La guerre des devises “The sequel” !

Publié le 08/09/2011 à 10:17, mis à jour le 08/09/2011 à 11:10

La guerre des devises “The sequel” !

Publié le 08/09/2011 à 10:17, mis à jour le 08/09/2011 à 11:10

BLOGUE. La Banque Nationale Suisse n’y est pas allée par quatre chemins mardi matin en dévaluant sa devise, le CHF de 10% contre l’Euro. Car c’est bien à une dévaluation forcée que nous avons été témoins.

Il faut comprendre que la Suisse en a ras le bol d’être considérée une « terre d’asile financière » pour tous les paranoïaques qui veulent éviter de détenir des Euros ou des Dollars américains. Déjà, quelques semaines avant ce geste drastique elle était intervenue verbalement et physiquement (en vendant du CHF) alors que sa devise venait de gagner 15% en 1 mois et 37% en 1 an contre ce même Euro.

Dans le monde du Forex, le franc suisse occupe depuis longtemps, une proportion plus importante que son économie le suggère alors que 3% des transactions FX internationales incluent cette devise même si la Suisse représente moins de 1% du PIB mondial. Mais ça, c’est le propre de quelques devises, Canada inclus. Les sept devises les plus transigées de la planète représentent 88% de toutes les transactions mondiales (USD-42%, Euro-20%, JPY-10%, GBP-6%, AUD-4%, CHF-3%, CAD-3%). Et notez au passage qu’aucune devise des pays émergents ne fait partie de cette liste. La Chine est au 24e rang à 0.1% (!!!).

Alors si les investisseurs boudent l’USD et l’Euro, ils doivent obligatoirement se rabattre vers les autres devises. Mais le troisième en ligne, le Japon (JPY) a décidé d’intervenir contre sa propre devise au printemps passé et s’apprête probablement à recommencer, et le GBP n’est pas nécessairement plus attrayant que l’Euro même si les problèmes du Royaume-Uni sont différents. La Suisse vient simplement d’annoncer qu’elle ne désirait plus faire partie des solutions de rechange et ironiquement elle annonce du même coup n’avoir aucun problème a accumuler des Euros quelque soit la somme qu’il faudra acheter pour assommer le marché. On verra bien. En attendant, nous sommes dans la deuxième vague de la guerre des devises déclenchée il y a un an par le Brésil.

Plusieurs aimeraient bien pouvoir s’investir dans les pays qui sont et demeureront – selon eux - les locomotives économiques des prochaines décennies, mais ils sont limités par des règles financières locales assez strictes (particulièrement au Brésil et en Chine). Il leur reste donc quelques devises périphériques, les commodités et l’or comme source de diversification. Le dollar australien est un bon exemple, ce pays profitant très bien de la croissance chinoise, son principal partenaire économique. Pour le Canada c’est un peu différent, le boulet que représente actuellement l’économie américaine étant compensé par l’attrait que suscite notre secteur primaire. Mais ces deux économies sont trop petites pour absorber toutes les réserves mondiales.

Quant aux commodités industrielles et alimentaires, comme ce ne sont pas des investissements qui rapportent dividendes ou intérêts (au contraire), il faut simplement être convaincu que la demande internationale future sera aussi intarissable que certains le prédisent afin de faire un bon coup. Ou bien faire comme le «hedge fund» Armajaro en juillet 2010 et acheter 10% de la production mondiale de cacao, l’entreposer et créer un effet de rareté. Si ça ne fonctionne pas, vous pourrez toujours l’offrir en cadeau aux amis.

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À propos du blogue "Barrière sans frontières" :

À cheval depuis vingt-cinq ans entre le domaine financier et la PME, entre l’Europe et l’Amérique, François Barrière tentera au travers de son blogue de vous apporter des éclaircissements sur des événements financiers internationaux que certains analystes se plaisent à compliquer. Vulgarisateur apprécié, il tire aussi bien de la gauche que de la droite.

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