AngelList, le site qui réinvente le capital de risque pour investisseurs

Publié le 05/10/2013 à 00:00, mis à jour le 03/10/2013 à 11:39

AngelList, le site qui réinvente le capital de risque pour investisseurs

Publié le 05/10/2013 à 00:00, mis à jour le 03/10/2013 à 11:39

AngelList est en train de bouleverser l'industrie du capital de risque. Ce site américain, qui est aux start-ups et aux anges financiers ce que LinkedIn est aux professionnels, se transforme peu à peu en plateforme de financement participatif en capital. Même ceux qui ont le plus à perdre de la montée en force d'AngelList, en l'occurrence les fonds d'investissement, lui montrent de l'intérêt.

Les représentants des fonds d'investissement ont fait la file pour participer au tour de financement d'AngelList bouclé le 23 septembre. Pas moins de 116 investisseurs ont en effet contribué à cette ronde de 24 millions de dollars américains (24 M$ US), dont les fonds québécois iNovia Capital et Real Ventures.

«AngelList, c'est devenu un incontournable ; je ne vois pas pourquoi une start-up n'y aurait pas son profil», explique Ian Jeffrey, directeur général de FounderFuel. L'incubateur montréalais d'entreprises en démarrage, rattaché à Real Ventures, accepte désormais seulement les candidatures soumises par l'intermédiaire d'AngelList.

Levée des obstacles réglementaires

Déjà, au moins 200 M$ US ont été investis par l'intermédiaire de la plateforme dans quelque 1 300 jeunes pousses. En considérant que les anges américains ont investi pas moins de 22,9 milliards de dollars américains en 2012, selon le Center for Venture Research, c'est encore très peu. Or, la légalisation votée récemment aux États-Unis en faveur du financement participatif en capital pourrait faire exploser les investissements réalisés par l'intermédiaire d'AngelList.

Plusieurs investisseurs canadiens nous ont dit qu'ils croyaient très probable que les autorités canadiennes en matière de valeurs mobilières suivent l'exemple des États-Unis.

Ce n'est que depuis le 23 septembre que les effets du JOBS Act, adopté l'année dernière, ont commencé à se faire ressentir. L'interdiction de solliciter des investisseurs non accrédités, soit ceux qui ne possèdent pas plus d'un million de dollars, a alors été levée aux États-Unis. Depuis lors, AngelList n'a plus besoin de masque au grand public le fait que certaines start-ups sont en recherche de financement, quoiqu'il faille toujours être un investisseur accrédité pour investir. Cette dernière barrière devrait être levée au début de 2014.

Ratisser plus large

Grâce au nouveau cadre réglementaire, les jeunes pousses qui réalisent leurs tours de financement sur AngelList ratissent désormais beaucoup plus large, puisqu'elles peuvent y diriger du trafic grâce à leurs listes de courriels ou aux médias sociaux.

«Pour les entrepreneurs, ça permet d'aller chercher une plus grande variété d'investisseurs ayant des expertises différentes, peu importe où ils se trouvent», explique Louis-Philippe Maurice, pdg de Busbud, à Montréal.

Si AngelList a été utile afin de repérer des investisseurs potentiels, Louis-Philippe Maurice n'a pas réalisé son plus récent tour de financement par l'intermédiaire du site. L'entrepreneur explique toutefois avoir récemment embauché un développeur grâce à une offre d'emploi affichée sur AngelList, qui permet d'indiquer le salaire, mais aussi le pourcentage d'équité associé à chaque poste.

Investir aux côtés d'un ange

De plus, une nouvelle fonction d'AngelList permet aux anges d'agir en quelque sorte comme des fonds, en permettant à des tiers d'investir à leurs côtés. En retour, les anges perçoivent un pourcentage du gain en capital réalisé. «Le principal argument contre le financement participatif en capital, c'était que ça n'aurait pas de sens pour une start-up de devoir gérer 500 investisseurs. La fonction "Syndicates" d'AngelList règle ce problème, puisque c'est l'ange qui a mené l'investissement qui représentera tous ceux qui ont investi à ses côtés», explique Chris Arsenault, associé principal d'iNovia Capital.

Pour l'instant, seuls les investisseurs accrédités peuvent investir aux côtés d'anges, mais cette option d'investissement semble taillée sur mesure pour le grand public. Cette façon de faire pourrait aussi intéresser des investisseurs accrédités préférant rester passifs, pour qui investir dans un fonds était souvent le seul moyen d'entrer dans le marché du capital de risque.

Contrairement aux fonds, les anges se prévalant de la fonction d'AngelList ne perçoivent pas de frais de gestion. Cette nouvelle dynamique pourrait ainsi faire mal aux fonds en capital de risque comme iNovia. «Est-ce que le financement participatif en capital aura un impact ? Absolument, reconnaît Chris Arsenault. C'est à moi de m'assurer qu'on puisse profiter de ce bouleversement plutôt que d'en souffrir ; ça nous donne aussi l'occasion de réinventer notre modèle d'entreprise.»

www.lesaffaires.com/blogues/julien-brault

julien.brault@tc.tc

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