L'imparfait de l'impératif économique

Publié le 16/09/2011 à 10:33, mis à jour le 16/09/2011 à 11:34

L'imparfait de l'impératif économique

Publié le 16/09/2011 à 10:33, mis à jour le 16/09/2011 à 11:34

BLOGUE. Une fois de plus un «trader» aura magouillé pour s’en mettre plein les poches au risque d’y perdre toute la banque. C’est probablement la première réaction de plusieurs. Ce n’est pas loin de la réalité, mais mon expérience me dit que ce n’est pas que ça.

Tout d’abord, je précise que je n’ai pas plus d’information sur cette histoire que ce que vous êtes capable de lire à droite et à gauche, c’est-à-dire très peu, mais mon petit doigt (et 23 ans dans une trésorerie) me dit qu’une fois de plus on est dans le même phénomène que pour l’histoire de Jérome Kerviel (4.5 milliards à la Société Générale en 2008), ou Nick Leeson (1.4 milliard à la Barings en 1995), Daiwa Bank aussi en 1995 ou Allied Irish Bank en 2002 et quelques autres probablement passés dans les « erreurs diverses » parce que pas assez gros pour ébranler les BPA des banques.

Alors, voici la chronologie d’une histoire typique de «fraude» :

Une grosse partie des profits générés par les banques sur les marchés des capitaux sont de nature spéculative. Nous pourrons discuter de la valeur ajoutée de la spéculation lors d’un prochain blogue, mais pour l’instant demeurons dans la chronologie. Ça prend donc des gens pour lancer/exécuter les idées spéculatives. Certains sont très bons pour générer bon an/mal an des profits, d’autres sont assez chanceux dans leur décision pour cacher certaines lacunes sur quelques années profitables. Le gestionnaire qui n’est pas capable de faire la différence entre le talentueux et le chanceux court à sa perte.

Afin de contrôler ces individus, une série de mesures sont en place afin de limiter / vérifier / surveiller ce qu’ils font. C’est le propre de la Gestion des Risques, des Back-Office et des vérificateurs internes. Les marchés évoluant très rapidement, aidés par des capacités de plus en plus importantes d’analyse mathématique, certains gestionnaires se trouvent rapidement dépassés par la «qualité» des profits générés par certains membres de leur équipe. En mettant en place toutes les mesures de vérification et de suivi, ils pensent se couvrir. Un faisant signer un «code d’éthique» à tous ses employés, la banque se protège en pelletant les erreurs de gestion dans le camp des fraudes.

Revenons à notre "trader". Lors de son embauche, il n’a jamais pensé devenir «fraudeur». Riche oui, mais fraudeur non. Puis un jour, il s’est retrouvé dans une mauvaise position qui l’a fait douter de ses propres capacités. Sentant que sa carrière allait peut-être y passer il y va d'un «all-in», dépassant allégrement les limites autorisées. Avec un peu d’astuce, il a même trouvé le petit trou informatique ou le compte interne inutilisé où cacher la mauvaise position (Kiervel a triché pendant 2 ans) ou il s’assure de falsifier les rapports envoyés aux patrons (Leeson). Combien de "traders" s’en sortent sans que ça paraisse ? Bonne question…Mais des fois, des événements externes viennent amplifier la mauvaise position. Pour Leeson ce fut le tremblement de terre de Kobe, pour Kerviel le crash boursier de 2008 et pour celui d'UBS probablement l’intervention de la Banque Centrale Suisse au début du mois. Et c’est à ce moment que tout bascule, telle la montée des eaux que l’on essaye d’endiguer, c'est le coup de vent qui crée la brèche.

C’est donc effectivement une fraude. Fraude de cupidité, fraude intellectuelle, fraude de vanité, mais fraude tout de même. Mais fraude dont la responsabilité doit se partager entre celui qui l’a fait et ceux qui l’ont laissé faire. Nous ne sommes pas dans la fraude savamment planifiée d’un Vincent Lacroix, d’un Madoff ou d’un Stanford, mais ça n’excuse pas le geste.

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À propos du blogue "Barrière sans frontières" :

À cheval depuis vingt-cinq ans entre le domaine financier et la PME, entre l’Europe et l’Amérique, François Barrière tentera au travers de son blogue de vous apporter des éclaircissements sur des événements financiers internationaux que certains analystes se plaisent à compliquer. Vulgarisateur apprécié, il tire aussi bien de la gauche que de la droite.

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