SherWeb, la croissance «dans le tapis»


Édition du 23 Novembre 2013

SherWeb, la croissance «dans le tapis»


Édition du 23 Novembre 2013

Les frères Matthew et Peter Cassar sont aux commandes de SherWeb, qui a connu une croissance de 403 % au cours des cinq dernières années. [Photo: Daphée Caron]

Si vous n'avez jamais entendu parler de SherWeb, une boîte de près de 200 employés, ce n'est pas votre faute. L'entreprise de Sherbrooke n'a jamais fait l'objet d'investissement en capital de risque, et la plupart des services qu'elle propose ne lui sont pas exclusifs. Malgré tout, elle a connu une croissance de 403 % entre 2008 et 2012 et vient de s'offrir de nouveaux bureaux dignes de ceux de la Silicon Valley... à Sherbrooke. Le secret de Peter et de Matthew Cassar, les deux frères à l'origine de la société TI ? Une bonne dose de persévérance, un bon service à la clientèle et un environnement de travail qui suscite l'engagement des employés.

L'entreprise de Sherbrooke a amorcé ses activités en 1998 en tant qu'hébergeur Web. Aujourd'hui, elle tire la majorité de ses revenus de la vente de logiciels Microsoft hébergés. Elle revend ainsi ces logiciels sous forme d'abonnement, en assurant leur hébergement et leur entretien. Près de 200 000 employés dans le monde voient leurs courriels transiter par les serveurs de SherWeb, sur lesquels l'entreprise gère pour ses clients des logiciels comme Microsoft Exchange.

SherWeb a pris le virage du modèle commercial, baptisé Software as a Service (SaaS) en 2005. Depuis, elle connaît une croissance soutenue. (Ses revenus sont confidentiels.) Avant ce changement de cap, la PME a connu des débuts plus lents, mais mythiques.

C'est dans la chambre de Peter Cassar, dans la maison familiale, que le premier serveur a été installé. Peter avait alors 18 ans et Matthew, 14. Aujourd'hui respectivement chef de la direction et président de SherWeb, les frères sont aux commandes d'une entreprise qui a connu une croissance constante.


« « Ce n'est pas parce qu'on est à Sherbrooke qu'on n'est pas parmi les meilleurs», Peter Cassar, de SherWeb » »

Poussés par la bulle

Tout a commencé lorsque Matthew Cassar a développé un site Web consacré à l'équipe qu'il avait formée sur le jeu en ligne Ultima Online. Lorsqu'il s'est mis à la recherche d'un hébergeur, il n'a trouvé aucun fournisseur lui convenant au Québec, ceux-ci se limitant généralement à supporter le HTML. Il a alors opté pour un hébergeur américain, mais l'idée de SherWeb venait de naître. «Cet événement nous a fait penser qu'il y avait sûrement des entreprises au Québec qui aimeraient se faire héberger au Québec, avec un soutien technique en français, plutôt que faire affaire avec une entreprise des États-Unis», explique-t-il.

Comme la bulle techno battait son plein, il a suffi aux frères d'obtenir leur premier serveur pour se lancer en affaires. «Notre mère nous a prêté l'argent pour acheter notre premier serveur, puis on a eu nos premiers clients», relate Peter Cassar.

Rapidement, la chambre de Peter n'a plus suffi, et l'entreprise a déménagé... au sous-sol de la maison familiale !

C'est d'ailleurs dans ce sous-sol que le premier employé de SherWeb, Jean Caron, a commencé sa carrière. «Quand je suis allé à ma première entrevue [d'embauche], je cherchais un bureau, mais tout ce qu'il y avait était une résidence privée», évoque-t-il. Six mois plus tard, en 2001, il déménageait dans les premiers locaux commerciaux de SherWeb, où il n'a pas tardé à être rejoint par d'autres.

À l'époque, l'optimisme dans l'industrie des TI était tel que les jeunes entrepreneurs n'avaient pas de mal à commander des serveurs, pas plus qu'ils n'en avaient à les rentabiliser. «Dans les années 2000, les fournisseurs vendaient les équipements sans analyse de crédit, sans demander de dépôt», rappelle Peter Cassar.

Malgré leur succès, les deux frères ont poursuivi leurs études tout en gérant une équipe d'employés à temps plein. Si ces derniers n'ignoraient pas leur âge, ce n'était pas le cas de leurs clients. «Je savais qu'ils n'allaient pas me demander mon âge, mais j'essayais quand même de masquer ma voix», évoque Matthew Cassar, le cadet qui a maintenant 30 ans.

Malgré la frénésie des années 2000, les deux adolescents n'ont pas perdu le contrôle de leurs dépenses. S'ils ont su garder la tête froide, c'est aussi qu'ils ont eu pour mentor Paul Gobeil, un ancien pdg de Loeb, une chaîne d'épiceries que Metro a acquise par la suite.

La mère des fondateurs de SherWeb, qui connaissait l'ex-ministre, avait alors insisté pour que ses fils le rencontrent. «Ils ont commencé très jeunes, mais leur force, c'est qu'ils ont toujours été très bien conseillés», soutient Roger Noël, pdg de l'ACET, un accélérateur d'entreprises de Sherbrooke dont le CA est notamment composé de Paul Gobeil et des deux frères Cassar.

Le défi du recrutement

En 2005, lorsque SherWeb a pris le virage du modèle SaaS, l'entreprise comptait à peine une dizaine d'employés. La demande des services de SherWeb a alors explosé et, selon Matthew, l'entreprise aurait pu croître encore plus rapidement si elle avait pu embaucher davantage de personnel. Avec ses deux universités, la ville compte pourtant de nombreux talents, mais SherWeb n'est pas la seule entreprise à les courtiser. «Le défi du recrutement en TI, il se fait sentir partout ; ce n'est pas pour rien que CGI a ouvert un bureau à Sherbrooke», fait valoir Matthew Cassar.

L'entreprise accueille le plus de stagiaires possible de l'Université de Sherbrooke, qui est reconnue pour ses programmes avec stages coopératifs. Pour SherWeb, c'est avant tout un moyen de convaincre les étudiants de joindre ses rangs au terme de leurs études. «On essaie de montrer aux étudiants qu'il y a des entreprises à Sherbrooke qui sont excitantes, que ce n'est pas parce qu'on est à Sherbrooke qu'on n'est pas parmi les meilleurs», explique Peter Cassar, 35 ans.

Afin de poursuivre l'expansion de leur entreprise, les frères Cassar comptent offrir de nouveaux logiciels hébergés et réaliser de petites acquisitions. Ils veulent aussi miser sur leur nouvelle offre de serveurs virtuels, un créneau dans lequel ils font face à la concurrence de géants comme Amazon et Rackspace. «On offre un service plus personnalisé», fait valoir Matthew Cassar, non sans préciser avec fierté que SherWeb n'a jamais délocalisé son service à la clientèle.

Malgré la concurrence, les entrepreneurs ne sentent pas le besoin d'aller chercher du financement pour rester dans la course. S'ils visent la croissance, ils veulent aller à leur rythme et ne semblent pas prêts à ouvrir le capital de SherWeb. «On n'a pas bâti cette entreprise-là pour la revendre dans deux, trois ou cinq ans, dit Peter Cassar. Notre but, c'est de continuer de bâtir pour le long terme et de faire de SherWeb une plus grande entreprise.»

[Photo : Stéphane Lemire]

Des locaux dignes de la Valley

Si les projets de SherWeb sont moins glamour que les lunettes intelligentes de Google, ses bureaux n'ont rien à envier aux entreprises technos les plus innovatrices.

En octobre, la PME a emménagé dans des locaux de quelque 40 000 pieds carrés, qui renferment notamment un toboggan, une télé géante avec une console Xbox et une table de ping-pong. «Les nouveaux bureaux ont dépassé les attentes, ça fait toute une différence pour les employés de tous êtres réunis sur deux étages», explique Jean Caron, vice-président des opérations et seul employé de SherWeb à avoir travaillé à partir du sous-sol des frères fondateurs.





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