Après la télé HD, la voix en haute définition

Publié le 04/09/2010 à 00:00

Après la télé HD, la voix en haute définition

Publié le 04/09/2010 à 00:00

Par Pierre Théroux

Les milliards de personnes qui communiquent par cellulaire chaque jour le font grâce à une technologie de compression de la voix développée par une petite équipe de chercheurs de l'Université de Sherbrooke.

La technologie ACELP est maintenant utilisée par quelque trois milliards d'utilisateurs de cellulaires partout dans le monde.

Cette technologie a aussi été intégrée dans des lecteurs mp3, de même que dans les applications de diffusion audio sur Internet qui comptent des centaines de millions d'utilisateurs.

Au départ, " c'était davantage une curiosité de laboratoire. On ne prévoyait pas de retombées commerciales importantes ", se rappelle Roch Lefebvre, professeur au Département de génie électrique et de génie informatique qui dirige aussi le Groupe de recherche sur la parole et l'audio (GRPA).

Attendre la deuxième génération de portables

Au début des années 1980, la première génération de cellulaires voit le jour. Il faudra attendre 10 ans avant de passer à la deuxième génération, celle du numérique.

Cette avancée est attribuable au travail du professeur Jean-Pierre Adoul et de son équipe qui ont découvert un algorithme de codage de la parole, baptisé ACELP, qui offrait une nouvelle façon de comprimer la voix et d'améliorer la qualité de la transmission sur les réseaux numériques.

Le groupe de recherche a réussi là où ont échoué les réputés laboratoires Bell des États-Unis, de même que des géants comme France Télécom ou NTT au Japon, malgré des investissements beaucoup plus imposants.

" L'équipe de recherche avait une longueur d'avance; elle travaillait à numériser la parole de façon efficace et intelligible depuis près de 20 ans ", souligne Roch Lefebvre pour expliquer cet exploit.

L'équipe avait aussi l'avantage de compter dans ses rangs non seulement des ingénieurs mais aussi des mathématiciens qui ont réussi d'abord à développer l'algorithme, puis à le faire entrer dans une puce.

En 1995, cette nouvelle technologie est adoptée comme norme internationale en numérisation de la parole par deux organismes de normalisation. Désormais, les nouveaux systèmes de téléphonie numérique devront utiliser la technologie ACELP.

Le cellulaire HD

Les travaux du professeur Roch Lefebvre et du GRPA ont conduit à des communications cellulaires plus nettes. " Nous travaillons à éliminer les coupures et les fritures sur la ligne ", dit M. Lefebvre.

Certains réseaux se préparent même à déployer la technologie vocale HD dans la téléphonie cellulaire. Pour y arriver, les sociétés utilisent des algorithmes de compression du signal sonore, appelés " codecs ", qui englobent une gamme de fréquences audio beaucoup plus large que celle qui est actuellement la norme en téléphonie.

" Ça permet d'obtenir une qualité semblable à celle de la radio FM, comparativement au AM ", explique M. Lefebvre.

Licences et redevances

Le travail du professeur Jean-Pierre Adoul, fondateur du GRPA, est à l'origine du plus grand succès de valorisation commerciale des fruits de la recherche universitaire au Canada.

Depuis le dépôt d'un premier brevet en 1989, la technologie ACELP est devenue la technologie de référence pour plus de 15 nouvelles normes internationales en télécommunications.

Son développement a conduit à des partenariats entre l'Université et des géants mondiaux de la télécommunication, comme Thomson-CSF, Cisco et Nokia.

" C'est à ce moment que nous avons décroché d'importants contrats de recherche ", dit Roch Lefebvre.

Plus de 200 licences ont été accordées, générant des revenus de redevances, de fonds de recherche et de brevets de près de 100 millions de dollars.

En 1999, l'évolution des travaux du groupe de recherche a donné naissance à VoiceAge, une entreprise créée pour la commercialisation et le développement de la 2e et de la 3e génération des produits ACELP.

Pour ce faire, VoiceAge a notamment misé sur les " pools de brevets ". Ce type d'entente est un groupement de brevets qui permet à plusieurs sociétés de mettre en commun des brevets considérés comme indispensables à la mise en oeuvre d'une technologie.

Ainsi, chaque titulaire d'un brevet dont la technologie est nécessaire au fonctionnement d'un produit met son invention à la disposition de tous les membres du groupe.

Grâce à cette entente, " les développeurs de produits finaux peuvent accéder facilement à un portefeuille réunissant des brevets mondiaux essentiels et gérés selon les conditions d'un seul contrat de licence ", explique Sylvain Desjardins, vice-président exécutif et membre fondateur de VoiceAge.

En février, VoiceAge a annoncé le lancement d'un programme de licences avec Ericsson, France Télécom-Orange et Nokia pour la norme de compression de la parole à large bande.

pierre.theroux@transcontinental.ca

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