Windows Vista, le système d'exploitation précédent de Microsoft, était si lent, si complexe et si coûteux que la réputation de l'entreprise " ne s'en est jamais remise ", a récemment admis son coloré président et chef de la direction, Steve Ballmer.

À l'image de Vista, Microsoft était considérée depuis plusieurs années par ses critiques comme une entreprise en panne d'innovation, lente à réagir aux attaques de ses rivales Google et Apple, et incapable de percer de nouveaux marchés populaires comme les téléphones intelligents, en dépit des sommes gigantesques qu'elle a investies.

Les débuts prometteurs de Windows 7, le nouveau système d'exploitation lancé le 22 octobre, et les récents succès dans les jeux vidéo et dans la recherche Internet sont autant de signes que le vent est en train de tourner chez Microsoft. Certains optimistes pensent même qu'elle connaîtra une nouvelle ère de croissance au cours des prochaines années.

Des revenus qui pourraient croître de 3 milliards de dollars

Windows 7 est la figure de proue de la nouvelle Microsoft. Les analystes estiment que le système d'exploitation pourrait gonfler les revenus de la multinationale de 3 milliards de dollars américains en deux ans.

Les derniers résultats trimestriels de la société témoignent de l'engouement pour Windows 7. Le dernier-né des systèmes d'exploitation a enregistré les meilleures ventes trimestrielles à vie de licences Windows.

La suite bureautique Office et Windows représentent plus de 45 % du chiffre d'affaires de Microsoft. Après deux trimestres consécutifs où les revenus de l'entreprise ont baissé, les deux seuls en 34 ans d'existence, les perspectives de ventes de Windows 7 apaiseront les critiques, de plus en plus virulentes envers le style de gestion de M. Ballmer.

" Depuis quelques trimestres, les ventes de Windows évoluaient moins rapidement que celles d'ordinateurs personnels. Les consommateurs achetaient des ultraportables, ou un autre système d'exploitation, dit François Campeau, gestionnaire de portefeuilles chez Trilogy Advisors, à New York. Avec le lancement de Windows 7, les ventes du système d'exploitation sont en croissance et dépasseraient même le rythme de vente des PC. "

L'énigme des ultraportables résolue

Windows 7 permet enfin à Microsoft de percer le marché en pleine croissance des ultraportables. Munis d'un processeur moins perfectionné que celui des ordinateurs traditionnels, ces petits appareils qui n'ont jamais bien fonctionné avec Vista. Mais comme ils se vendent la moitié du prix de leurs homologues plus haut de gamme, ils séduisent de nombreux consommateurs.

Durant la première moitié de 2009, c'était le seul créneau de croissance du marché des PC, en Amérique du Nord. " Même en ce moment, ce sont eux qui mènent le marché ", explique Tim Brunt, analyste pour IDC Canada.

Les premiers ultraportables équipés de Windows 7 ont été livrés aux détaillants en septembre et octobre. " Au cours des derniers mois, on a vu un nombre important d'appareils équipés de Windows 7 livrés aux détaillants, dont plusieurs ultraportables ", précise M. Brunt.

Microsoft a commis une importante erreur avec Vista : le géant de Redmond tenait pour acquis que les nouveaux ordinateurs personnels seraient toujours plus puissants que leurs prédécesseurs. Steve Ballmer ne refera pas la même bourde deux fois. Pour s'en assurer, il a accru les dépenses en R-D de son entreprise à 8,5 milliards de dollars américains, en 2009, et les fera monter d'un autre milliard en 2010. C'est presque autant que les budgets de R-D de Cisco et d'IBM pris ensemble.

Il prévoit aussi poursuivre son magasinage d'entreprises émergentes prometteuses. Rencontré alors qu'il était de passage à Toronto, à la mi-octobre, Steve Ballmer a affirmé qu'il prévoyait en acquérir environ une vingtaine au cours de la prochaine année.

Un nuage à l'horizon

Signe des temps, Microsoft commence à préparer l'après-Windows. Microsoft remplace progressivement certaines applications par des services Web. Elle tâte le terrain dans l'informatique en nuage (cloud computing), dont la valeur pourrait tripler d'ici 2013, à 150 milliards de dollars américains, selon Gartner.

" Microsoft croit en une formule alliant logiciels et services Web, explique Matt Rosoff, de Directions on Microsoft, un cabinet d'analyse indépendant de Seattle. Microsoft espère que ses clients choisiront ses logiciels même s'ils ne sont pas connectés à Internet, et que cela freinera l'élan des services Web concurrents. "

À long terme, ce n'est pas Windows qui va assurer la riposte. Ce sera le rôle d'Azure, un service de logiciels par Internet qui s'adresse à son immense clientèle d'affaires. Certaines entreprises ont déjà commencé à migrer vers Azure, mais comme pour justifier sa propre lenteur, Microsoft assure que la passage vers l'informatique en nuage n'est pas aussi rapide que le laissent entendre ses rivales.

" Il y a beaucoup d'entreprises pour qui le nuage n'est pas une option, dit M. Ballmer, mais quand elles seront prêtes à faire le passage, nous le serons aussi. "