Fintechs : bulle, pas bulle ?

Offert par Les Affaires


Édition du 14 Mai 2016

Fintechs : bulle, pas bulle ?

Offert par Les Affaires


Édition du 14 Mai 2016

Par Alain McKenna

Chris Arsenault, partenaire de iNovia Capital.

Rarement a-t-on vu un engouement aussi concerté dans le secteur du capital-risque et des technologies que celui entourant les technologies financières, aussi appelées fintechs. Même le secteur financier, qui devrait pourtant craindre le phénomène, s'emballe !

Depuis un an, les institutions financières canadiennes ont investi 12 milliards de dollars dans des technologies financières. Du jamais vu. Ce printemps, le Mouvement Desjardins s'est notamment doté d'une enveloppe d'un milliard et d'un «Lab» de R-D, à Montréal, afin d'investir dans des technos financières prometteuses.

De là à parler de bulle, il y a un pas... «C'est certain que toutes les start-up qu'on voit présentement ne vont pas déboucher», dit Mario Albert, directeur général de Finance Montréal. La grappe financière montréalaise organise d'ailleurs depuis 2013 une conférence annuelle à ce sujet. «Il n'y a pas que du "perturbateur" dans les fintechs, continue M. Albert. C'est un mouvement profond qui change l'industrie.»

Du perturbateur ? S'il y a une chose qu'on retient des plus récents succès technologiques, c'est leur ambition de perturbation, voire de démolition des industries ciblées. Airbnb et les hôtels. Uber et les taxis. Tesla et l'automobile. «General Motors prenait Tesla très à la légère à ses débuts, et là, ils sont en rattrapage. C'est la même chose qui se produit entre les banques et les fintechs. C'est une mine d'or pour quiconque veut déranger le modèle établi», explique Chris Arsenault, partenaire de la firme montréalaise iNovia Capital.

Un Uber de la finance ?

Les technologies financières font saliver les investisseurs, car elles regroupent tous les bons ingrédients. Elles prennent essentiellement deux formes. Des logiciels Web ou mobiles d'épargne, de placement ou d'assurance adaptés au rythme de vie des jeunes consommateurs branchés ; ce sont par exemple les «robots-conseillers» de Wealthsimple ou la plateforme de prêts en ligne Borrowell, toutes deux établies à Toronto. Ou bien des technologies remplaçant des pans de l'infrastructure actuelle par des technologies plus sûres et, surtout, beaucoup moins coûteuses. C'est le cas des services transactionnels internationaux de la montréalaise Payment Rails, et des registres des transactions (les fameux blockchains qui sécurisent les monnaies numériques comme le bitcoin) de Blockstream, fondée à San Francisco par l'entrepreneur montréalais Austin Hill.

Cela dit, un «Uber des services financiers», qui dérangerait tout le système au profit de l'utilisateur, n'a pas encore vu le jour. Même si l'avenir s'annonce houleux pour les gestionnaires financiers qu'un simple algorithme peut facilement remplacer, l'industrie résistera, croit-on. «La finance, c'est très diversifié, explique Chadi Habib, chef des technologies chez Desjardins. On verra peut-être des applications "à la Uber" dans différents domaines, mais ça va prendre du temps.»

Particulièrement au Québec. Aux États-Unis et en Europe, la valeur des fintechs se chiffre en dizaines de milliards de dollars. Au Canada, on parle de quelques centaines de millions, surtout répartis à Toronto et Vancouver. Montréal, où le secteur des technos financières est encore à ses balbutiements, semble à la traîne.

Développeurs, investisseurs et banquiers tiennent d'ailleurs le même discours : Montréal a tout ce qu'il faut pour mener, et non subir la tendance. Si seulement tout ce beau monde pouvait se parler ! «On a les écoles, le secteur technologique et le capital», résume Chadi Habib.

[Photo : Shutterstock]

Trois jeunes pousses montréalaises à surveiller

bankMe

bankMe, offerte en mode bêta, propose une formule d’épargne passive, automatisée et sans frais en arrondissant le prix de vos achats (disons, 3$ au lieu de 2,58$), et en investissant la différence dans des onds négociés en Bourse. La jeune entreprise constate que peu de gens ont les moyens de dégager quelques milliers de dollars d’un coup pour procéder à un placement, et qu’ils ont encore moins le temps de s’en occuper eux-mêmes. bankMe a été créée par Philip Barrar, et est issue de l’incubateur de Ferst Capital Partners.

Payment Rails

Établie à Toronto et à Montréal, Payment Rails combine plusieurs outils de paiement et de transfert d’argent. Elle permet en outre aux entreprises de payer leurs fournisseurs dans la devise de leur choix, d’un seul endroit, sans avoir à gérer divers comptes bancaires ni à traiter avec plusieurs institutions séparées. Payment Railsest issue de l’incubateur District 3 de l’Université Concordia, et est dirigée par son fondateur, Tim Nixon.

Blockstream

En un an, l’entreprise de San Francisco fondée par le Montréalais Austin Hill a empoché 76 millions de dollars américains, provenant du fonds français AXA Strategic Ventures, de Digital Garage, une firme japonaise spécialisée en paiement en ligne, et par le fonds de capital-risque Horizon Ventures, de Hong Kong, en vue d’assurer l’interopérabilité de différents systèmes sécurisés d’échange de données transactionnelles apparentés à la monnaie numérique bitcoin.

Les banques, les plus à risque d’être perturbées par la génération Y

L’indice de perturbation de la génération du millénaire (Millennial Disruption Index), une création de Viacom Media, a sondé 10 000 Américains nés de 1981 à 2000 sur leurs habitudes de consommation. Bilan : le secteur bancaire présente le plus haut taux de risque d’être perturbé par la génération montante. Voici quelques chiffres tirés de ce sondage :

> 33 % espèrent ne plus avoir besoin des services d’une banque d’ici cinq ans.

> 73 % des répondants feraient plus confiance aux services financiers de Google, Amazon, Apple ou Paypal qu’à ceux d’une banque traditionnelle.

> 71 % préfèrent se rendre chez le dentiste plutôt que d’écouter les conseils de leur banque.

Source : Millennial Disruption Index, Viacom Media Networks

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