Attention, les terroristes prennent d'assaut les hôtels de luxe

Publié le 07/02/2009 à 00:00

Attention, les terroristes prennent d'assaut les hôtels de luxe

Publié le 07/02/2009 à 00:00

Le Taj Mahal Palace & Tower, de Mumbai, s'est offert une pleine page de publicité dans le magazine britannique The Economist : "Welcome home again." Par ces trois mots, l'hôtel de luxe tente de se refaire une virginité.

Il y a deux mois, il comptait au nombre des six établissements de la métropole indienne visés par une série d'attaques terroristes simultanées. Plus de cent personnes ont perdu la vie et 300 autres ont été blessées. Des étrangers pour la plupart.

"D'un point de vue terroriste, ce fut un succès total, affirme sans hésitation Michael Nowlis, spécialiste international des questions de sécurité et de tourisme, de la London Business School. Comme ça l'avait d'ailleurs été à Islamabad [Pakistan], à peine deux mois plus tôt."

Des attaques terroristes en forte hausse

Les avions et les aéroports étant de mieux en mieux gardés, les terroristes jettent maintenant leur dévolu sur les hôtels de luxe. Ce qui, s'entendent les spécialistes, accroît par ricochet les risques courus par les gens d'affaires en mission professionnelle à l'étranger.

La prudence est donc plus que jamais de mise pour les gens d'affaires à la conquête de nouveaux marchés. D'autant que les actes terroristes sont en hausse vertigineuse depuis quelques années. Il y en a eu 6 588 en 2006, date des dernières données mondiales disponibles, soit six fois qu'en 2000.

Et ces attaques, souvent perpétrées par des kamikazes, sont non seulement plus nombreuses, mais aussi plus meurtrières, faisant 9 180 morts en 2006. Et en plus des bombes, on n'hésite plus à prendre les armes. Ce fut l'une des caractéristiques des dernières attaques indiennes.

Avec les hôtels, les groupes terroristes de toutes allégeances ont trouvé une façon simple et efficace d'atteindre leurs objectifs, soutient Benoît Gagnon, spécialiste de la sécurité, du terrorisme et de la cybercriminalité à l'Université de Montréal. "Comme le 11 septembre, les attaques de Mumbai et d'Islamabad sont des modèles en la matière, estime-t-il. Tellement que, sans la crise économique et l'élection de Barack Obama, on en parlerait encore aujourd'hui. C'est exactement ce que recherchent les terroristes."

Souvent symboliques du mode de vie occidental, les grands hôtels sont facilement accessibles : ils sont situés en plein centre-ville et ils ont rarement été construits en tenant compte du risque d'attaque, confirme Sylvain Lefebvre, professeur de l'Université du Québec à Montréal, spécialisé en géographie des risques.

De plus, si attaquer un marché public entraîne souvent un nombre important de victimes locales, s'en prendre à un hôtel de luxe permet de cibler une clientèle majoritairement étrangère. Un détail qui assure aux groupes impliqués un retentissement international quasi instantané, comme dans le cas des attentats aériens.

Un soixantaine de pays à risque

Le contexte mondial actuel ne laisse en rien présager une diminution des tensions. Les entreprises doivent en tenir compte avant de dépêcher des employés à l'étranger.

La sécurité compte parmi les dix principaux risques identifiés par la firme-conseil new-yorkaise Eurasia Group, spécialisée en risque politique, pour l'année 2009. Particulièrement en Inde, au Pakistan et en Afghanistan, où la sécurité devrait "se détériorer de manière marquée", surtout celle des ressortissants nord-américains et européens. Le renforcement du radicalisme musulman au Pakistan pourrait augmenter le terrorisme en Inde; les commandos indiens qui ont perpétré les attaques de Mumbai étaient d'ailleurs basés au Pakistan, ce qui a ravivé les tensions politiques entre les deux pays. De plus, le problématique Afghanistan, avec la recrudescence du mouvement taliban, déstabilisera encore davantage la région.

"Les risques d'affrontements armés directs entre l'Inde et le Pakistan demeurent faibles, mais les tensions seront élevées et les risques [de détérioration] de la sécurité, bien réels." Une situation, précise Eurasia Group, qui ralentira forcément les investissements directs et les projets d'infrastructures en Inde.

Cette région du globe n'est pas la seule dangereuse. Eurasia Group estime que l'environnement politique et économique actuel de pays comme la Turquie, le Venezuela, l'Ukraine, et même le Mexique, constitue d'autres points chauds. De son côté, le gouvernement du Canada a émis des avertissements d'"éviter tout voyage" ou "tout voyage non essentiel" visant une soixantaine de pays.

Car les Canadiens ne sont évidemment pas épargnés par la menace terroriste. En 2008, 35 ont été assassinés à l'étranger et 24 ont été victimes d'enlèvement. Des chiffres qui demeurent cependant stables depuis quelques années, confirme Daniel Barbarie, porte-parole du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada.

Est-ce la fin des voyages d'affaires ? Le tourisme ne meurt jamais, affirme Michel Archambault, titulaire de la Chaire de tourisme de l'UQAM. L'émotion suscitée par un attentat sanglant peut ralentir un moment l'afflux de vacanciers et de gens d'affaires, mais la tendance lourde est à l'augmentation continuelle du tourisme mondial. La question n'est donc pas de savoir si le Taj Mahal Palace & Tower retrouvera sa clientèle d'avant les attaques, mais plutôt quand.

martin.jolicoeur@transcontinental.ca

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