" Le Québec doit être plus accueillant pour les investisseurs "

Publié le 06/12/2008 à 00:00

" Le Québec doit être plus accueillant pour les investisseurs "

Publié le 06/12/2008 à 00:00

Par François Normand

N.D.L.R. - Dans le cadre de la campagne électorale, nous avons invité les chefs des trois principaux partis politiques à expliquer leur stratégie économique. Après le plan de Jean Charest, la semaine dernière, voici celui de Mario Dumont.

Oubliez les dépenses de programmes tous azimuts pour stimuler l'économie. Pour faire face à la crise, l'Action démocratique du Québec (ADQ) mise sur un autre type de PPP : Prudence fiscale, Pouvoir d'achat, Productivité.

" On met le cap sur la prudence ", dit le chef adéquiste Mario Dumont en entrevue au journal Les Affaires dans son autobus de campagne.

Sur le plan budgétaire, la stratégie de l'ADQ n'est pas sans rappeler celle des conservateurs à Ottawa, qui ne prévoient pas investir massivement dans l'économie comme les États-Unis. " Notre cadre financier est à zéro, précise M. Dumont. Nous n'utilisons ni les réserves que Monique Jérôme-Forget [ministre des Finances] prétend avoir, ni des marges de manoeuvre futures tirées de la croissance. Et s'il y en a, ce sera pour faire plus de choses. "

Certes, l'ADQ veut stimuler l'emploi et soutenir les entreprises, mais en les aidant par des mesures fiscales ciblées plutôt que par des subventions distribuées à tout vent.

Ces mesures seraient financées par une réduction de 1 % des dépenses et de la taille de l'État. Les fonctionnaires passeraient à la caisse, mais aussi les entreprises, qui sont trop subventionnées, selon lui.

SUBVENTIONS AUX ENTREPRISES SABRÉES

L'ADQ sabrera dans les subventions aux entreprises pour réduire leur dépendance à l'État, ce que l'ADQ, à la suite de plusieurs autres, appelle le " Corporate Welfare ".

" Le Québec accorde plus de subventions aux entreprises que l'ensemble des neuf autres provinces réunies ! " soutient Mario Dumont. Selon lui, cette politique fiscale ne fonctionne pas, puisque le Québec est à la traîne en matière de croissance économique. Ces réductions des subventions contribueraient au projet de l'ADQ de réduire de 600 millions de dollars les dépenses de l'État, soit 1 % du budget.

Mario Dumont ne ferme pas non plus la porte à des compressions budgétaires dans la santé, mais dans les structures, pas dans les services.

La même logique vaut pour les ministères de l'Éducation et de la Famille. " Tout cet argent ne va pas dans les services", dit M. Dumont.

MOINS DE PAPERASSE POUR LES PME

Pour stimuler l'investissement et l'entrepreneuriat, un gouvernement adéquiste allégerait le cadre réglementaire des entreprises, surtout des PME.

" Nous voulons supprimer le quart de la paperasserie dans certains secteurs ", dit Mario Dumont.

Selon la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), les entreprises canadiennes dépensent annuellement 13 milliards de dollars en paperasserie pour se conformer à la réglementation. La politique de l'ADQ toucherait la réglementation pour la construction de minicentrales hydroélectriques. " Par exemple, dans mon comté, la minicentrale à Trois-Pistoles n'a pas encore vu le jour, même si la population a approuvé le projet par référendum il y a quelques années. "

Dans son programme, l'ADQ souligne qu'elle veut surtout alléger la réglementation du travail, et principalement celle représentant une contrainte à la création d'emplois et à la productivité.

En fait, le chef adéquiste veut donner suite aux rapports Lemaire, qui s'en prenaient aux exigences administratives visant les entreprises au Québec.

" La plupart des recommandations n'ont pas été implantées ", déplore le chef adéquiste, en reconnaissant toutefois qu'il faudrait sans doute refaire l'exercice.

AIDE FISCALE POUR SOUTENIR LE FINANCEMENT DES PME

L'ADQ n'entend pas baisser l'impôt des sociétés, mais compte en revanche aider les entrepreneurs à obtenir du financement au moment où le marché du crédit se resserre.

Par exemple, l'ADQ propose des garanties de prêts bancaires aux entreprises pour qu'elles aient davantage de liquidités. Ce programme de 25 millions de dollars serait sous la responsabilité d'Investissement Québec.

L'ADQ propose aussi des crédits d'impôt pour inciter les anges financiers à investir dans les jeunes entreprises.

" Nous donnerons un crédit d'impôt de 30 % pour les parrains d'entrepreneurs qui injecteront de 50 000 à 250 000 $ dans une société en démarrage, surtout dans la nouvelle économie ", dit Mario Dumont.

L'ADQ veut aussi accorder une déduction fiscale pour compenser la difficulté des entreprises québécoises à obtenir des fonds sur les marchés boursiers. " Le Québec accapare à peine 10 % du marché des capitaux au Canada. "

De plus, Mario Dumont propose une déduction fiscale de 150 % pour les investisseurs injectant des fonds dans des entreprises ayant une capitalisation boursière inférieure à 75 millions de dollars, et de 100 % pour ceux investissant dans une société ayant une capitalisation entre 75 et de 200 millions.

APPLIQUER LE (VRAI) MANDAT DE LA CAISSE DE DÉPÔT ET PLACEMENT

Mario Dumont se défend de vouloir " politiser " la Caisse de dépôt et placement du Québec : il veut seulement qu'elle respecte la loi encadrant sa politique d'investissement.

Selon la loi, la Caisse doit d'abord protéger l'épargne des Québécois, mais tout en favorisant le développement économique. " Quand la Caisse investit davantage dans le papier commercial que dans l'économie, les deux objectifs de la loi sont trahis ", affirme Mario Dumont.

Il souhaite que l'institution investisse davantage au Québec, mais pas au détriment de ses rendements.

Selon lui, le Québec dispose d'un formidable bassin de ressources humaines, naturelles et financières. Bref, on peut y faire de l'argent. " Si, pour avoir du rendement, il faut éviter le Québec, on a un méchant problème. Cela signifierait que l'économie québécoise est pourrie ", dit-il.

À lire sur LesAffaires.com

Quel parti a le meilleur plan ? C'est à vous de juger après avoir consulté notre site LesAffaires.com, qui présente en détail les engagements économiques de l'Action démocratique du Québec, du Parti libéral, du Parti québécois et de Québec Solidaire.

francois.normand@transcontinental.ca

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