO

LE RISQUE

L'hyperspécialisation

Depuis sa fondation en 2002, la spécialisation de Game On Audio dans l'enregistrement de sons et de voix pour jeux vidéo (99 % de ses revenus) a été sa force. Mais aujourd'hui, cette hyperspécialisation représente un risque en raison de l'évolution du marché, selon le patron de la société montréalaise, Samuel Girardin. Le développement de jeux vidéo sur Internet fait en sorte que la demande d'enregistrements sonores baisse. C'est pourquoi l'entreprise amorce sa diversification en capture de mouvements, un segment en croissance tant dans les jeux vidéo qu'au cinéma.

LE DÉFI

Gérer la croissance

Aux yeux de Samuel Girardin, le principal défi de Game On Audio dans les prochaines années sera de rester à la hauteur de sa réputation sur le marché. «Nous devons toujours être connus et reconnus pour notre qualité si nous voulons accroître nos revenus à l'étranger.» Dans un contexte où les revenus doublent chaque année, la PME doit aussi s'assurer d'avoir les bonnes ressources pour gérer cette croissance sans en perdre le contrôle. Perdre un contrat faute de pouvoir respecter ses engagements auprès d'un client serait catastrophique pour Game On Audio.

UN CONSEIL

Faites vos devoirs

Aux entrepreneurs qui rêvent de marchés étrangers, Samuel Girardin conseille fortement de bien connaître les goûts et les besoins futurs de leurs clients potentiels. «Il faut faire une étude de marché approfondie.» Selon lui, il faut aussi savoir s'entourer de gens - des conseillers externes, comme un conseil d'administration - qui peuvent donner l'heure juste et inciter un entrepreneur à faire ses devoirs avant de s'aventurer à l'étranger.

17 G $ US Ventes de jeux vidéo aux États-Unis en 2011, en baisse de 8 % par rapport à 2010 Sources : NPD Group, USA Today

Dans cette série, nous décodons la stratégie internationale d'une entreprise québécoise et analysons ses risques.

Sur le Web, Les Affaires s'associe à L'actualité, Canadian Business, The Report on Business, The Economist Intelligence Unit et à la Banque HSBC pour offrir un site axé sur les exportations. À lire sur affairessansfrontieres.ca.

françois.normand@tc.tc

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