Bell-Astral : Cogeco craint pour ses prochaines négociations

Publié le 07/08/2012 à 14:07, mis à jour le 07/08/2012 à 14:10

Bell-Astral : Cogeco craint pour ses prochaines négociations

Publié le 07/08/2012 à 14:07, mis à jour le 07/08/2012 à 14:10

Par Mathieu Lavallée

[Photo : Benjamin Nantel, LesAffaires.com]

Cogeco craint de subir trop d’embûches face à Bell, lors de prochaines négociations pour la transmission de signaux télévisés, si le géant canadien des télécommunications conclut l’acquisition d’Astral Média tel que prévu.

Le président et chef de la direction de Cogeco Louis Audet affirme qu’il subit déjà des « comportements anticoncurrentiels qui se répètent » de la part de Bell.

« Si nous donnons plus de pouvoir à Bell, ce sera pire », a-t-il laissé tomber au lancement d’un site Internet invitant les Canadiens à se prononcer contre la transaction. L’initiative numérique, doublée d’une lettre ouverte publiée dans plusieurs quotidiens du pays ce mardi, est conjointe avec Quebecor et Eastlink, un fournisseur de télécommunications dans plusieurs provinces, dont celles de l’Atlantique et du Québec.

Cogeco a traversé de longues négociations avec Bell pour l’achat du signal de leurs chaînes spécialisées, a raconté M. Audet, pendant lesquelles Bell a essayé à plusieurs reprises de forcer l’achat forfaitaire de canaux ou de faire grimper les prix. Le tout s’est soldé par un arbitrage, après le dépôt par Cogeco d’une plainte en octobre visant RDS2, lancé par Bell Média l’automne dernier.

« C’est déjà difficile de négocier avec de si gros joueurs. Là, Bell aura encore plus de moyens », a souligné Lee Bragg, chef de la direction d’Eastlink, qui compte plus d’un demi-million d’abonnés dans neuf provinces.

« Cela va dans les deux sens », a renchéri Pierre Karl Péladeau, chef de la direction de Quebecor. « C’est vrai pour les distributeurs, mais ce l’est aussi pour les radiodiffuseurs qui auront des problèmes à négocier avec Bell » pour le passage de leur signal, a-t-il plaidé. Quebecor est actionnaire majoritaire du Groupe TVA.

Les trois chefs d’entreprise ont signé ce mardi, sous forme de publicité placée dans plusieurs quotidiens du pays, une lettre ouverte dénonçant la transaction. Bell contrôlera alors 107 stations de radio, 79 chaînes de télévision et plus de 10 sites web, soutiennent les trois compagnies.

Ils soutiennent qu’en contrôlant une si grande part de l’auditoire canadien, Bell pourra augmenter les prix d’accès des chaînes les plus populaires.

Selon le site Internet direnonabell.ca, mis en place par les trois entreprises, Bell contrôlera 37,6 % du marché de la télédiffusion au Canada.

En comparaison, les parts de marché de Quebecor au Québec sont évaluées à 35 % du côté de la télévision.

Les chefs de la direction de Cogeco et Quebecor ont martelé qu’il ne s’agit pas d’un enjeu québécois, mais bel et bien canadien, lorsque questionnés à répétitions par les journalistes sur la position dominante de Quebecor dans la Belle province.

« Au Québec, la situation existe depuis les années 1980, lorsque Vidéotron a acquis TVA [NDLR : avant que Quebecor n’achète Vidéotron en octobre 2000]. Ensuite, c’est une question de développement interne. Cette position a été acceptée par le CRTC à l’époque, la situation a été jugée unique alors. Ce n’est pas parce que c’était correct à l’époque qu’il faut baisser les bras et que c’est acceptable aujourd’hui », a argué M. Audet.

Au Québec, les chaînes spécialisées d’Astral représentent huit des dix signaux les plus populaires, 65 % de l’auditoire et 80 % des revenus publicitaires de ce segment, insiste M. Péladeau. Mais pour l’ensemble du secteur télévisuel, il juge qu’il « existe une saine concurrence dans la province », alors que le Groupe TVA détient un tiers environ des parts, Astral un autre tiers, et le reste étant partagé entre Radio-Canada et V.

Le principal dirigeant de Quebecor a déjà ouvertement émis des réserves face à cette transaction lors de la dernière assemblée annuelle de Quebecor.

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