L'avenir du livre est-il forcément sombre ?


Édition du 15 Août 2015

L'avenir du livre est-il forcément sombre ?


Édition du 15 Août 2015

Par Olivier Schmouker

Au Québec, les librairies indépendantes ferment les unes après les autres. Et quand on déambule dans les Indigo et autres Renaud-Bray, on note que l'espace consacré aux accessoires de décoration gagne de plus en plus de place par rapport à celui consacré aux livres. Que se passe-t-il ? Assistons-nous à une lente, mais irrémédiable disparition du livre ? Ou cela signifie-t-il plutôt que les livres numériques sont en train de supplanter ceux en papier au point de rendre obsolète le concept même de librairie ?

Différents chiffres permettent d'évaluer l'ampleur du phénomène. Les ventes de livres neufs ont chuté l'an dernier au Québec de 10,5 %, à 622 millions de dollars, selon l'Observatoire de la culture et des communications du Québec (OCCQ). Sur une échelle de cinq ans, cela représente une dégringolade de 18,5 %. Enfin, lorsqu'on regarde seulement les livres numériques, on constate qu'il s'en est vendu l'an dernier 506 000 exemplaires, pour une valeur de 7 M $ : «Ce qui indique que le marché du livre numérique est tout juste en émergence au Québec, comme un peu partout dans les pays occidentaux», dit Sylvie Marceau, chargée de projet à l'OCCQ.

La question saute aux yeux : les livres numériques grandissent-ils en phagocytant les livres en papier, ou pas ? Hui Li, chercheuse en économie à l'Université de Pennsylvanie à Philadelphie, a voulu en avoir le coeur net. Elle a analysé les ventes de livres ces dernières années aux États-Unis, et elle a découvert que 42 % des ventes de livres numériques se faisaient bel et bien au détriment des livres en papier. C'est-à-dire que lorsqu'une personne achète un livre numérique, près d'une fois sur deux, elle le fait au lieu d'acheter la version en papier.

Ce n'est pas tout. Hui Li a également noté que dans 53 % des cas, l'achat d'un livre numérique correspondait à une vente de moins pour une librairie traditionnelle. Et dans 32 % des cas, pour Amazon ; oui, Amazon, car cela représente alors pour lui à un envoi par courrier en moins.

La chercheuse a creusé davantage dans ses données, et mis au jour le fait qu'il y avait, somme toute, deux grands types d'acheteurs de livres. D'une part, les lecteurs avides, qui lisent beaucoup de livres et ont adopté les livres numériques dès la première heure. D'autre part, les lecteurs occasionnels, qui lisent aussi bien des livres en papier que des livres numériques, le choix se faisant a priori au gré de leur fantaisie.

Sa trouvaille à leur sujet ? Avec l'avènement du livre numérique, ces deux types de lecteurs se sont mis à lire davantage de livres, mais sans dépenser plus pour autant : comme les livres numériques sont en général moins chers que les livres en papier, il suffit d'être vigilant dans ses achats pour pouvoir lire plus sans payer un cent de plus ! Et c'est bien là le coeur du problème de l'industrie du livre : l'offre s'est élargie et multipliée, mais pas la demande.

Du coup, la solution consisterait-elle à augmenter arbitrairement le prix des livres numériques, afin d'aider l'industrie tout entière à s'en sortir ? L'économiste a regardé ce qui se passerait si leur prix moyen était gonflé d'un coup de deux dollars. Résultat : cela aggraverait la situation, car un grand nombre de lecteurs occasionnels réagiraient en lisant moins, beaucoup moins. «Cela les découragerait carrément de lire», souligne Hui Li dans son étude.

Un secteur en mutation

Alors ? Le livre en papier - et avec lui les librairies traditionnelles - est-il appelé à mourir à petit feu ? Non, fort heureusement. «Nous assistons, non pas au déclin du marché du livre, mais à sa mutation, qui se traduit par une redistribution des revenus entre ses différents acteurs», estime la chercheuse.

Une mutation qui, certes, fait mal à certains, mais qui finira par être payante pour ceux qui sauront s'y adapter. Comme l'a d'ailleurs affirmé le cabinet-conseil Deloitte dans ses prédictions technologiques de 2015 : «La fin des livres imprimés n'est pas encore venue. Leurs ventes seront au moins quatre fois plus importantes que celles des livres numériques à l'échelle mondiale dans les 18 prochains mois. Et ce, surtout parce que les 18-34 ans accordent autant d'importance au livre en papier que leurs aînés, lisent à peu près autant qu'eux et sont prêts à payer leurs livres», dit Duncan Stewart, directeur de la recherche, de Deloitte.

 

À la une

Des conseils scolaires en Ontario poursuivent Facebook, Instagram, SnapChat et TikTok

Il y a 3 minutes | La Presse Canadienne

Les allégations contenues dans les poursuites n’ont pas été prouvées en cour.

Bourse: les actions de l’énergie et des métaux de base font grimper le TSX

Mis à jour il y a 20 minutes | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. Wall Street ouvre sans tendance la dernière séance du trimestre.

À surveiller: Microsoft, Apple et Dollarama

Que faire avec les titres de Microsoft, Apple et Dollarama? Voici quelques recommandations d’analystes.