Délits d'initiés: l'AMF française cible 5 dirigeants d'Ubisoft

Publié le 20/11/2016 à 17:04

Délits d'initiés: l'AMF française cible 5 dirigeants d'Ubisoft

Publié le 20/11/2016 à 17:04

Par AFP

Une scène du jeu Watch Dogs. (Photo: Ubisoft)

L'Autorité des marchés financiers (AMF) française a requis vendredi une amende totale de 1,5 million d'euros, contre sept personnes dont cinq salariés d'Ubisoft, pour délit d'initié sur des titres de l'éditeur de jeux vidéos remontant à 2013. 

Le gendarme boursier a également demandé une amende de 60 000 euros contre la Banque Transatlantique pour ne pas avoir informé l'AMF sur les opérations considérées comme suspectes des personnes mises en cause. 

Ces amendes, s'échelonnant de 30 000 à 700 000 euros, ont été demandées par le Collège de l'AMF, son instance en charge des poursuites, lors d'une séance publique devant la Commission des sanctions, seule habilitée à sévir au sein du gendarme boursier français.

L'affaire porte sur des opérations de ventes d'actions d'Ubisoft, effectuées par ces personnes en septembre et en octobre 2013. 

L'éditeur de jeux vidéos avait prévu la sortie d'un nouveau jeu pour décembre 2013. Celui-ci devait avoir un impact positif sur l'exercice 2013/2014. 

Mais en septembre 2013, suite à une phase d'évaluation révélant de nombreux développements restant à faire, la société s'est rendue compte qu'elle ne parviendrait pas à le lancer à la date prévue. 

Le 15 octobre 2013, Ubisoft a annoncé officiellement le report de la sortie de Watch Dogs, ainsi qu'une revue à la baisse de ses objectifs sur l'exercice 2013/2014.

Au lendemain de cette annonce le titre s'est effondré en Bourse, perdant 26% de sa valeur.

L'AMF reproche à six des mis en cause - dont Yannis Mallat, le PDG des studios Ubisoft de Montréal - d'avoir effectué des opérations boursières avant l'annonce du report du lancement de Watch Dogs, alors qu'ils étaient au courant de cette information confidentielle, pour un avantage économique total d'environ 420 000 euros, a précisé le représentant du Collège. 

Parmi les personnes concernées figure également le conjoint d'une employée, ainsi qu'une ancienne salariée.

Les avocats assurant la défense de trois cadres d'Ubisoft Montréal ont demandé l'annulation de la procédure, au cours de laquelle les autorités financières auraient bafoué des droits fondamentaux canadiens. Ils ont également argumenté que l'effet «sensible» sur le cours de Bourse de la date de sortie d'un jeu n'était pas démontré. 

Ces trois cadres ont d'ailleurs récemment attaqué l'AMF française et son homologue québécoise pour illégalité de procédure et non respect de leurs droits.

Les avocats d'un salarié, d'une ancienne employée ainsi que du conjoint de l'un d'entre eux, ont mis en avant le fait que les opérations décriées avaient eu lieu avant des échanges de mails évoquant les effets potentiels d'un report du lancement.

L'avocate de la Banque Transatlantique a pour sa part souligné que l'établissement financier ne disposait pas d'informations permettant de considérer les opérations des salariés mis en cause comme suspectes.

Le gendarme boursier devrait faire connaître ses décisions sous un mois.

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