Technopolys : «Lâchez le Plan Nord, je veux un Plan Nerd»


Édition du 16 Décembre 2017

Technopolys : «Lâchez le Plan Nord, je veux un Plan Nerd»


Édition du 16 Décembre 2017

Par Denis Lalonde

Sylvain Carle, ­Louis-Philippe ­Maurice, Isabelle ­Bettez et Yoshua Bengio ont donné une conférence au Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), en novembre dernier.

«Je regarde les écosystèmes de start-up partout dans le monde depuis plusieurs années. Il y a quelque temps, j'étais en France, où le mouvement French Tech est très fort. Beaucoup d'argent y est investi et j'ai demandé à un ami français quel était le principal problème. Il m'a répondu qu'en France, ils n'ont pas l'ambition de leurs moyens. Ici, c'est le contraire : le Québec doit se donner les moyens de ses ambitions», raconte Sylvain Carle, associé de Real Ventures et l'un des cinq ambassadeurs de Technopolys. Cette initiative, créée à la mi-septembre, souhaite rassembler les entreprises québécoises en technologies de l'information autour de priorités communes. Les autres ambassadeurs sont le PDG de Busbud, Louis-Philippe Maurice, la cofondatrice de 8D Technologies, Isabelle Bettez, Yoshua Bengio, professeur titulaire et directeur scientifique de l'Institut de valorisation des données de Montréal et le fondateur et président exécutif de CGI, Serge Godin.

Au cours d'un récent voyage en Israël, M. Carle s'est dit «soufflé» de constater à quel point l'innovation et la technologie étaient le moteur principal de l'économie. «Au Canada, le secteur des ressources naturelles est très fort et ça fait de l'ombrage à l'innovation et à la technologie. Ma phrase préférée, quand je rencontre des membres du gouvernement du Québec, c'est "lâchez-moi le Plan Nord, je veux un Plan Nerd"», lance celui qui estime que la plus grande valeur du Québec se trouve dans les cerveaux québécois.

Technopolys, qui compte pour le moment 300 entreprises membres, se donne la mission de représenter le Québec à l'international, mais également de faire la promotion des métiers en technologie auprès des étudiants de tous les niveaux. «Nous allons aussi agir comme organisme de collaboration et de concertation. Nous devons trouver ce que nous ne pouvons pas faire chacun de notre côté, mais que nous pouvons faire tout le monde ensemble», explique-t-il. Isabelle Bettez ajoute que Technopolys doit devenir un porte-voix qui bénéficiera à l'ensemble de l'écosystème québécois des technologies et qui facilitera le maillage entre les start-up, les PME et les grandes entreprises.

Une recherche qui profitera aux entreprises locales

Montréal a réussi à convaincre des géants des technologies comme Microsoft, Google, Facebook, Samsung et Huawei d'implanter des laboratoires de recherche en intelligence artificielle, mais Yoshua Bengio rappelle que la métropole a aussi besoin d'un écosystème local dans le secteur, afin que les résultats de recherche aient un impact économique dans la province.

«Quand une grande entreprise comme Microsoft ou Google vient ici, c'est bon pour la visibilité de Montréal, mais ce n'est pas par ce canal qu'on va s'enrichir directement, indique-t-il. Ces entreprises sont bonnes pour tisser des liens avec les universités, mais les résultats de recherche filent ensuite à l'étranger.» À son avis, il faudra que le développement économique passe par des entreprises et des start-up locales pour que le Québec bénéficie des travaux en intelligence artificielle qui sont effectués dans la province.

Contrer l'exode des sièges sociaux

Pour Louis-Philippe Maurice, le Québec doit affronter depuis quelques décennies un problème d'exode des sièges sociaux. L'arrivée d'une initiative comme Technopolys pourrait contribuer à rebâtir cet inventaire en misant sur la compression du cycle de développement des entreprises. «Il est aujourd'hui possible de développer une grande entreprise en moins de 10 ans, alors qu'à d'autres époques, il fallait compter de 20 à 50 ans pour arriver aux mêmes résultats. Nous réunissons les conditions gagnantes pour bâtir des entreprises qui, dans 7 à 10 ans, deviendront des sièges sociaux importants pour le Québec», dit-il, citant des sociétés comme Lightspeed, Frank & Oak, Breather et GSoft.

Viser «l'effet bof»

M. Maurice raconte qu'il y a quelques années, les entrepreneurs québécois qui obtenaient du financement d'un fonds de capital de risque de la Silicon Valley devaient souvent déménager en Californie, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. «Si nous arrivons à un point où nos diplômés universitaires en génie, en sciences ou en technologies vont regarder la Silicon Valley, les régions de Boston, New York ou Seattle en se disant "bof, ce n'est pas si différent de ce qui se fait ici", on aura gagné», croit-il.

Pour Isabelle Bettez, dont l'entreprise de solutions pour vélos en libre-service est présente sur quatre continents, Technopolys doit servir à élever le Québec en tant que «référence sur l'échiquier mondial» dans le monde des technologies. «C'est ce sur quoi on travaille tout le monde ensemble», mentionne-t-elle.

Tous les ambassadeurs sont d'accord pour dire que les entreprises québécoises devraient cesser de se considérer comme des concurrentes et plutôt miser sur la force du nombre pour progresser plus rapidement. «Il y a une dizaine d'années, j'étais à l'Alliance numérique et toutes les sociétés se voyaient comme des concurrents. Puis, nous sommes allés à une conférence South By Southwest [festival annuel de la musique, du cinéma et des médias interactifs à Austin, Texas]. À ce moment-là, nous étions les fleurons du Québec et nous jouions dans la même équipe», soutient Sylvain Carle, qui a travaillé quelques années dans la Silicon Valley, entre autres chez Twitter.

M. Carle soutient que l'idée de se regrouper à l'international est un signal très fort indiquant que les entreprises sont prêtes à faire front commun pour «conquérir le monde». Il ajoute que les entrepreneurs québécois deviennent des ambassadeurs de la province dès qu'ils en sortent.

Technopolys c'est...
Une initiative qui compte pour le moment 300 entreprises membres et qui souhaite agir comme organisme de collaboration et de concertation, avec notamment la mission de représenter le Québec à l'international.

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