Bientôt des obligations vertes au Québec

Publié le 30/11/2013 à 00:00

Bientôt des obligations vertes au Québec

Publié le 30/11/2013 à 00:00

Par Marie-Claude Morin

Crédit Agricole espère réaliser deux ou trois émissions d'obligations vertes au Québec en 2014. Et ce n'est qu'un début, selon deux dirigeants de la banque française.

Les obligations vertes ressemblent aux obligations classiques, à un détail près : le produit de leur émission ne peut servir qu'à des projets environnementaux. L'instrument est relativement nouveau, la Banque mondiale l'ayant utilisé pour la première fois en 2008, mais déjà, l'appétit des investisseurs se fait grandissant.

«Le marché des obligations vertes en est à ses premiers pas, mais il est très prometteur», écrivait Craig Alexander, économiste en chef à la Banque TD, dans un rapport au début de novembre.

Les caractéristiques de cet instrument ne sont pas encore standardisées, mais on parle généralement d'obligations vertes lorsque l'émetteur s'engage à n'utiliser les fonds que pour des projets environnementaux et à en rendre compte dans un rapport annuel, souvent avec vérification externe. Bloomberg estime qu'environ 12 milliards de dollars américains d'obligations «vertes» ont été émises à ce jour. Du lot, quelque 4 milliards de dollars américains l'ont été par la Banque mondiale, qui a procédé à un total de plus de 40 émissions du genre depuis 2008.

Crédit Agricole veut mener le bal

On ne retrouve pas encore d'obligations vertes au Canada, mais l'Ontario envisage de réaliser une première émission dès l'an prochain afin de financer son système de transport en commun.

Selon Bernard Vives, responsable du bureau montréalais de Crédit Agricole, «le Québec est un candidat idéal» pour ce genre de financement. La banque européenne, qui a dirigé l'émission de 2,5 G$ d'obligations vertes jusqu'à maintenant, dont 1 G$ l'an dernier, espère convaincre «deux ou trois émetteurs majeurs» d'essayer ce nouvel instrument en 2014.

Le banquier refuse d'être trop précis, mais évoque vaguement Hydro-Québec, Gaz Métro et le secteur éolien. «Nous approcherons ensuite les municipalités, puis les entreprises.»

Peu d'empressement au Québec

Les institutions financières québécoises, elles, semblent peu pressées. La Banque Nationale «aurait intérêt à organiser l'émission de tels titres s'il y avait une demande, pourvu que le prix du produit soit compétitif et concurrentiel», explique son porte-parole Jean-François Cadieux, mais elle «n'a pas de projet en cours en ce moment». Desjardins, où «personne ne travaille là-dessus», attend de voir ce qui ressortira du projet ontarien, dit André Chapleau, porte-parole de la coopérative.

Pour séduire les acheteurs, il faudra leur en offrir pour leur argent, prévient Craig Alexander. «Pour que les obligations vertes connaissent un réel succès, leur structure, leur taux de rendement et leur profil de risque doivent être semblables à ceux des obligations classiques.»

Tanguy Claquin, spécialiste des obligations vertes chez Crédit Agricole, reconnaît que le produit ne s'adresse pas à toutes les sociétés en quête de financement. Généralement, les émissions dépassent les 500 millions de dollars. «Nous conseillons de faire des émissions d'au moins 100 M$. Sous la barre des 50 M$, ça commence à être coûteux.»

Reste que MM. Claquin et Vives n'ont aucun doute : le marché des obligations vertes «est en train d'exploser»... et il n'y a pas de raison pour que le Québec n'y participe pas.

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