For Honor: comment Ubisoft a affronté la tempête

Publié le 14/09/2018 à 14:15

For Honor: comment Ubisoft a affronté la tempête

Publié le 14/09/2018 à 14:15

Par Denis Lalonde

(Photo: courtoisie)

ENTREVUE. Le lancement du jeu de combat For Honor a causé bien des maux de tête à la direction d’Ubisoft. L’entreprise a sorti l’artillerie lourde pour sauver le jeu de guerre mettant aux prises des Samuraï, des Vikings et des Chevaliers.

Connexions perdues, parties interrompues… Les pépins techniques n’ont pas manqué après le lancement du jeu For Honor, survenu en février 2017. Cela a provoqué la colère de beaucoup de joueurs sur les forums de discussion spécialisés en jeux vidéo. Certains ne se sont pas gênés pour publier des vidéos dévastatrices quant à leur appréciation du jeu.

Avant le lancement de For Honor, Ubisoft avait pourtant fait plusieurs vagues de tests pour s’assurer de présenter un jeu le plus robuste possible.

«On avait identifié des éléments anecdotiques du côté de la connectivité, mais on s’est dit que les problèmes pouvaient être réglés et qu’on allait continuer de travailler dessus», raconte le directeur de marque du jeu For Honor, Luc Duchaine.

Or, au moment du lancement, les problématiques ont pris beaucoup d’ampleur. Au cœur du problème, la stratégie d’Ubisoft d’opter pour une infrastructure poste à poste (peer to peer). Comme le jeu se joue à quatre contre quatre, dès qu’on joueur avait une mauvaise connexion, tous les autres belligérants s’en trouvaient impactés négativement.

«L’équipe technique a travaillé très fort pour améliorer le tout, mais à un moment donné, on s’est rendu compte que le potentiel d’amélioration était limité. La plus grande requête des joueurs était de délaisser l’infrastructure poste à poste et d’aller vers des serveurs dédiés. Nous avons décidé de prendre ce virage en début d’été 2017», explique M. Duchaine.

Virage à 180 degrés 

Pour faire face à la tempête, Ubisoft a choisi d’opérer un virage à 180 degrés dans son modèle d’affaires.

Modifier l’infrastructure d’un jeu qui compte 1 million d’utilisateurs uniques par mois n’est pas de tout repos. Luc Duchaine compare la situation à laquelle était confrontée Ubisoft à un «changement de moteur sur une voiture pendant qu’elle roule à 120 km/h sur l’autoroute»! 

Ubisoft a progressivement migré son infrastructure sur Amazon GameLift, sans chiffrer l’investissement derrière ce changement, qui s’est déroulé sur quelques mois.

Une fois le changement terminé, l’éditeur de jeux vidéo a constaté que For Honor faisait face à un autre problème. «Sur les forums de discussion, on lisait des commentaires à l’effet que plus personne ne jouait au jeu, alors que nous avions réussi à maintenir une base supérieure à un million de joueurs par mois durant toute la transition», raconte M. Duchaine. 

Durant le processus, l’entreprise a décidé de miser sur son plan de communication avec la communauté de joueurs pour que ces derniers restent fidèles au jeu. 

«La stratégie est arrivée très tôt en production. La première présentation faite à la direction a eu lieu en octobre 2013. Notre objectif était de créer une communauté de guerriers», soutient Luc Duchaine.

Finie, la communication à sens unique

À son avis, l’époque où les éditeurs de jeux vidéo se contentaient d’une communication à sens unique avec les joueurs est terminée. «Il faut une proximité avec la communauté. Au moment du lancement, on a créé une émission hebdomadaire sur Twitch et sur YouTube. On y est allé dans les bons comme dans les mauvais moments», dit-il.

Durant l’émission, divers employés clés derrière la gestion de For Honor, en plus d’un gestionnaire de communauté, expliquent les derniers développements liés au jeu, en plus de répondre aux questions des joueurs en temps réel.

En plus des émissions, Ubisoft dit aussi faire une veille sur Twitter et Redditt pour répondre aux problématiques lorsqu’elles se présentent et tient des événements réservés aux adeptes du jeu dans ses studios pour tester de nouveaux concepts.

«En plus des problèmes de connectivité, nous avons eu beaucoup de commentaires peu après le lancement du jeu à propos des capacités des 12 personnages. Certains étaient trop forts, d’autres pas assez… Il a fallu faire du rééquilibrage pour que tout le monde ait une chance de gagner. Nous procédons d’ailleurs fréquemment à des mises à niveau des personnages», raconte M. Duchaine.

Graduellement, 6 autres guerriers et de nouveaux modes de combats ont été ajoutés. Une importante mise à jour sera aussi déployée le 16 octobre et verra entre autres apparaître quatre guerriers de la nouvelle faction chinoise Wu Lin.

Malgré toute cette bonne volonté, le combat n’est pas encore gagné pour Ubisoft, car la base de joueurs demeure stable au-dessus du million de joueurs par mois. Ubisoft espère que la mise à jour d’octobre permettra de gonfler la communauté des guerriers prêts à se battre pour l’honneur.

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