Imprimantes 3D: des occasions à saisir


Édition du 02 Août 2014

Imprimantes 3D: des occasions à saisir


Édition du 02 Août 2014

Photo: Bloomberg

D'ici les deux prochaines années, beaucoup de brevets protégeant les premiers modèles d'imprimantes 3D arriveront à échéance, incitant du même coup à une baisse des coûts sur ce marché.

Les imprimantes 3D ont le vent en poupe : selon des données communiquées par le cabinet d'études américain Gartner, le marché des imprimantes 3D s'élevait à 412 millions de dollars américains en 2013, en hausse de 43 % par rapport à 2012. Le chiffre d'affaires du secteur devrait atteindre 669 M$ US dans le monde cette année, en progression de 62 %.

«Demain, tous les dépanneurs pourront se procurer une imprimante 3D et accéder facilement aux fichiers qui les commandent. Il faudra donc que les entreprises repensent leurs modèles d'affaires», estime Louis-Pierre Gravelle, avocat, ingénieur et agent de brevets au Canada chez Robic.

Avec l'arrivée d'une nouvelle génération d'imprimantes, capables d'imprimer sur différents plastiques polymères, mais aussi sur toutes sortes de matériaux (nickel, titane, verre, etc.), tous les secteurs de l'industrie sont potentiellement concernés, à commencer par le marché de la fabrication de pièces de remplacement.

Upgrader sa protection

Qu'on se le dise : reproduire une pièce protégée par un brevet avec une imprimante 3D ne rendra pas sa reproduction légale ! Mais à cause de la commercialisation de numériseurs optiques 3D - qui permettent de concevoir des plans en 3D à partir d'un objet -, les copies pourraient devenir plus aisées et plus nombreuses. C'est pourquoi François Guay, associé, avocat et agent de marques de commerce chez Smart Biggar, conseille aux entreprises d'utiliser la protection par dessin industriel : «Encore sous-estimé, ce type de protection a l'avantage de protéger l'apparence visuelle d'un produit reproduit à des fins industrielles, comme ce peut-être le cas avec les imprimantes 3D», estime-t-il.

Des pièces certifiées ?

Un autre défi, celui de la certification des pièces. En effet, si tout un chacun devient capable de fabriquer des pièces sur son imprimante 3D, qu'arrivera-t-il lorsque ces pièces auront un défaut ou que leur bris provoquera un accident ? «Il faudra trouver un moyen de déterminer si la pièce est authentique ou non. Si la pièce a été imprimée en 3D [par un tiers], le fabricant pourra dire qu'il n'est pas responsable, puisqu'il n'avait aucun contrôle sur la qualité de la conception ou des matériaux utilisés», résume Louis-Pierre Gravelle. Il faudra également déterminer si la reproduction en 3D à des fins personnelles peut relever d'un usage «acceptable», «comme c'était le cas pour l'enregistrement sur cassette d'une émission TV», souligne Michel Dagenais, professeur au Département Informatique et Logiciel de l'École polytechnique de Montréal. Pour cela, encore faut-il que les consommateurs aient un minimum de connaissances techniques. «Si une pièce de votre machine à laver ou de votre grille-pain ne marche plus, serez-vous capable de les démonter et de les remonter pour autant ? Les entreprises devront en profiter pour essayer de se rendre indispensables en offrant des services à leurs clients, afin de protéger leur marché», analyse Morgan Guitton, directrice de projetsUnivalor.

Vendre des plans ?

De nouveaux modèles économiques restent à créer : «On pourrait envisager de mettre sur pied un magasin "autorisé", qui commercialise des plans, selon le principe du paiement des droits d'auteurs», envisage M. Gravelle. «Ou encore voir cela comme une occasion de faire de ses concurrents des sous-traitants, en externalisant une partie de vos activités», suggère Morgan Guitton. Des occasions seront à saisir pour les entrepreneurs qui sont prêts à utiliser ce mode de production efficace : «Sur le marché de la lunetterie, où les montures coûtent très cher, on pourrait imaginer qu'un nouvel acteur puisse fabriquer de nouveaux modèles à partir de montures libres de droits, afin de réduire le coût et les délais de fabrication», prédit Louis-Pierre Gravelle. Les entreprises pourraient décider qu'une partie de leur produit sera disponible gratuitement, mais qu'il faudra payer pour aller chercher des versions plus faciles.

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