Intelligence artificielle: Montréal devient une plaque tournante mondiale

Publié le 10/02/2017 à 05:00

Intelligence artificielle: Montréal devient une plaque tournante mondiale

Publié le 10/02/2017 à 05:00

Par Denis Lalonde

Montréal se positionne comme une plaque tournante de l'intelligence artificielle dans le monde. (Photo: 123rf.com)

Google et Microsoft ont récemment annoncé des investissements dans le secteur de l'intelligence artificielle à Montréal. Des gestes qui ne sont pas anodins.

«Montréal s'est établie comme un épicentre de l'apprentissage profond, tant pour la recherche que pour l'ingénierie. Souvent, nous voyons des bassins de talent dans l'un ou l'autre des secteurs, mais d'avoir autant de talent des deux côtés de l'équation est remarquable», raconte la vice-présidente du développement des affaires de Microsoft, Peggy Johnson.

Cette dernière attribue une grande partie de ce succès au professeur titulaire et directeur de l'Institut des algorithmes d'apprentissage de Montréal (MILA) de l'Université de Montréal, Yoshua Bengio: «Yoshua agissait comme consultant auprès de Maluuba et nous sommes heureux qu'il conserve ce rôle auprès de Microsoft. Il travaillera en étroite collaboration avec mon collègue Harry Shum», ajoute-t-elle.

M. Shum est vice-président de la division Intelligence artificielle et recherche de Microsoft. Le géant de Redmond, dans l'État de Washington, a annoncé l'acquisition de la startup montréalaise Maluuba, spécialisée en compréhension du langage par les machines, le 13 janvier pour un montant tenu secret. L'objectif est de faire passer l'équipe de Maluuba de 40 à 80 employés d'ici deux ans.

En novembre, c'est Google qui investissait dans le MILA, avec un montant de 4,5 millions de dollars sur trois ans.

Sans oublier qu'en décembre, Microsoft Ventures annonçait qu'il devenait l'un des partenaires stratégiques de la société montréalaise Element AI, officiellement lancée en octobre et dont l'un des cofondateurs est... Yoshua Bengio. La mission d'Element AI est d'aider les organisations à prendre le virage en matière d'intelligence artificielle (IA) dès aujourd'hui. L'entreprise est composée d'un laboratoire de recherche relié à plusieurs universités et d'un incubateur qui développe des solutions en IA «en partenariat avec de grandes entreprises».

«De manière plus large, Montréal a la plus grande concentration de chercheurs en intelligence artificielle au monde (150) grâce à l'Université McGill et à l'Université de Montréal. Les récents investissements du gouvernement du Canada dans cet écosystème permettent de croire que la métropole restera un leader dans le secteur pour les années à venir», soutient Mme Johnson.

En septembre dernier, le Fonds d'excellence en recherche Apogée Canada annonçait des financements totalisant plus de 900 M$ sur sept ans dans 13 initiatives universitaires. L'une d'elles provient de l'Université de Montréal, pour le projet «Apprentissage profond et optimisation aux fins de la révolution du savoir» afin que les données accessibles en ligne soient davantage «au service des Canadiens». Le projet a obtenu un peu plus de 93,5 M$ en financement pour la durée du mandat et souhaite faciliter la réalisation de «percées scientifiques importantes en permettant l’extraction efficace de renseignements utiles à partir d’ensembles de données volumineux et leur transformation en décisions exécutables».

Chez Element AI, on estime que tous les ingrédients sont réunis pour que Montréal devienne une plaque tournante de l'Intelligence artificielle dans le monde. «L'investissement de Microsoft, ce n'est pas juste une question d'argent. Nous associer à un géant mondial était un choix stratégique, ça nous donne de la crédibilité et ça va nous aider au niveau du recrutement», dit le président et chef de la direction d'entreprise, Jean-François Gagné.

Ce dernier soutient que différents éléments sont requis pour qu’un écosystème fleurisse : un environnement de startups, des capitaux, de l’expertise disponible et une connexion sur le monde. «Ce sont toutes des cases que Montréal coche. De plus, ce que la ville a de spécial, c’est la masse critique au niveau des chercheurs et leur expertise de haut niveau», dit-il.

«Par la nature de notre organisation, on est déjà le plus grand centre de recherche appliquée en intelligence artificielle au Canada. Nous sommes une quarantaine d'employés et nous souhaitons doubler de taille d'ici la fin de l'année», dit-il.

L'association inclut également un partenariat avec la division Intelligence artificielle et recherche de Microsoft et un accès privilégié aux ressources informatiques de leur service d'infonuagique Azur.

«Tout cela nous permettra d'accélérer nos recherche et notre développement, en plus de nous donner accès à de la technologie qu'on peut intégrer dans nos produits, car Microsoft a développé de nouvelles capacités de calculs liés à l'intelligence artificielle», ajoute M. Gagné.

Element AI est associée avec des chercheurs de l'Université McGill, de Polytechnique, de l'Université de Toronto, de l'Université de Montréal, des HEC et de l'Université de la Colombie-Britannique. «Nous sommes en discussions avec d'autres chercheurs. Nous voulions d'abord bien nous établir au Canada, mais nous souhaitons à présent étendre notre réseau aux États-Unis, en Europe et en Asie», précise M. Gagné. 

Ce dernier s'est dit surpris par la forte demande pour l'expertise en intelligence artificielle, qui est venue de partout dans le monde, notamment de Corée, des États-Unis et d'Europe. «Plusieurs chercheurs désirant se joindre à nous sont à la fine pointe dans le domaine. Ces gens sont peut-être seuls dans une entreprise ou dans un centre de recherche et souhaitent faire quelque chose d'un peu plus appliqué. Vu la taille de notre équipe, on offre vraiment un environnement distinct par rapport à ce qui se trouve ailleurs sur le marché, ou par rapport à ce que les gens pourraient trouver dans un autre centre de recherche», affirme le dirigeant. 

Robotique, logiciels et cybersécurité

Pour le moment, Element AI souhaite explorer les domaines de la robotique, notamment la voiture autonome, de même que les logiciels d'affaires, la fintech et la cybersécurité. «Dans le cas des logiciels d'affaires, on parle des logiciels qui automatisent des processus et qui vont aider les entreprises à mieux comprendre les dynamiques en interne, entre autres grâce à l'analyse des données», confie-t-il.

M. Gagné dit avoir reçu de multiples demandes dans ces quatre secteurs depuis qu'Element AI a été officiellement lancée. Il ajoute que plusieurs dizaines d'entreprises veulent utiliser les services de la société ou créer des partenariats avec elle pour aider à faire avancer leurs solutions.

Première édition du Forum Intelligence artificielle

Autre signe que l'intelligence artificielle retient l'attention, Element AI s'est associée à la conférence C2 Montréal pour tenir un Forum sur l'IA et son incidence sur l'économie mondiale. La première édition du forum sera présentée du 24 au 26 mai.

À la une

François Legault: «il y a une crise en agriculture actuellement»

Il y a 51 minutes | La Presse Canadienne

Une vingtaine d’agriculteurs attendaient François Legault, jeudi matin à Henryville en Montérégie.

Une invitation de Poutine au sommet du G20 au Brésil devra faire l’objet d’un consensus

Il y a 30 minutes | AFP

Emmanuel Macron a rappelé qu’il s’était lui-même posé la question d’inviter Vladimir Poutine au sommet du G7.

Le Parachute pour soutenir la santé mentale des entrepreneurs

L’initiative Le Parachute s'étendra dans tout le Québec, afin d’améliorer la santé mentale des entrepreneurs.