Le monde de Patrick Pichette

Publié le 01/02/2009 à 00:00

Le monde de Patrick Pichette

Publié le 01/02/2009 à 00:00

" À peine 90 jours après mon arrivée chez Google, nous avons lancé Chrome et Androïde, deux produits qui sont au coeur de l'avenir d'Internet. La majorité des sociétés seraient heureuses de pouvoir annoncer un seul produit comme Chrome par an... "

Patrick Pichette est vice-président principal et chef de la direction financière de Google, à Mountain View, en Californie, depuis le 1er août 2008. Il était auparavant président des opérations chez Bell. Il a aussi travaillé pour la firme de consultants McKinsey. Sa nomination, après 10 mois d'attente, en a pris plus d'un par surprise.

Comment Google vous a-t-elle approché ?

Une amie qui travaille là-bas m'a joint sur mon cellulaire un matin, à 6 h 15, alors que je roulais sur l'aurotoute Décarie. " Google cherche un CFO et on adorerait que tu viennes prendre un café avec nous. " J'ai répondu : " Je réfléchis et je te rappelle. " Le soir, mes amis m'ont dit : " Les gens de Google veulent prendre un café avec toi ? Vas-y ! " Sur le plan technique, je pouvais faire le travail. La vraie question était : " Le courant passera-t-il avec la direction ? " C'est une équipe tissée serrée qui travaille ensemble depuis longtemps. Réussirions-nous à nous faire confiance ? Tel a été le sujet de nos premières discussions.

Quelle a été votre plus grande surprise, à votre arrivée à Mountain View ?

Silicon Valley. Pas seulement Mountain View et Google, mais toute la vallée : un environnement effervescent, optimiste ! Vous êtes sur l'autoroute, vous sortez à San Jose, et des noms comme " Oracle ", " eBay ", " Google ", etc. surgissent. De grandes sociétés qui sont en train de développer Internet, de lancer de nouvelles technologies... C'est un micro-climat énergisant, positif, plein d'idées. Ça, c'est sur le plan macro. D'un point de vue micro, Google, c'est tout ça, mais sur les stéroïdes. Nous sommes organisés selon un modèle 70-20-10 : 70 % du temps est consacré aux activités existantes, 20 % à l'expérimentation d'idées de façon pratique, et 10 % à l'exploration. C'est une société vraiment axée sur l'innovation et sur le client. Deux questions reviennent chaque jour : quel impact cette décision aura-t-elle sur le client ? Et comment cela améliore-t-il l'expérience client ?

Vous êtes en poste depuis sept mois. Y a-t-il quelque chose que vous ne soupçonniez pas au sujet de Google ?

Je suis surpris de voir à quel point le milieu est ambitieux et positif. Google crée des produits qui transforment l'industrie et la façon de vivre des utilisateurs. À peine 90 jours après mon arrivée, nous avons lancé Chrome et Androïde, deux gros canons du code source libre, deux produits qui sont au coeur de l'avenir d'Internet. Tout ça en 90 jours ! La majorité des sociétés seraient heureuses de pouvoir annoncer un seul produit comme Chrome par an...

Vous parlez beaucoup d'optimisme... En ce moment, le monde est pourtant tourné vers la crise financière américaine.

Comment Google réagit-elle à cette crise ?

Eric Schmidt, le PDG, l'a dit il y a quelques semaines : nous entrons en territoire inconnu. L'économie américaine et l'économie globale subissent des chocs sans pareil. Il n'y a pas de modèle sur lequel nous pouvons nous appuyer, ni de solution facile. Google n'est pas à l'abri. Si nos clients souffrent, il est clair que cela aura un impact sur notre entreprise. Nous pratiquons une gestion plus serrée de nos ressources, afin de pouvoir réagir plus rapidement. D'un autre côté, Google reste Google. La situation actuelle ne nous empêchera pas de maintenir le cap sur le moyen et le long terme, parce que c'est ainsi que Google a été bâtie. Donc, nous faisons preuve de beaucoup de prudence, tout en continuant à suivre le plan stratégique de la société.

En période de crise, les entreprises se montrent un peu plus conservatrices, plutôt que de courir des risques...

Il faut distinguer deux types de sociétés : celles qui ont beaucoup de capital et un grand chantier à bâtir, et les autres. Pour les premières, une récession devient synonyme de paris binaires : on réalise les projets ou on ne les réalise pas. Elles se débattent avec le problème de l'accès au capital et aux marchés. Google n'appartient pas à ce groupe. Notre environnement est beaucoup plus flexible. Nous pouvons continuer d'innover, parce que nos projets ne sont pas des paris de milliards de dollars. Les occasions demeurent, même en période de récession. Il faut tout de même rester aux aguets plus qu'avant, sans toutefois s'empêcher d'innover, au contraire !

Qu'est-ce que le monde des affaires canadien pourrait apprendre de Google ?

Le Canada a beaucoup plus d'infrastructures Internet par habitant que la plupart des autres pays. Plus qu'aux États-Unis, même... Toutefois, la plupart des sociétés canadiennes investissent moins dans le marketing et dans la publicité sur Internet que leurs homologues américains.

À l'heure où les sociétés canadiennes veulent avoir accès à un marché global, il est surprenant qu'elles n'utilisent pas les outils Internet. Pourtant, ceux-ci ajoutent énormément de valeur aux sociétés qui les emploient. Ils permettent d'accéder à des marchés bien plus vastes que celui du Canada.

Dans un autre ordre d'idées, chez Google, je constate les avantages d'une stratégie fondée sur l'innovation. Et ce, peu importe que l'économie soit bonne ou mauvaise. Il est facile de respecter son budget en réduisant les sommes allouées à l'innovation. On a alors l'air d'un héros. Cependant, le vrai leadership consiste à garder l'innovation au coeur des sociétés qui l'ont placée au coeur de leurs activités. À long terme, c'est ce qui fait la différence. Quand des entreprises réussissent et que cette réussite semble facile, celle-ci n'est pas due à la chance, mais aux choix qui ont été faits sur le plan de l'innovation.

À la une

Teck Resources affiche un profit en baisse au 1T

Il y a 19 minutes | La Presse Canadienne

Vancouver — Teck Resources (TECK) a annoncé que son bénéfice du premier trimestre a ...

Pas besoin d’être le meilleur pour gagner

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, réussir en entrepreneuriat ne nécessite pas d’être le meilleur dans son marché

Gain en capital: ne paniquez pas!

Édition du 10 Avril 2024 | Charles Poulin

IL ÉTAIT UNE FOIS... VOS FINANCES. Faut-il agir rapidement pour éviter une facture d'impôt plus salée?