Intelligence artificielle: les entreprises françaises veulent devenir des champions mondiaux

Publié le 26/03/2018 à 08:58

Intelligence artificielle: les entreprises françaises veulent devenir des champions mondiaux

Publié le 26/03/2018 à 08:58

Par AFP

Formation, fiscalité, réglementation : les entreprises de l'intelligence artificielle estiment que la France peut devenir un champion international du secteur, si les pouvoirs publics parviennent à les accompagner sans les brider.

Le secteur attend les orientations qu'annoncera jeudi le gouvernement, après la publication le même jour du rapport du député mathématicien Cédric Villani.

Pour beaucoup d'experts et d'entreprises, la France fait partie des outsiders du numérique, qui pourraient tirer leur épingle du jeu des mutations économiques que provoquera l'intelligence artificielle.

Les entreprises françaises peuvent trouver leur place au côté des géants américains et chinois, comme d'autres outsiders venus du Canada, du Royaume-Uni, d’Israël, voire de Singapour, également en train de se positionner sur l'intelligence artificielle.

«Nous avons tout pour réussir en ce domaine et devenir une terre d'exportation» de ces technologies, affirme Sylvain Duranton, qui coordonne depuis Paris les activités d'intelligence artificielle du cabinet Boston Consulting Group (BCG).

Le principal atout français, ce sont les cerveaux, les chercheurs et ingénieurs spécialisés convoités par les grands groupes technologiques de la planète.

Mais les entreprises spécialisées estiment que le secteur manque encore cruellement de scientifiques, ou même de techniciens, et demandent aux pouvoirs publics d'accélérer les efforts de formation.

«Nous faisons face à une pénurie de compétences (...) parce que la demande explose», regrette Franck Gayraud, patron d'une PME de 28 personnes spécialisée dans le traitement des images, l'un des grands champs actuels de l'intelligence artificielle.

«Je recrute les ingénieurs un par un, on a du mal à les trouver. En général, on prend des universitaires qu'on forme», explique-t-il. 

Attirer l'épargne

Quant aux chercheurs et ingénieurs déjà sur le marché, il faut parvenir à les retenir en France, pour ne pas qu'ils partent à l'étranger, soulignent les spécialistes.

«A Singapour, le gouvernement paie la moitié du salaire de chaque spécialiste des données qui vient s'installer», met en garde Sylvain Duranton, du BCG.

Autre enjeu, les besoins de financement des start-up les plus prometteuses.

En France, quand une start-up "a levé deux ou trois millions d'euros" de capital, "c'est le bout du monde", alors que dans la Silicon Valley "on lève 20, 30 ou 50 millions d'euros sur le même sujet", explique Franck Gayraud.

«Il faut des dispositifs fiscaux pour que ce soit attractif d'investir dans des start-up françaises.»

Les jeunes pousses s'inquiètent d'ailleurs que l'intelligence artificielle soit considérée comme un secteur stratégique par le gouvernement.

Cela signifierait que les investissements étrangers devraient être autorisés par l'Etat, au risque de freiner leur croissance capitalistique.

«C'est étonnant de voir qu'on veut mettre le tampon de l'Etat» dans ce genre d'investissements, explique Augustin Marty, le patron de Deepomatic, une start-up de 20 personnes spécialisée dans la reconnaissance d'images.

«Cela pourrait nous poser des problèmes» et faire fuir les grands investisseurs américains ou britanniques, qui s'intéressent à son entreprise, explique-t-il. 

Légiférer plus vite

Les entreprises sont également très sensibles aux orientations réglementaires envisagées, notamment en matière de défense de la vie privée.

«Il est très important que les lois protègent le citoyen, mais il faut permettre aux entreprises d'innover et tester», souligne Sylvain Duranton.

Franck Gayraud et son entreprise d'analyse d'images vont ainsi scruter les modalités d'application du règlement européen sur la protection des données (RGPD), qui entrera en vigueur le 25 mai.

«Il y a des cas où on a filmé des gens en grande quantité, sans les identifier», par exemple pour observer les flux de déplacements dans une usine, explique Franck Gayraud.

En théorie, «je vais être obligé d'aller revoir chacun pour leur demander l'autorisation» de traitement de ces images, car «le visage est une donnée personnelle» protégée, explique-t-il.

«C'est un surcoût» par rapport aux concurrents chinois, qui eux n'ont pas ces contraintes, indique-t-il.

Les entreprises attendent également que les pouvoirs publics soient "capables de légiférer un peu plus vite que sur d'autres sujets, pour aller au rythme des nouvelles technologies", estime Sylvain Duranton.

Ainsi les spécialistes du drone civil, grands consommateurs d'intelligence artificielle, attendent avec impatience le desserrement des contraintes d'exploitation sur le vol automatique (sans opérateur aux commandes) ou du vol hors de la vue de l'opérateur.

A défaut de lancer les drones de livraison, qui demanderont encore du temps pour entrer en action, le secteur pourrait développer par exemple très rapidement des drones automatiques capables d'aller inspecter les grandes infrastructures comme un réseau à haute tension, expliquent les spécialistes.

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