10 titres pour dormir sur ses deux oreilles

Publié le 24/09/2011 à 00:00

10 titres pour dormir sur ses deux oreilles

Publié le 24/09/2011 à 00:00

Par Marie-Claude Morin

Chutes vertigineuses, étonnantes remontées, reculs-surprises : les nouvelles boursières donnent le tournis depuis la crise de 2008. Malgré cela, tous les experts s'entendent sur la pertinence de conserver une partie de son portefeuille investi en actions. Comment assurer la croissance de votre portefeuille sans perdre le sommeil ? Les Affaires a demandé à une dizaine de gestionnaires de portefeuille de suggérer un titre, et un seul, pouvant être acheté puis oublié pendant quelques années. Bref, un titre sécuritaire qui cadre bien dans une stratégie de placement à long terme faisant fi des fluctuations à court terme.

CHINA MOBILE

(NY, CHL, 51,15 $ US)

Le choix de Donald Reed, gestionnaire principal du Fonds international d'actions Templeton

Pourquoi bien dormir : 627 628 000. C'est le nombre de clients du géant du sans-fil China Mobile, en date du 31 août. Une addition de près de 44 millions depuis le début de 2011 et une part de marché d'environ 70 % en Chine continentale. "L'entreprise a réussi à accaparer le marché en offrant des bas prix à la classe moyenne", constate M. Reed. L'entreprise est donc bien positionnée pour profiter de l'expansion du budget des télécommunications des ménages et de la croissance de la classe moyenne - elle devrait regrouper un total de 1,2 milliard de Chinois et d'Indiens d'ici 2025. China Mobile accroîtra de plus son offre de forfaits de données et introduira des services liés au BlackBerry. Éventuellement, elle pourra aussi s'aventurer dans le bassin Pacifique, dit le gestionnaire, qui ne s'inquiète pas du fait que l'entreprise soit chinoise, donc plus éloignée. Après tout, Enron et Worldcom étaient nord-américaines...

Valeur boursière : 205,6 G$ US

Ratio cours/bénéfice Prévu 1 : 11,18

Rendement depuis 10 ans 2 : +316 %

DOREL

(Tor., DII.B, 23,15 $)

Le choix de Jean-Paul Giacometti, vice-président et gestionnaire chez Claret

Pourquoi bien dormir : Bien que Dorel évolue dans le secteur de la consommation, plus vulnérable en période de turbulences économiques, sa diversification lui permet de mieux résister aux contrecoups, apprécie M. Giacometti. Des 2,3 G$ US de revenus de l'entreprise montréalaise, 42 % proviennent des produits de puériculture (sièges d'auto pour bébés, poussettes, chaises hautes, etc.), 37 % des bicyclettes et 21 % du mobilier de maison. "Le titre n'est pas cher à sept fois les profits de cette année", commente le gestionnaire. Il faut toutefois savoir que la diversification de Dorel n'a pas empêché son titre d'afficher un rendement négatif de 8 % depuis 10 ans. Selon M. Giacometti, la structure d'actionnariat, centrée sur les frères Schwartz, et le fait qu'il y ait toujours une des trois divisions qui va moins bien pénalisent l'action. Pourtant, l'entreprise a des activités mondiales, est bien gérée et affiche une dette raisonnable. Sans compter qu'elle pourrait être vendue ou démantelée à la retraite des dirigeants actuels, ajoute M. Giacometti.

Valeur boursière : 657,9 M$

Ratio cours/bénéfice prévu 1 : 6,44

Rendement depuis 10 ans 2 : - 8 %

CANADIEN NATIONAL

(Tor., CNR, 68,56 $)

Le choix de Norman Raschkowan, chef des placements chez Mackenzie, et Tim Caulfield, cogestionnaire du Fonds d'actions canadiennes Bissett

Pourquoi bien dormir : Même si les revenus du transporteur ferroviaire risquent de décliner temporairement, des tendances à long terme, comme la mondialisation et le boom des matières premières, jouent en sa faveur, estime M. Caulfield. En plus, les dirigeants - que ce soit Paul Tellier, Hunter Harrison ou Claude Mongeau - réussissent à dégager des marges bénéficiaires supérieures à la moyenne de l'industrie, peu importe le climat économique. Les fortes barrières à l'entrée et l'absence de moyens de transport de substitution lui laissent de la latitude pour fixer ses prix, ce qui lui permet d'ailleurs de refiler les hausses du prix du pétrole à ses clients. M. Raschkowan préfère le CN au Canadien Pacifique, en raison de son efficacité, de ses routes moins à risque par rapport aux désastres naturels et du potentiel de ses activités américaines. "L'entreprise va croître avec l'économie, mais en plus, elle peut augmenter son dividende plus rapidement que ses bénéfices, puisqu'il ne représente que le quart des profits prévus cette année."

Valeur boursière : 31,5 G$

Ratio cours/bénéfice prévu 1 : 12,74

Rendement depuis 10 ans 2 : +273 %

FORTIS

(Tor., FTS, 32,55 $)

Le choix de Steve Belisle, gestionnaire en actions canadiennes chez Investissements Standard Life

Pourquoi bien dormir : La croissance du fournisseur d'électricité et de gaz n'est pas touchée par l'économie, juge Steve Belisle. Les investissements projetés de 6 G$, tous approuvés, assureront une croissance des bénéfices de 6 ou 7 % par année. De plus, Fortis facture aux clients les fluctuations du gaz naturel. "L'avenir est très limpide", résume M. Belisle. Même si l'entreprise terre-neuvienne aimerait bien acheter aux États-Unis, elle qui a vu Central Vermont Public Service lui passer sous le nez au profit de Gaz Métro en juillet, le gestionnaire n'y voit pas de risque à court terme. "La fenêtre s'est pas mal refermée." Selon lui, le titre pourrait retourner à 34 ou 35 $ d'ici un an. Un rendement modeste en pourcentage, auquel il faut toutefois ajouter le dividende de près de 4 %. "C'est intéressant vu la volatilité des marchés et les taux d'intérêt très bas." Fortis haussera son dividende au quatrième trimestre comme elle le fait chaque année, croit-il.

Valeur boursière : 5,98 G$

Ratio cours/bénéfice prévu 1 : 18,25

Rendement depuis 10 ans 2 : +355 %

JOHNSON & JOHNSON

(NY, JNJ, 64,04 $ US)

Le choix de Nadim Rizk, vice-président et chef des actions étrangères chez Fiera Sceptre

Pourquoi bien dormir : Avec ses trois divisions, Johnson & Johnson présente une diversification qu'aime bien M. Rizk. En plus, chacune de ses divisions - instruments médicaux (39,7 % des ventes), pharmaceutique (37,5 %) et produits de consommation (22,8 %) - est très stable. Conséquemment, il faudrait vraiment une crise mondiale majeure pour lui causer du souci, estime-t-il. "Même en 2008, les revenus ont fléchi de moins de 3 %, ce qui n'est pas beaucoup, et le dividende a continué de croître comme il le fait tous les ans." Quant à l'échéance prochaine de brevets, elle aura un impact limité chez Johnson & Johnson, selon M. Rizk. "L'entreprise a tellement de produits que ça compense." L'une des six entreprises américaines a affiché encore une cote de crédit de première qualité AAA, Johnson & Johnson est peu endettée et a beaucoup de liquidités, ce qui lui offre une belle flexibilité.

Valeur boursière : 175,82 G$ US

Ratio cours/bénéfice prévu 1 : 12,12

Rendement depuis 10 ans 2 : +59 %

GROUPE MTY

(Tor., MTY, 13,80 $)

Le choix de François Rochon, président de Giverny Capital

Pourquoi bien dormir : Avec un dirigeant comme Stanley Ma, l'investisseur peut dormir en paix, juge M. Rochon. "C'est un excellent homme d'affaires, un des meilleurs au Québec." D'ailleurs, le titre s'est multiplié par 40 au cours de la dernière décennie, passant de 0,35 $ à près de 14 $. Au fil des acquisitions, l'entreprise a bâti un réseau de 25 enseignes, qui vont de Cultures à Tiki-Ming, en passant par Croissant Plus et plus récemment Valentine. Cette diversification diminue la dépendance à un seul concept, tout en restant concentrée dans les centres commerciaux. Un positionnement intéressant aux yeux de M. Rochon puisque, en ciblant une clientèle captive et en offrant un menu peu changeant, MTY n'a pas à investir de façon majeure dans la publicité et l'innovation. Finalement, le gestionnaire souligne l'évaluation raisonnable du titre vu la croissance de l'entreprise. "C'est sûr qu'il sera difficile de maintenir le rythme de 25 % par an, mais MTY peut croître de 15 % annuellement pendant un bon bout de temps."

Valeur boursière : 263,9 M$

Ratio cours/bénéfice prévu 1 : 11,90

Rendement depuis 10 ans 2 : +2 880 %

O'REILLY AUTOMOTIVE

(Nasdaq, ORLY, 71,10 $ US)

Le choix de Nicolas Chevalier, gestionnaire de portefeuille chez Pembroke Management

Pourquoi bien dormir : Quand les temps sont durs, les automobilistes réparent leur vieille bagnole plutôt que de visiter un concessionnaire. Cette attitude sourit au vendeur de pièces de rechange O'Reilly Automotive et en fait un titre sécuritaire aux yeux de M. Chevalier. La chaîne américaine de plus de 3 600 magasins profite pleinement du vieillissement du parc automobile, puisqu'elle vend tant aux garagistes professionnels qu'aux consommateurs qui réparent eux-mêmes leur voiture. Pratiquement unique dans l'industrie, cette combinaison lui permet de générer d'importants volumes de ventes - les revenus ont atteint 5,4 G$ US l'an dernier - et d'entrer dans de petits marchés qui ne seraient pas rentables avec seulement un des deux segments. Bien gérée, l'entreprise présente un bilan solide, d'importants flux de trésorerie et peu de dettes, ajoute M. Chevalier. "Je peux compter sur les doigts d'une main les fois où les résultats financiers ont déçu depuis l'introduction en Bourse en 1993."

Valeur boursière : 9,89 G$ US

Ratio cours/bénéfice prévu 1 : 17,49

Rendement depuis 10 ans 2 : +316 %

BERKSHIRE HATHAWAY

(NY, BRK.B, 70,01 $ US)

Le choix de Whitney Tilson, à la tête de la firme américaine T2 Partners

Pourquoi bien dormir : "Ce titre réunit les trois éléments que nous cherchons dans un titre parfait : il est sécuritaire, peu cher et solide", résume M. Tilson. Diversifié dans plusieurs industries, le conglomérat de Warren Buffett affiche un des bilans les plus solides sur le marché avec des liquidités de 48 G$ US. Malgré cela, son évaluation boursière reste raisonnable aux yeux du gestionnaire, éditeur de la lettre financière Value Investor Insight. Considérant le bénéfice avant impôts, les liquidités et les placements en obligations, le titre vaut selon lui environ 120 $ US. "Avec l'action de Berkshire, vous obtenez le meilleur investisseur du monde. Que pouvez-vous demander de plus ?" La succession de l'oracle d'Omaha ne l'inquiète pas. En pleine forme physique et au sommet de son art, Buffett peut gérer pendant encore cinq ou dix ans, croit M. Tilson. "De toute façon, mon évaluation n'inclut pas de prime pour la présence de Buffett", dit-il.

Valeur boursière : 172,25 G$ US

Ratio cours/bénéfice prévu 1 : 13,34

Rendement depuis 10 ans 2 : +58 %

SPECTRA ENERGY

(NY, SE, 26,10 $ US)

Le choix de Aaron Clark, gestionnaire au bureau de Boston de Tetrem Capital Management, qui gère entre autres des fonds pour Placements CI

Pourquoi bien dormir : Dans sa quête d'une nouvelle politique énergétique, le gouvernement américain n'aura d'autre choix que d'accorder une plus grande attention au gaz naturel, croit M. Clark. "C'est une source d'énergie abondante, plus propre que d'autres et facilement accessible." Pour profiter de cette tendance à long terme, il suggère la texane Spectra Energy. Bien implantée un peu partout aux États-Unis, tout comme au Canada, et active dans le stockage, les pipelines, le raffinage et la distribution, elle est bien positionnée pour profiter de la demande croissante, juge le gestionnaire. De plus, comme les revenus proviennent de services tarifés et que l'entreprise planifie ses investissements plusieurs années à l'avance, les bénéfices sont prévisibles, ce qui réduit le risque. En moyenne, M. Clark s'attend à un rendement total annuel de 12 %, dont 4 % proviennent du dividende. "Mais ça peut fluctuer à cause des spéculations boursières."

Valeur boursière : 16,86 G$ US Ratio cours/bénéfice prévu 1 : 13,95

Rendement depuis Décembre 2006 2 : +16 %

BELL ALIANT

(Tor., BA, 27,43 $)

Le choix de Jean-René Adam, vice-président des marchés nord-américains chez Hexavest

Pourquoi bien dormir : Les câblodistributeurs mènent une guerre acharnée contre les fournisseurs de service téléphonique filaire dans les grands centres, mais la concentration en région de Bell Aliant la met à l'abri du gros de la tempête. "La stabilité des affaires de Bell Aliant est assez extraordinaire", commente M. Adam. Le gestionnaire apprécie particulièrement le généreux dividende de 7 %, dont il ne craint pas la réduction. Présente dans les Maritimes, au Québec et en Ontario, l'entreprise dégage d'importantes liquidités, qui lui permettront de maintenir ce dividende tout en investissant dans le déploiement de la fibre optique. D'ailleurs, M. Adam entrevoit beaucoup de potentiel dans ce nouveau réseau qui élargira l'offre de services de Bell Aliant et concurrencera efficacement les câblodistributeurs. Malgré cela, ses attentes sur le titre restent modérées. "On ne l'achète pas tant pour son potentiel d'appréciation que pour son dividende et sa résistance en cas de chute des marchés."

Valeur boursière : 2,76 G$

Ratio cours/bénéfice prévu 1 : 17,59

Rendement depuis juillet 2006 2 : +27 % (attribuable au dividende)

1 Ratio cours/bénéfice selon les prévisions des 12 prochains mois. 2 Rendement comprenant les versements de dividende. Source des données financières : Bloomberg

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