Le Canada souffre-t-il du mal hollandais?

Publié le 25/05/2012 à 12:38, mis à jour le 26/05/2012 à 06:46

Le Canada souffre-t-il du mal hollandais?

Publié le 25/05/2012 à 12:38, mis à jour le 26/05/2012 à 06:46

[Photo : Bloomberg]

BLOGUE. En 1959, la Hollande a découvert d'importants gisements de gaz naturel. Son exploitation a créé un certain boom économique pour ce pays, un influx d'investissements directs et un transfert de la productivité de certains secteurs faibles (manufacturiers) vers le secteur primaire.  À terme, un grand pan de l'économie hollandaise est tombé et lorsque le gaz en provenance de Russie, de Norvège et d'Algérie est venu faire compétition, c'est toute l'économie du pays qui a écopé. Ce concept fut appelé « maladie hollandaise »  par « The Economist » en 1977.

Est-ce que ce mal pourrait atteindre le Canada ?

En 2002, le dollar canadien a atteint son point le plus creux historiquement à 0,62$. Le baril de pétrole se transigeait alors à 25$. La balance commerciale du pays était de 60 Milliards de CAD. Cinq ans plus tard, notre devise toucha la parité, propulsée par un baril à 100$, ainsi qu'un ensemble de commodités mondiales en forte hausse. Que s'est-il passé avec notre économie depuis 2002?

1-Notre balance commerciale est maintenant retombée en équilibre, ce qui implique un recul par rapport aux 60 milliards de surplus de 2002.

2-De cet équilibre de la balance commerciale, nous soulignons un point majeur : notre surplus est de 100 milliards dans le secteur primaire et le reste de l'économie génère un déficit global de 100 milliards. Nous sommes donc exportateurs nets de matières premières et importateur net de produits transformés.

3-Par province, l'Alberta génère à elle seule un surplus commercial de 100 milliards.  Quant à l'Ontario, elle a un déficit de 100 milliards.

4-Le Québec lui, est passé d'un surplus de 15 milliards en 2002 à un déficit de 12 milliards en 2011, signe que la force de la devise nous affecte énormément.

5-Entre 2002 et 2009, les exportations canadiennes dans le secteur primaire ont augmenté de 50 milliards, créant 60 000 emplois (salaire hebdo de 1500$).

6-Entre 2002 et 2009, les exportations manufacturières canadiennes ont chuté de 50 milliards, effaçant au passage 500 000 emplois (salaire hebdo de 900$).

7-Entre 2002 et 2009, l'économie canadienne a créé 2 millions d'emplois dans les services (salaire hebdo de 800$).

Nous sommes maintenant clairement dans une économie à deux vitesses et à deux régions, et dans ce sens, l'emploi du concept de «maladie hollandaise» est justifié pour le Canada.

Notre pays possède des matières que beaucoup de pays aimeraient avoir et à des prix forts intéressants et je n'ai rien contre le principe de les exploiter. Cela dit, vouloir mettre toutes nos billes dans le même panier (Plan Nord?) n'a jamais été une bonne stratégie d'investissement. Il faudrait aussi se souvenir que les prix des matières n'ont pas l'obligation d'être toujours aussi élevés que présentement. Les analyses pointent toutes pour une demande continue et une rareté éventuelle, mais les prix actuels en tiennent compte. N'importe quel assouplissement économique pourrait faire reculer les prix et n'oublions pas qu'en 2008, le baril de pétrole est passé de 145$ à 35$ en moins de 5 mois. 

Cette manne actuelle en provenance de l'exploitation de nos ressources doit impérativement servir à préparer le futur du pays. Et ce futur doit être basé sur la diversification des genres, car on ne sait pas de quoi sera faite l'économie mondiale dans 25 ans.  

 

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FIN DU BLOGUE.

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