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Métier encore peu connu au Québec, le chief data officer (CDO), ou directeur des données, gagne en popularité dans les grandes organisations, notamment aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Sa mission : transformer les données en outils d'aide à la prise de décision en entreprise.

«Pourquoi embaucher un CDO ? Parce que nous assistons à la reconnaissance grandissante des données en tant qu'actifs», dit le rapport «CIO Advisory : The Chief Data Officer Trend Gains Momentum», publié par Gartner en janvier.

Selon la firme, 7 % des grandes organisations avaient leur CDO à la fin de 2013, taux qui passera à 17 % cette année et à 25 % d'ici la fin de 2015. Gartner dénombrait une centaine de CDO dans les grandes organisations à la fin de 2013, deux fois plus qu'en 2012. Le document ajoute que 65 % des CDO sont aux États-Unis et 20 % en Grande-Bretagne, et que le titre existe dans une douzaine de pays, dont le Canada.

«Le CDO est la personne qui est responsable de la gestion des données. C'est lui qui doit faire en sorte que les données deviennent un actif et qui doit en faire ressortir la pleine valeur. L'objectif ultime est de faire de l'analyse de ces données un avantage concurrentiel pour l'employeur», explique Marc-Éric LaRocque, associé principal chez Procima Experts, société montréalaise spécialisée en informatique décisionnelle.

M. LaRocque explique que Procima hérite de mandats qui pourraient être confiés à un CDO, par exemple du côté de la gestion, de la gouvernance, de la qualité et de l'entreposage des données. Une mission facile à coucher sur papier, mais complexe à réaliser.

Eugene Kolker a été l’un des premiers CDO du monde dans le domaine de la santé. Il travaille au Seattle Children’s Hospital depuis 2007.

Devenir un partenaire de confiance

«À ma connaissance, j'ai été le premier CDO nommé dans le monde de la santé, alors que la financière Capital One aurait été la première à prendre ce virage en 2002», explique Eugene Kolker, qui occupe le poste de CDO au Seattle Children's Hospital depuis 2007.

M. Kolker explique que son rôle a évolué au fil des ans avec l'explosion des données accessibles sur Internet. «Bien sûr, nos analyses reposent sur les données volumineuses (big data), mais aussi sur les données personnalisées. Notre objectif est de fournir des soins adaptés à chaque patient. Avec de meilleures données, on arrive à prendre de meilleures décisions. Il nous faut donc prendre les données et traduire les résultats en termes compréhensibles pour le personnel médical», raconte M. Kolker.

Ce dernier croit que l'une des fonctions les plus importantes du CDO est d'être rassembleur et de bien communiquer les résultats de ses analyses, car il est appelé à collaborer avec tous les autres dirigeants d'une organisation.

Eugene Kolker rappelle que son histoire est passablement différente de celle des autres CDO, qui oeuvrent surtout dans les finances : «Nous devons avant tout gagner la confiance des gens avec qui nous travaillons, car ce sont eux qui implanteront les changements que nous leur proposerons. De plus, contrairement à une entreprise en finance, en marketing ou en commerce de détail, qui vise avant tout à augmenter ses profits, nous voulons offrir de meilleurs soins. C'est la vie des patients qui est parfois en jeu», dit-il.

Géraldine Tenten, directrice du marketing et des communications chez IBM Canada, croit aussi que le CDO peut venir en aide à tous les autres hauts dirigeants d'une entreprise, qu'il s'agisse du chef de la direction financière (CFO, en anglais), du directeur du marketing (CMO) ou du président et chef de la direction (CEO). «Les autres dirigeants ont trop souvent le "nez dans le guidon" et sont trop occupés par leurs tâches quotidiennes pour pouvoir tirer pleinement avantage de l'analyse des données. Le CDO devra pouvoir aider tous ses collègues afin de mieux cerner les besoins de chaque client», pense-t-elle.

Eugene Kolker ajoute que le CDO doit travailler en collaboration avec le directeur des technologies de l'information CIO, car c'est ce dernier qui fournira l'infrastructure nécessaire à la réalisation des analyses.

Assurer la qualité des données

Selon Marc-Éric LaRocque, les données sont un peu comme une route : «Tout le monde veut pouvoir s'en servir, mais personne ne veut payer pour la réfection. Avec les données, c'est la même chose. Il faut quelqu'un qui s'investisse pour en assurer la qualité, par exemple en s'assurant que le nom d'un fournisseur soit toujours écrit de la même manière dans la base de données», dit-il.

Si le titre de CDO est encore absent des écrans radars québécois, Gartner souligne qu'il est bien présent dans les industries de la finance, de l'assurance et de la haute technologie, de même que dans les organisations gouvernementales. Le cabinet note toutefois une deuxième vague de nominations dans les industries du commerce de détail, pharmaceutique, de l'énergie et des services publics.

Le poste de directeur des données a été créé pour permettre aux organisations de profiter des mégadonnées (big data).

25 % - D’ici 2015, 25 % des grandes organisations auront un CDO, selon Gartner.