Sur le Web, il faut rester rationnel


Édition du 07 Décembre 2013

Sur le Web, il faut rester rationnel


Édition du 07 Décembre 2013

Par Matthieu Charest

La salle où se déroule la conférence «Être à l'avant-garde du Web : quelles seront les tendances en 2014» déborde. Le cours éclair ne dure qu'une demi-heure, à peine le temps d'assimiler de nouvelles notions. Le temps imparti suffit toutefois pour remarquer que le Web est devenu un outil incontournable, et que les PME l'utilisent bien mal.

Ce diagnostic est confirmé au kiosque de Reptiletech, l'entreprise responsable de la conférence. «Les PME ne profitent pas assez du potentiel qu'offre le Web, lance d'entrée de jeu Paul Ross, directeur du développement des affaires. Quand je leur parle des avantages qu'il offre, c'est comme une révélation pour elles.»

«Mon premier conseil aux entrepreneurs, ajoute-t-il, c'est de prendre des décisions sur des faits et non pas sur des tendances, il faut toujours demeurer rationnel.»

L'une des grandes vagues qui frappent l'Internet, c'est le flat design. Il s'agit de la volonté de simplifier les pages Web, pour des raisons esthétiques, mais surtout pratiques. «Si votre page ne se télécharge pas en 3 secondes, vous perdrez 57 % de vos visiteurs», a martelé Jonathan Laberge, chargé de projets chez Reptiletech qui a donné la conférence lors de l'événement Stratégies PME, qui s'est déroulé au Palais des congrès.

«C'est souvent plus dur d'être simple, résume Paul Ross. Il y a souvent trop de stock sur les sites et c'est dû au fait que bien des PME ne savent pas ce que leurs clients recherchent.» Le responsable du développement des affaires a d'ailleurs convaincu l'un de ses clients, Ultramar, que le proverbial «Mot du président» n'intéresse pas les gens. «Pourquoi les internautes visitent-ils votre site ?» rappelle-t-il. En effet, les chances sont plus élevées qu'un visiteur veuille plutôt acheter une carte-cadeau pour offrir à Noël que lire à propos de l'entreprise.

La priorité, c'est de répondre aux besoins des utilisateurs, d'où l'autre grande tendance qu'est l'«hyperpersonnalisation» du Web. Les outils de mesure permettent de savoir exactement ce que vos clients potentiels recherchent. «Les gens veulent se sentir spéciaux», a expliqué M. Laberge devant la foule. C'est aussi simple que d'envoyer des offres à tarifs réduits vers des destinations sud plutôt que vers l'Europe, si tel client de votre agence de voyages préfère le bronzage.

Une campagne Web ou une présence numérique léchée demeurent abordables. «C'est accessible à toutes les PME, croit Paul Ross. Avec un budget de départ de 5 000 $, nous avons déjà réussi à aider une entreprise à gagner 40 000 abonnés à son infolettre.»

Peu importe la somme investie, «il faut se montrer transparent avec son agence Web, assure le directeur du développement des affaires chez Reptiletech. Il faut connaître le budget afin de dresser des objectifs réalistes. C'est sûr qu'on peut payer un Indien 3 $ de l'heure pour qu'il monte une page Web, mais nous, on est implanté au Québec et on connaît la réalité des PME d'ici.»

La présence de l'agence Reptiletech lors de la première édition de Stratégies PME, l'an dernier, leur a valu une dizaine de contrats, pour un total d'environ 100 000 $. Parions que les profits seront revus à la hausse cette année, alors que les PME québécoises commencent à mesurer l'importance d'une présence numérique de qualité.

Protéger sa marque à l'international

Trop de PME méconnaissent l'importance de protéger leur marque, comme l'a révélé la conférence «Protéger sa marque à l'international : par où commencer».

«Ce n'est pas un concept qui est très bien ancré au Québec, dit Sarah Ismert, avocate chez Robic, la firme responsable de cette conférence. Surtout quand on lance sa PME, ce n'est pas en tête de liste. Pourtant, ça permet d'avoir la tête tranquille.»

C'est que les problèmes peuvent vite s'additionner si la marque lancée par l'un est déjà utilisée par l'autre. «J'ai déjà vu des cas où c'était devenu très compliqué, affirme-t-elle. Beaucoup trop de gens pensent aller voir un avocat "quand ça va mal". C'est plus sensé de s'être préparé, au cas où.»

«L'idéal, c'est de protéger sa marque avant de se lancer en affaires», ajoute-t-elle. Pour ce faire, un entrepreneur peut déposer une demande lui-même auprès de l'Office de la propriété intellectuelle du Canada.

Néanmoins, les conseils d'une firme spécialisée peuvent s'avérer précieux, surtout lorsqu'une PME pense à exporter ses produits et services. «Autres marchés, autres dangers», résume Sarah Ismert.

Serge Beauchemin [Photo : Maude Chauvin]

Mi-ange, mi-dragon

C'est l'émission Dans l'oeil du dragon qui l'a révélé au grand public, mais ça fait longtemps que Serge Beauchemin baigne dans l'entrepreneuriat. D'abord entrepreneur (3-Soft), puis ange-investisseur (Strøm Spa Nordique, BonLook, Ngenio, etc.), conférencier, auteur et photographe amateur, il brille également comme philanthrope (Fondation Noël au printemps). Cette fois, c'est en tant que président d'honneur de Stratégies PME 2014 que Les Affaires l'a rencontré.

Les Affaires - M. Beauchemin, si vous avez choisi d'accepter ce rôle au sein de l'événement Stratégies PME 2014, est-ce parce que vous êtes inquiet de l'état de l'entrepreneuriat au Québec ?

Serge Beauchemin - On traîne un peu la patte, et c'est peut-être culturel. On valorise beaucoup l'éducation, au détriment de l'audace, de la création d'emplois et de l'économie. Toutefois, je ne suis pas de nature à m'inquiéter, car si nous avons un retard à rattraper en ce qui a trait à l'entrepreneuriat, le Québec est un terroir incroyable de talents, et je suis plutôt de nature à passer à l'action ! De plus, depuis le début de l'année 2013, je remarque un intérêt qui s'accélère autour du concept d'entrepreneuriat. Je pense que cet éveil va porter ses fruits.

L.A. - Vous dites souvent «qu'il faut trouver des façons de répondre à la demande». Quelles sont les forces, donc l'offre, dont le Québec devrait tirer profit pour répondre aux besoins dans l'avenir ?

S.B. - Il faut transformer notre créativité en industrie. Nous sommes un pôle de création planétaire, on a créé plein de spectacles à Las Vegas, et on a réinventé le Cirque ! Puisque nous ne pourrons plus jamais compétitionner dans l'industrie manufacturière, il faut se montrer créatifs. Et la créativité, c'est peut-être notre seul bastion. Moment Factory, par exemple, en est une belle démonstration.

L.A. - Lorsque les PME atteignent une certaine taille, elles passent souvent sous le contrôle d'intérêts étrangers. Comment pouvons-nous les garder au Québec ?

S.B. - L'éveil des affaires est récent dans le Québec francophone, et on manque peut-être d'expérience. Mais on se doit aussi de créer un climat plus favorable aux affaires. D'ailleurs, nous devrions repenser notre système de taxation. Il faut éviter de s'approprier la richesse des individus plutôt que d'encourager la création de celle-ci. J'aime mieux penser à redistribuer 30 % d'un gros gâteau que 50 % d'un petit. Il faut attirer les grandes fortunes et, par le fait même, les sièges sociaux. Notre indépendance, peu importe sa forme, doit se maintenir, et il faut avoir les moyens de se l'offrir.

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