Maison intelligente: à qui la chance?


Édition du 01 Février 2014

Maison intelligente: à qui la chance?


Édition du 01 Février 2014

On peut allumer à distance, grâce à son iPhone, les ampoules Hue de la multinationale Philips

Une nouvelle guerre vient d'être déclarée, et le théâtre des opérations sera votre maison. Après avoir pris possession de votre téléphone et de votre écran de télé, Google veut maintenant contrôler vos serrures, systèmes de sécurité, thermostats et plus encore. C'est du moins ce que laisse présager sa toute récente acquisition de Nest, un fabricant de thermostats intelligents, au prix de 3,2 milliards de dollars américains. Cette ambition n'est pas unique à Google, qui n'est qu'un acteur parmi d'autres à s'intéresser à ce marché prometteur.

«L'acquisition de Nest par Google a donné le signal de départ de la guerre pour s'emparer de la maison connectée», soutient Daniel Moneta, pdg de MMB Networks, une start-up de Toronto fournissant sa technologie aux fabricants de produits de domotique. Selon lui, l'acquisition n'a fait que confirmer l'importance stratégique du secteur, qui connaît un renouveau depuis quelques années.

Fondée par des anciens d'Apple, Nest est la plus connue des entreprises ayant ramené au goût du jour la domotique. Ce groupe comprend notamment la multinationale Philips, avec ses ampoules Hue qu'on peut allumer à partir d'un iPhone, et la start-up Lockitron, avec ses serrures qu'on peut ouvrir à distance.

Selon Chris Arsenault, associé principal du fonds iNovia Capital, ce qui distingue ces produits est qu'ils se connectent à Internet par Wi-Fi, une norme connue du grand public, et qu'ils ne demandent pas d'effort de la part du consommateur : «Mon Nest apprend ma façon de gérer la température, puis me recommande un horaire», illustre l'investisseur.

En plus de contrôler à distance la température, Nest précise d'où vient la fumée lors d'un début d'incendie

Fragmentation

Les Nest de ce monde comportent toutefois un désavantage : elles fonctionnent isolément. Les appareils cités plus haut ne communiquent pas entre eux et, pire encore, chacun vient avec une application mobile différente. Pourtant, 70 % des consommateurs préféreraient utiliser un seul système domotique plutôt que plusieurs, selon un sondage réalisé par IHS.

«L'enjeu de la fragmentation est incontournable dans le marché de la domotique, mais plusieurs entreprises croient encore que leur application s'imposera et que les consommateurs n'achèteront que des appareils compatibles», explique Lisa Arrowsmith, directrice associée de la recherche, maisons intelligentes, chez IHS.

C'est ce problème que tente de résoudre le fabricant américain SmartThings, dont la plateforme permet de gérer de nombreux appareils à l'extérieur de son écosystème. C'est aussi l'objectif de Revolv, qui a lancé en janvier un appareil coûtant 299 $, lequel permet de contrôler à partir d'une même application les produits de domotique les plus populaires sur le marché.

Selon Daniel Moneta, pdg de MMB Networks, Revolv et SmartThings résolvent le problème de la fragmentation, mais s'adresseraient surtout à des utilisateurs passionnés de technos : «Tout ce qu'a fait SmartThings, c'est de faire de moi l'administrateur TI de ma propre maison», explique-t-il.

Un marché encore naissant

Dans les faits, rien n'est moins sûr qu'un des acteurs actuels s'impose dans ce marché, qui ressemble à celui des téléphones intelligents avant l'introduction de l'iPhone. Comme à peine 3,2 % des maisons ont déjà recours à la domotique en Amérique du Nord, tout est encore possible.

Selon Lisa Arrowsmith d'IHS, les opérateurs de télécommunications de partout dans le monde espèrent jouer un rôle d'intégrateurs dans ce marché. Au Canada, c'est le cas de Rogers, qui offre depuis 2011 une solution de domotique à certains de ses abonnés en Ontario. Google pourrait toutefois se démarquer en créant une plateforme permettant aux différents appareils domotiques de coordonner leur action entre eux.

Chris Arsenault considère que cette approche est l'avenir de la maison connectée : «Lorsque j'arrive chez moi dans ma voiture connectée, pourquoi la porte de garage ne s'ouvrirait pas automatiquement et, tant qu'à y être, la porte de la maison aussi ? Pourquoi ma caméra de sécurité ne vérifierait pas, en reconnaissant mon visage, si c'est bien moi qui entre ? Ultimement, toutes ces technologies existantes vont être liées», prédit l'investisseur.

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