Acheter ou se faire acheter ?

Publié le 06/10/2012 à 00:00, mis à jour le 04/10/2012 à 10:57

Acheter ou se faire acheter ?

Publié le 06/10/2012 à 00:00, mis à jour le 04/10/2012 à 10:57

Par Pierre Théroux

Les sociétés de génie-conseil font des acquisitions pour renforcer leur présence sur la scène mondiale. Pendant ce temps, d'autres fusions sont à prévoir entre des firmes québécoises. Qui mangera qui ?

Genivar a frappé un grand coup au début de l'été. La firme de génie-conseil s'est offert, au prix de 442 millions de dollars, le géant britannique WSF qui faisait presque deux fois sa taille. L'achat a propulsé la société québécoise au 18e rang des plus importants groupes d'ingénierie à l'échelle mondiale.

À n'en pas douter, « cette transaction est un moment charnière dans l'histoire de Genivar. C'est une occasion de bâtir une firme de services-conseils d'envergure mondiale », souligne le président et chef de la direction, Pierre Shoiry, qui tramait une acquisition de grande envergure depuis quelque temps déjà.

Du coup, son effectif a grimpé de 5 500 employés oeuvrant principalement au Canada à 14 500 répartis dans tous les continents. Ses revenus ont aussi fait un bond prodigieux, passant de 650 M$ à 1,75 milliard de dollars. Avant la transaction, Genivar réalisait 96 % de ses revenus au Canada. Désormais, ce sera le tiers.

« Deux choix se sont imposés à nous : être acteur ou spectateur. Notre choix a été clair. Nous avons décidé de jouer un rôle actif dans cette réorganisation dont seules les firmes ayant des stratégies d'acquisition et d'intégration éprouvées, ainsi qu'une capacité financière certaine, sortiront gagnantes sur l'échiquier mondial », dit M. Shoiry.

La firme saguenayenne Cegertec s'est aussi donné une occasion de grandir en s'associant à l'australienne Worley-Parsons, quatrième acteur mondial en ingénierie.

« C'est une occasion d'accélérer la croissance, d'avoir accès à des projets majeurs dans le monde et aussi de créer au Québec un centre d'excellence mondial en aluminium par la combinaison de nos expertises », soulignait le président de la nouvelle coentreprise Cegertec WorleyParsons, Stéphane Leduc, dans une entrevue accordée à Les Affaires lors de l'annonce de ce mariage en avril dernier.

Des occasions de grandir

Les autres firmes québécoises ne sont pas en reste. Dessau, qui figure parmi les plus importantes sociétés d'ingénierie-construction du pays, a réalisé cinq acquisitions depuis janvier, dont trois en Amérique du Sud, où elle poursuit sa croissance et compte maintenant plus de 1000 employés.

« Nous avons décidé de concentrer nos efforts en Amérique latine, là où nous sommes déjà fortement ancrés », souligne Jean-Pierre Sauriol, président de cette société qui est aujourd'hui présente dans sept pays et compte plus de 5 000 employés.

Dessau cumule une trentaine d'acquisitions depuis cinq ans. L'achat de WSF par l'hyperactive Genivar était son quinzième en moins de deux ans. Elle en a réalisé une cinquantaine depuis 2006.

« La consolidation se poursuit, et c'est un phénomène mondial », note Johanne Desrochers, pdg de l'Association des ingénieurs-conseils du Québec, à son retour du congrès annuel international de la Fédération mondiale de l'ingénierie, qui se tenait au début de septembre à Séoul. Cette tendance découle de la nécessité pour les firmes de services-conseils d'offrir une plus grande expertise à ses clients ou de les accompagner dans leurs déplacements internationaux. Ces transactions n'ont pas seulement lieu en terre étrangère, mais aussi au Québec et ailleurs au pays.

Résultat : en dix ans, le nombre de firmes québécoises a fondu de 107 à 40, selon les données de l'Association des ingénieurs-conseils du Québec. On en comptait même 250 au début des années 1990. Or, cette forte consolidation n'est pas finie, semble-t-il, même s'il reste de moins en moins de sociétés en lice. « Le nombre de firmes québécoises continuera de diminuer », dit M. Sauriol. « La consolidation se poursuivra », affirme aussi Steeve Fiset, président et chef de la direction de la firme BBA qui vient d'ouvrir un bureau à Toronto.

Cette société de Mont-Saint-Hilaire, qui emploie 850 personnes, suscite elle-même beaucoup de convoitise. « On est une firme de taille intermédiaire comme il n'y en a plus beaucoup au Québec. Ça suscite de l'intérêt, d'autant que nous sommes aussi très spécialisés », dit M. Fiset en précisant aussitôt ne pas être à vendre.

Même son de cloche chez Dessau. « On reçoit des offres, mais on n'est pas intéressés. On a la capacité de faire nous-mêmes notre chemin et notre place à l'étranger », dit M. Sauriol, dont l'entreprise est la propriété de 500 associés.

Rester son propre maître

Cima+, dont plusieurs des 2 300 employés sont aussi des actionnaires, entend aussi rester son propre maître. « C'est possible, mais pour cela, il faut une volonté de réinvestir nos profits dans notre développement », dit le pdg Kazimir Olechnowicz.

Il précise vouloir plutôt conclure des partenariats avec différentes firmes d'ingénierie dans le monde, citant en exemple l'entente conclue récemment avec Aurecon, de Singapour.

Cependant, devant le nombre de plus en plus restreint de firmes québécoises d'ingénierie, on peut se demander s'il y aura un jour une mégatransaction qui verra deux de ses plus importantes sociétés fusionner.

« On ne peut jamais dire jamais. Mais je ne crois pas que ce soit présentement dans les cartons. Les firmes ont plutôt tendance à faire des acquisitions pour ajouter des expertises ou développer de nouveaux marchés », conclut Johanne Desrochers.

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