Christian Yaccarini, le bâtisseur de quartiers

Publié le 25/02/2012 à 00:00

Christian Yaccarini, le bâtisseur de quartiers

Publié le 25/02/2012 à 00:00

Relancer les «Shop Angus» était un projet social, tout autant qu'une expérience en développement durable : 17 ans plus tard, ce rêve fou est devenu réalité.

Christian Yaccarini n'a rien du gestionnaire habituel d'une société de développement industriel. «Pour être franc, je n'aime même pas l'immobilier, dit-il. Ce qui m'intéresse, c'est le développement social.» Quand le Canadien Pacifique (CP) annonce la fermeture des «Shop Angus» en 1991, ce diplômé en sciences politiques est âgé de 31 ans et travaille pour un organisme communautaire, la CDEC Rosemont-Petite-Patrie. «Nous étions une gang de jeunes gauchistes, se souvient-il. Jamais nous n'aurions imaginé diriger une société de développement.» La disparition des usines du CP est une véritable catastrophe pour le quartier : 1 000 emplois perdus, un taux de chômage de 20 % et d'immenses terrains contaminés par des métaux lourds. Au terme d'une longue lutte, Christian Yaccarini convaincra le CP de vendre les terrains pour créer la Société de développement Angus (SDA). Son rêve : créer une économie locale respectueuse de l'environnement et de la vie de quartier.

Le rêve était fou, mais Christian Yaccarini est un personnage qui déborde d'une énergie contagieuse. Quand il se lance dans la fondation de la SDA en 1995, le terme «développement durable» est inconnu du grand public.

Aujourd'hui, le site compte 53 PME qui vivent en accord avec les principes du respect de l'environnement. On compte notamment Ubisoft, la SAQ et Mountain Equipment Co-op, mais aussi des entreprises spécialisées dans l'intégration socioprofessionnelle, comme Insertech Angus.

«Le développement durable doit avoir un impact positif sur l'ensemble de l'environnement, dit-il. Contrairement au CP, je ne voudrais pas laisser derrière moi des terrains contaminés et une population au chômage.»

Jouer le rôle de pionnier

Il serait difficile d'énumérer toutes les initiatives environnementales de la SDA. Elle a construit en 2006 le premier bâtiment multilocatif au Québec à avoir obtenu la certification LEED. Pour réduire la circulation automobile, la SDA a conclu des partenariats avec la STM et Communauto. Son plan de gestion des déchets comprend le recyclage, mais aussi le compostage.

«Devenir vert, c'est une bataille de tous les instants», dit Christian Yaccarini. Par exemple, il a dû convaincre la STM de créer une ligne d'autobus, mais ensuite il fallait inciter les employés du technopôle à ne plus y venir en voiture. Même chose avec les propriétaires d'entreprise du site, qui étaient parfois réticents à favoriser le tri des déchets. «Ma seule façon d'exercer une influence, c'est de faire valoir mes arguments», affirme celui qui a orchestré la revitalisation du 2-22, rue Sainte-Catherine, au coeur du Quartier des spectacles.

Quels sont les gains réels d'un virage vert ?

«S'il est fait de façon rigoureuse, il apporte généralement un gain financier. L'analyse d'impact environnemental démontre souvent qu'on gaspille sans raison. La collecte des déchets représente une dépense importante pour les entreprises.»

Quel est le principal écueil à éviter ?

«Il faut avancer une étape à la fois et oublier les rêves de grandeur. Vos initiatives devraient aussi pouvoir s'appliquer ailleurs, contribuer à l'avancement des pratiques en développement durable. Sinon, elles seront des opérations de marketing qui n'apporteront rien à la communauté.»

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