Les cellulaires et les médias sociaux, une nuisance pour la culture?

Publié le 31/05/2012 à 10:37

Les cellulaires et les médias sociaux, une nuisance pour la culture?

Publié le 31/05/2012 à 10:37

Par Olivier Schmouker

L'accès à la culture est en train d'évoluer. Photo : Bloomberg.

Au fil des ans, les Québécois dépensent de plus en plus pour des produits technologiques (cellulaire, services Internet, etc.) et de moins en moins pour du contenu culturel (vidéos, musique, revues, etc.), d'après une étude de l'Observatoire de la culture et des communications du Québec (OCCQ). La situation semble paradoxale a priori : l'accès à la culture est plus facile que jamais, et pourtant on «consomme» de moins en moins de produits culturels.

Comment expliquer ce phénomène? Pour commencer, l'étude de Benoît Allaire et Claude Fortier, deux chargés de projet de l'OCCQ, montre que de 1997 à 2009, la part des dépenses culturelles dans la consommation courante des ménages québécois est demeurée stable, étant passée de 5 à 6%.

Durant cette période, les dépenses culturelles qui ont affiché les plus fortes augmentations correspondaient ainsi à des produits d’accès : les services Internet (965%), les services de téléphonie cellulaire (539%) et les consoles de jeux (169%). À l’opposé, celles qui ont affiché les plus fortes baisses étaient dédiées aux produits culturels : les journaux (–52%), la location de vidéos (–51%), les revues et périodiques (–50%) et les disques compacts et vidéos (–35%).

Par exemple, un ménage québécois dépensait en moyenne 226 dollars par an en journaux en 1997, et ne dépense plus aujourd'hui que 182 dollars. Idem pour le matériel préenregistré (CD, DVD, téléchargements payants, etc.), les dépenses ayant passé de 244 à 190 dollars.

C'est bien simple, en l'espace de 12 années, la part des produits d’accès dans les dépenses culturelles des ménages est passée de 34 à 55%, alors que celle des produits culturels a suivi le chemin inverse, ayant chuté de 57 à 39%.

Fait intéressant à souligner : plusieurs nouvelles dépenses culturelles ont progressivement fait leur apparition dans le budget d’une majorité de ménages entre 1997 et 2009. Ainsi, la proportion de ménages ayant dépensé pour des services Internet est passée de 10 à 68% et celle des ménages abonnés aux services de téléphonie cellulaire de 10 à 59%. Durant la même période, la proportion de ménages ayant acheté un journal est passée de 64 à 38%.

«Les produits culturels dont l’importance socioéconomique décline le plus sont ceux pour lesquels les ménages peuvent trouver des équivalents gratuits, ou moins chers, sur Internet et sur le réseau mobile (journaux, revues, musique, vidéo)», notent les eux auteurs de l'étude. Et d'ajouter : «Cela vient soutenir l’hypothèse voulant que l’augmentation des dépenses en produits d’accès à la culture se fait aux dépens des produits culturels eux-mêmes».

L'explication du paradoxe est donc là : en réalité, les Québécois délaissent les produits culturels traditionnels pour se ruer sur ceux qui sont gratuits, ou très peu chers, sur le Web. Nous assistons donc à une transformation radicale de la manière de se cultiver, qui se fait au détriment des «dinosaures» que sont devenus les produits d'antan (CD, DVD, etc.). Autrement dit, la culture devient plus «virtuelle» et moins «matérielle».

À la une

Dette et déficit du fédéral: on respire par le nez!

ANALYSE. Malgré des chiffres relativement élevés, le Canada affiche le meilleur bilan financier des pays du G7.

Budget fédéral 2024: «c'est peut-être un mal pour un bien»

EXPERT INVITÉ. Les nouvelles règles ne changent pas selon moi l'attrait des actions à long terme.

Multiplier la déduction pour gain en capital, c'est possible?

LE COURRIER DE SÉRAFIN. Quelle est l'avantage de cette stratégie?