Jean Coutu et Obama, même combat

Publié le 01/03/2009 à 00:00

Jean Coutu et Obama, même combat

Publié le 01/03/2009 à 00:00

Au magazine Commerce, le mois de mars signifie le retour du classement des entreprises les plus admirées. Depuis 12 ans, avec notre partenaire, Léger Marketing, nous testons la cote d'amour des entreprises québécoises. Un palmarès-baromètre de l'humeur des Québécois dans lequel l'admiration que nous portons à nos entreprises est plutôt... conditionnelle. Toutefois, certaines sociétés restent au sommet contre vents et marées. C'est le cas du Groupe Jean Coutu. Cette année - encore ! - il occupe la première place.

L'acquisition ratée, en juin 2007, de 30 % de la chaîne américaine Rite Aid n'a rien changé à l'admiration que les Québécois portent à cette entreprise et, surtout, à son fondateur. Depuis juin 2007, l'action de Rite Aid a chuté de 65 % et, au premier trimestre de 2009, Jean Coutu a déclaré des pertes de 20 millions de dollars à cause de cet investissement. D'autres entreprises seraient envoyées au banc des punitions. Pas le Groupe Jean Coutu.

Le statut particulier dont jouit le plus célèbre pharmacien du Québec fait penser à une autre icône : le nouveau président des États-Unis. Tous deux bénéficient d'un capital de sympathie hors du commun. L'un incarne à lui seul tous les idéaux d'entrepreneuriat des Québécois. L'autre porte tout l'espoir du peuple américain et d'une bonne partie de la planète.

Toutefois, quelques semaines à peine après son entrée en fonction, Obama doit déjà effectuer un premier retrait dans sa banque de capital de sympathie. Il a une patate chaude entre les mains. Si le dossier Rite Aid teste l'admiration des Québécois pour Jean Coutu et son entreprise, celui du protectionnisme fait de même pour le président des États-Unis, à tout le moins aux yeux des Canadiens et des Européens.

Pour l'année qui vient, la relance est en tête de ses priorités. Or, il existe plusieurs façons de relancer une économie. Aux États-Unis, le réflexe du protectionnisme n'est jamais bien loin. La preuve : dans la brique de 647 pages qui décrit le plan de relance de l'économie américaine, une mesure exige que l'acier des projets d'infrastructures soit américain. Sauf si cela augmente le coût de ce projet de plus de 25 %.

Le cas de l'acier est un premier test. Il y en aura d'autres au cours de l'année. Les entreprises américaines sont mal en point, les syndicats sont sur les dents et les citoyens sont inquiets. Ils ont tout misé sur leur nouveau président. Mais le Canada et le reste du monde aussi comptent sur lui.

Le spectre de la dernière série de mesures protectionnistes américaines (la Smoot-Hawley Act) revient nous hanter. Celles-ci ont paralysé le commerce mondial et entraîné la Grande Dépression des années 1930. Depuis, on a créé le GATT et l'OMC pour s'en préserver.

L'homme de la paix peut-il déclencher une guerre commerciale ? Le voilà coincé entre les pressions des Américains qui veulent reconstruire LEUR économie et celles de la communauté internationale qui cherche plutôt comment rebâtir l'économie mondiale. Le nouveau président des États-Unis a créé de grands espoirs et d'immenses attentes chez des groupes aux intérêts divergents. Dans le dossier du protectionnisme, comme dans plusieurs autres, il aura bien besoin de toute sa banque de capital de sympathie pour faire accepter ses décisions et leurs conséquences. Au cours des prochaines semaines, nous verrons si Obama est vraiment le Jean Coutu des présidents américains.

rédactrice en chef

diane.berard@transcontinental.ca

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