Pourquoi la vente de BCE à Teachers' pourrait échouer

Publié le 10/11/2008 à 00:00

Pourquoi la vente de BCE à Teachers' pourrait échouer

Publié le 10/11/2008 à 00:00

Par François Rochon

En achetant maintenant l'action de BCE, le gain potentiel si la transaction se réalise est d'environ 20 %. Ce gain potentiel est alléchant, mais attention, une telle occasion ne vient pas sans risque.

Si la transaction échoue, le titre pourrait chuter rapidement sous 30 $. Ce n'est pas parce que BCE et Teachers' affirment que la transaction s'effectuera comme prévu qu'il faut se précipiter pour acheter les actions de BCE.

En fait, la caisse de retraite ontarienne n'a pas le choix de se montrer optimiste, car il lui en coûterait 1 milliard de dollars (G$) pour rompre son engagement d'acheter BCE.

De plus, si elle tentait de se soustraire à son engagement, Teachers' verrait sa réputation ternie, ce qu'elle veut éviter à tout prix compte tenu que les caisses de retraite effectuent régulièrement des opérations de fermeture du capital. Elle ne veut sûrement pas s'aliéner les partenaires éventuels dans d'autres transactions.

Cela dit, ce sont les banques appelées à financer la transaction qui pourraient faire avorter la vente de BCE.

Citigroup, Deutsche Bank et Royal Bank of Scotland (RBS), trois des plus grandes banques au monde, sont les principales institutions qui se sont engagées à fournir le financement de plus de 30 G$ nécessaire à la transaction.

Bien que leur engagement soit ferme, ces banques retireraient un avantage financier certain à ce que la transaction ne se réalise pas. De plus, ces banques sont secourues actuellement par les gouvernements, ce qui rend ces transactions difficiles à justifier.

Par exemple, RBS devra avancer environ 8 G$ aux acheteurs. Les conditions de ce prêt ont été établies il y a plus d'un an. La crise du crédit a eu un double effet, soit de faire dégringoler la valeur de ce prêt et de réduire les liquidités dont disposent les banques pour effectuer ces prêts.

Un banquier d'affaires montréalais bien au fait de ce type de transaction m'a indiqué que le jour même où RBS consentira le prêt à Teachers', elle devra inscrire une perte d'environ 20 % de la valeur du prêt, soit 1,6 G$.

Or, le gouvernement britannique vient de souscrire au capital de RBS. Acceptera-t-il de subir une telle perte sur un prêt servant à financer une transaction entre des sociétés canadiennes ?

Nous vivons une époque hors de l'ordinaire dans le monde bancaire. Ce qui était impensable l'année dernière, comme le retrait de RBS d'un engagement comme celui qui la lie à Teachers', est devenu plausible.

On peut raisonnablement envisager le scénario suivant : les banques se retirent du dossier et remboursent à Teachers' la pénalité de 1 G$ qu'elle devra verser si elle renonce à la transaction. Cela coûtera environ 330 millions de dollars à chacune des banques (au lieu d'une perte de 1,6 G$ dans le cas de RBS) et elles conserveront leurs liquidités.

Elles s'exposeront bien sûr à des poursuites de la part de Teachers' et de BCE. Mais comme ces poursuites risquent de s'éterniser, ça ne devrait pas arrêter les dirigeants de ces banques, qui préféreront probablement se concentrer sur les problèmes immédiats.

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