Entrevue: Jian Shuo Wang, PDG, Baixing (kijiji chinois)

Publié le 04/12/2010 à 00:00

Entrevue: Jian Shuo Wang, PDG, Baixing (kijiji chinois)

Publié le 04/12/2010 à 00:00

Par Diane Bérard

Jian Shuo Wang, PDG, Baixing (kijiji chinois)

Jian Shuo Wang dirige Baixing, la version chinoise du site de petites annonces Kijiji. Il a un pied à Silicon Valley, là où se trouvent les sociétés de capital de risque qui ont investi dans son entreprise, et l'autre à Shanghai. À 33 ans, il appartient à la génération montante d'entrepreneurs chinois " globaux ". Alors que le concept de petites annonces n'existait tout simplement pas en Chine il y a cinq ans, Baixing est aujourd'hui présent dans 300 villes chinoises. Nous avons joint Jian Shuo Wang à son appartement de Shanghai.

Diane Bérard - Tandis que la plupart des entrepreneurs se plaignent du manque de financement, vous jugez qu'en Chine, il y a trop d'argent. Expliquez.

Jian Shuo Wang - Dans le secteur des technologies, l'abondance est telle que n'importe quel projet peut voir le jour. Les investisseurs ne font aucune distinction. Nous évoluons dans un environnement très concurrentiel, bien plus que n'importe quel entrepreneur des technos en Amérique du Nord. J'espère que le temps fera son oeuvre et que les mauvais projets disparaîtront du marché.

D.B.- Baixing aussi profite de ce financement abondant...

J.S.W. - C'est vrai que nous n'avons pas à nous plaindre en matière de financement. Au moment du lancement, en mai 2005, eBay était propriétaire unique de Baixing, qui s'appelait à l'époque Kijiji. Depuis 2008, notre actionnariat est plus diversifié : eBay est toujours présent et nous avons ajouté Benchmark Capital et GSR Venture. Benchmark est située en Californie. Elle investit dans 70 sociétés, dont Twitter. Les bureaux de GSR Venture se trouvent en Californie et à Beijing, et elle ne finance que des sociétés de technologies chinoises.

D.B. - Qu'en est-il de la concurrence ?

J.S.W. - Notre secteur est jeune, on trouve des annonces classées en Chine depuis à peine cinq ans. Pour l'instant, nous sommes un acteur important avec plus d'un milliard de pages vues par mois et plus de 300 millions d'annonces. Mais surtout, nous sommes un des plus efficaces. Nous arrivons à peu de choses près aux mêmes résultats que nos concurrents avec le dixième de leurs employés. Notre équipe ne compte que 27 personnes.

D.B. - Il existe des sites Kijiji dans des centaines de villes dans le monde. En quoi celui de Shanghai diffère-t-il de celui de Montréal ?

J.S.W. - Ils sont très semblables. Mon pays est différent du vôtre, mais nos besoins sont les mêmes : nous cherchons tous les deux à acheter des biens au meilleur prix en utilisant le canal le plus pratique possible. Cela dit, il y a une question d'habitude : les Nord-Américains ont le réflexe de se tourner vers les petites annonces, pas les Chinois. Mais une fois l'habitude installée, les besoins et les comportements sont les mêmes.

D.B. - Quel est le plus grand défi d'un site Web comme le vôtre ?

J.S.W. - La sécurité des transactions, comme tous les sites de commerce électronique. Nos clients doivent se sentir en confiance. Depuis 2000, le commerce électronique a fait des bonds prodigieux en Chine, tant au niveau du paiement que de la livraison. Sur ce dernier aspect, je dirais que nous sommes plus avancés que plusieurs sites en Amérique du Nord.

D.B. - Comment développe-t-on un service comme le vôtre ? Devez-vous investir en publicité ?

J.S.W. - Non, tout passe par le concept du bouche à oreille. Vous cherchez un emploi ou une maison ou vous voulez vous débarrasser d'objets : vous en parlez autour de vous et, à un moment ou à un autre, quelqu'un vous dirigera vers notre site. Les petites annonces en ligne reposent sur le concept de communauté. C'est elle qui fait le travail de marketing.

D.B. - Même si Baixing est un site de commerce, vous considérez avant tout votre entreprise comme une communauté. Expliquez.

J.S.W. - La mission de Baixing consiste à réunir des gens qui peuvent s'entraider pour combler leurs besoins. Je ne pourrais pas travailler pour une entreprise dont le modèle ne serait basé que sur le commerce. Pour moi, la notion de communauté est essentielle à ma satisfaction au travail. Et je suis convaincu que les entreprises qui fondent leur réussite sur une communauté sont plus fortes et plus durables.

D.B. - Que peut apporter une communauté à une entreprise ?

J.S.W. - Une meilleure connaissance des besoins des clients : personne ne sait mieux que les clients ce qui les satisfera. Et des économies sur le plan du soutien technique : dans les communautés dynamiques, les clients règlent souvent leurs problèmes entre eux.

D.B. - Quel est le plus grand défi d'un entrepreneur chinois ?

J.S.W. - Vous connaissez déjà une partie de la réponse : le manque de transparence de nos lois. Personne ne les comprend, alors tout le monde les contourne ou, du moins, tente de se débrouiller pour que les affaires roulent quand même. Cependant il y a plus : le manque d'expérience des Chinois dans des secteurs comme la gestion et le marketing. La Chine s'est ouverte au capitalisme en 1978, mais tous ceux qui affirment posséder plus de 10 années d'expérience réelles en gestion mentent. Ou du moins, ils exagèrent. Heureusement, la situation change, et le recrutement de gestionnaires compétents sera plus facile.

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