L'économie ou la retraite ?

Publié le 01/01/2009 à 00:00

L'économie ou la retraite ?

Publié le 01/01/2009 à 00:00

Voilà 11 ans que les anciens employés du National Trust sont en guerre contre celui-ci à propos... du surplus de 140 millions de dollars de leur caisse de retraite ! En 1997, au moment de la vente du National Trust à la Banque de Nouvelle-Écosse, la caisse de retraite débordait. Même situation au Montréal Trust, une autre institution qui traîne un recours collectif de ses anciens employés, qui réclament leur part du surplus de la caisse de retraite.

C'était une autre époque. Aujourd'hui, les caisses de retraite sont dans le rouge et les retraités, présents et futurs, voient rouge. 2,5 milliards, 1,9 milliard, 1,3 milliard... le déficit des régimes privés de Bombardier, de BCE, de la Banque Royale et de Ace Aviation ont de quoi inquiéter. Et ce ne sont là que quelques exemples. Depuis 2000, les réserves des régimes de retraite privés fondent les unes après les autres. Remplir leurs obligations futures deviendra de plus en plus difficile. Bang ! La crise financière est venue enfoncer le clou. Pour respecter les règles actuelles en matière de solvabilité de ces régimes, des entreprises québécoises pourraient devoir injecter l'équivalent de 40 % de leur masse salariale ! C'est énorme. La question : faut-il les obliger à le faire ?

Non. Les règles canadiennes sur le financement des régimes de retraite sont parmi les plus sévères. Pour en rajouter, les règles québécoises le sont encore plus. Bonjour la compétitivité de nos entreprises !

Je ne veux pas sous-estimer le sérieux de ces déficits. D'autant plus que le gouvernement du Québec a repoussé le problème à plus tard en n'indexant pas assez rapidement les taux de cotisation à la Régie des rentes du Québec (RRQ) au fil des ans. Et la RRQ n'a pas encore trouvé le moyen de combler l'écart entre le taux de cotisation de 9,9 % fixé par la loi et le taux d'équilibre de 10,7 % qui permettrait de maintenir le régime à flot.

Par contre, nous sommes en crise financière. Et en situation de crise, il faut aller au plus urgent, et surtout, résister à la panique. On ne doit pas confondre le cas de GM, une entreprise au bord de la faillite dont le régime de retraite affiche un déficit de quatre milliards de dollars, avec celui de BCE, une entreprise rentable dont le régime de retraite accuse un déficit de 1,9 milliard. Tous les déficits ne sont pas aussi inquiétants. Par contre, la situation générale de l'économie à court terme, elle, est très préoccupante. C'est à ce niveau-là qu'il faut d'abord agir.

La loi prévoit que les entreprises ont cinq ans pour combler le déficit de solvabilité de leur régime de retraite. Ces dernières demandent au gouvernement de leur en donner cinq de plus pour souffler. Accordons-leur ce délai. Ce serait logique, compte tenu de la situation actuelle.

Cependant, la logique n'est pas la principale qualité des politiciens. Les considérations électoralistes passent bien avant leur souci de croissance économique. C'est pourquoi nous sommes allés voter le 8 décembre dernier et nous avons subi le cirque d'Ottawa à la même période. Pour permettre aux entreprises de mettre dix ans au lieu de cinq pour combler le déficit de leurs régimes de retraite, il faudrait que nos politiciens soient prêts à faire face à la menace d'une manifestation de retraités devant le Parlement par un petit matin glacial de février. Voilà un bien puissant lobby à affronter.

rédactrice en chef

diane.berard@transcontinental.ca

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