Jeux vidéo : pas assez de talents, trop de main-d'oeuvre peu qualifiée

Publié le 16/04/2010 à 11:00

Jeux vidéo : pas assez de talents, trop de main-d'oeuvre peu qualifiée

Publié le 16/04/2010 à 11:00

Par Alain McKenna

L'implantation de trois nouveaux studios de jeux vidéo à Montréal au cours des prochains mois fait craindre aux dirigeants de l'industrie qu'il y aura sous peu une pénurie de travailleurs d'expérience, alors qu'on trouvera une surabondance de main-d'oeuvre peu qualifiée.

Les nouveaux studios que Funcom, THQ et Warner Bros. Interactive Media ouvriront à Montréal créeront à eux seuls plus de 1 000 nouveaux postes d'ici cinq ans. Selon l'Alliance numérique, si on ajoute à cela la croissance prévue des studios déjà établis dans la métropole québécoise, 3 000 emplois seront créés dans le secteur des jeux vidéo d'ici 2015. Cela consolidera la troisième place qu'occupe l'industrie canadienne du jeu vidéo au palmarès mondial du nombre d'emplois. La moitié des 14 000 emplois du secteur au Canada est concentrée au Québec.

Manque de personnes aptes à diriger

Il ne manquera pas de travailleurs pour combler la plupart de ces nouveaux postes, assure Pierre Proulx, président du conseil d'administration de l'Alliance numérique. " Depuis 10 ans, les programmes de formation ont toujours satisfait la demande de l'industrie, dit-il. C'est plutôt pour les postes de dirigeants qu'on a des craintes. Pour occuper ces postes, il faut une expérience et une compétence que peu de personnes possèdent au Québec. "

Car qui dit quantité ne dit pas nécessairement qualité : les travailleurs d'expérience, capables de diriger des équipes pour la création d'un jeu, sont rares au Québec. Trop rares au goût de certains, qui craignent que les nouveaux studios ne rendent la situation plus difficile encore.

" Ces nouveaux studios exercent une forte pression sur le bassin de travailleurs, estime Yannis Mallat, pdg d'Ubisoft Montréal. Cela accroît le risque auquel la livraison d'un produit de qualité est exposée. "

Au lieu de produire de nombreux travailleurs peu qualifiés, les écoles québécoises devraient porter davantage attention aux métiers spécialisés du jeu vidéo, affirme M. Mallat.

Des lacunes dans la formation

Cet avis trouve écho chez TechnoCompétences, le comité sectoriel des technologies de l'information. " Ce qui fait la différence pour un studio, ce sont les employés qualifiés, ceux qui se situent en haut de la pyramide ", dit Sylvie Gagnon, directrice générale de l'organisme.

" Il y a un foisonnement des programmes de formation à l'entrée du marché du travail, explique Mme Gagnon. Il pourrait bientôt y avoir trop de travailleurs pour l'industrie. Mais en même temps, il risque d'y avoir une pénurie de gens qualifiés. "

Ce constat semble faire l'unanimité dans le secteur. C'est ce que l'Alliance numérique et TechnoCompétences espèrent faire comprendre au ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, quand ils lui soumettront, plus tard ce printemps, une proposition pour régler ce problème.


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