La fiabilité des équipements est synonyme de meilleur rendement


Édition du 06 Février 2016

La fiabilité des équipements est synonyme de meilleur rendement


Édition du 06 Février 2016

Par Pierre Théroux

« Les opérateurs sont les mieux placés pour voir les signes avant-coureurs d’une défaillance. » – Yann de la Fouchardière, superviseur chez Pharmascience et président du Réseau maintenance et fiabilité de MEQ.

Dans le contexte économique difficile dans lequel se trouvent les entreprises, il importe plus que jamais de disposer d'équipements fiables et efficaces, de façon à réduire les coûts et à améliorer la rentabilité.

«L'économie va mal et la concurrence est de plus en plus forte. Les entreprises ont donc intérêt à éviter, ou à tout le moins à réduire au minimum, les bris de leurs équipements pour optimiser l'utilisation de leurs actifs», a fait valoir Yann de la Fouchardière, superviseur, gestion physique, chez Pharmascience et président du Réseau maintenance et fiabilité de l'organisme Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ). M. de la Fouchardière était l'un des invités de la 7e édition de la conférence Maintenance et fiabilité industrielles, présentée par les Événements Les Affaires à la fin de janvier.

Le géant minier Rio Tinto est bien conscient de l'enjeu. «L'importante baisse du prix des métaux nous a amenés à revoir nos indicateurs de performance, en particulier ceux liés aux coûts de maintenance et à la gestion de l'entretien», a indiqué Alain Brazeau, conseiller principal en gestion des actifs de Rio Tinto, qui a visité et évalué plusieurs sites de production de l'entreprise ces derniers mois. Le bon état des équipements est d'autant plus important ces temps-ci que «l'accès aux capitaux pour acheter de nouveaux équipements est de plus en plus difficile», a-t-il précisé.

Un autre grand producteur mondial d'aluminium, Alcoa, mise aussi sur la fiabilité de ses équipements pour réduire les coûts et améliorer la rentabilité de l'entreprise. À l'aluminerie de Deschambault, «nous avons augmenté notre production annuelle de 200 000 à 260 000 tonnes sans ajouter d'équipements, mais en les rendant plus performants. Pour assurer la stabilité des activités et la qualité des produits, ça prend des équipements fiables», a précisé Pierre Champoux, directeur, maintenance, à l'aluminerie d'Alcoa à Deschambault.

Avantage concurrentiel

Les ratés d'équipements peuvent en effet entraîner des arrêts de production, des retards, des pertes, de même qu'une baisse globale de productivité, ce qui finit par nuire au rendement financier de l'entreprise. Pourtant, les sociétés qui possèdent des équipements en bon état «ont un important avantage concurrentiel», a souligné Stéphane Bilodeau, président de Bilodeau conseil, une firme spécialisée en maintenance et fiabilité.

Et ce, non seulement en période de difficultés économiques. Le bon fonctionnement des équipements permet en tout temps de soutenir la demande de clients et d'assurer la qualité des produits. «C'est un investissement et non une dépense», a ajouté M. Bilodeau, qui est aussi chargé de cours à l'École de technologie supérieure.

L'automne dernier, les MEQ ont d'ailleurs publié un guide pour aider les entreprises à entreprendre une démarche de fiabilité. Or, les facteurs de succès résident d'abord dans l'engagement de la haute direction. «Le soutien de la direction est essentiel. Cette démarche doit faire partie du plan stratégique de l'entreprise», indique le document intitulé «La fiabilité : un changement pour toute l'organisation».

«C'est une question de valeur d'entreprise. Les dirigeants doivent y croire et ne pas négliger l'importance de la fiabilité des équipements», confirme Alain Blais, directeur du service d'équipement chez IBM Canada, en précisant que cet engagement doit être fait à long terme et ne pas être «juste un "show de boucane"».

Chez Alcoa, ce soutien de la direction s'est aussi traduit par «l'embauche de 70 électriciens et mécaniciens lorsque l'entreprise a acquis l'aluminerie de Deschambault, en 1998», a rappelé l'ingénieur d'usine, Martin Rhéaume. Depuis, l'entreprise a mis en place divers processus pour assurer le bon fonctionnement des équipements. «On documente les bris pour éviter les répétitions, et il y a des rapports hebdomadaires concernant les urgences.» L'entreprise tient aussi des rencontres régulières auxquelles participent les mécaniciens, les électriciens, mais aussi des opérateurs et des ingénieurs. Car l'implantation d'une démarche de fiabilité doit être réalisée en collaboration avec les services de production et d'ingénierie. «La relation entre les équipes de maintenance et de production est essentielle. Les opérateurs sont les mieux placés pour voir les signes avant-coureurs d'une défaillance de l'équipement», constate Yann de la Fouchardière.

Établir ses priorités

L'entreprise ne doit pas non plus s'attaquer à la fiabilité de tous ses équipements. «Ce n'est pas rentable. Il faut déterminer les équipements critiques qui ont un maximum d'impact sur les activités de l'entreprise», a dit Stéphane Bilodeau. Il a également souligné qu'il est possible d'aller chercher 80 % des gains en s'attaquant à seulement 20 % des équipements les plus critiques.

Il importe aussi de mesurer ces gains et d'en faire état auprès des employés. Chez Pharmascience, «on quantifie les conséquences qu'aurait eues un bris d'équipements si les anomalies n'avaient pas été détectées à temps», a dit Yann de la Fouchardière. Même son de cloche chez IBM qui n'hésite pas à communiquer le montant de l'argent épargné grâce au programme d'entretien et de réparation des équipements.

Par ailleurs, les bris d'équipements ne découlent pas seulement de leur état ou d'un plan de maintenance inadéquat. Des sondages indiquent en effet que moins de 30 % des bris sont directement attribuables aux problèmes de maintenance. Les méthodes de travail, la compétence et la formation de la main-d'oeuvre, ou encore les conditions climatiques de l'usine et la mauvaise qualité des matières premières peuvent aussi être responsables de défaillances et de pertes de disponibilité d'équipements. «Si l'entreprise a un excellent programme d'entretien, mais que le rythme de défaillances se maintient, il faut s'interroger», indique Alain Brazeau.

Enfin, l'implantation d'une démarche visant une meilleure fiabilité des équipements ne doit pas seulement être l'affaire des grandes entreprises. Cependant, «les PME peuvent sous-traiter à l'externe certaines fonctions, comme le diagnostic. La gestion du processus doit toutefois rester à l'interne», précise Yann de la Fouchardière.

Facteurs de succès :

> La fiabilité est nommée clairement dans la stratégie opérationnelle.

> La haute direction est convaincue et y voit des gains concrets.

> Une bonne stratégie de communication est mise en place.

> Des indicateurs clés assurent une adhésion rapide à la démarche.

Pièges à éviter :

> Oublier d'inclure tous les niveaux hiérarchiques des services de production, de maintenance et d'ingénierie.

> Ne pas adapter la démarche de fiabilité aux objectifs, au contexte opérationnel et à la culture organisationnelle.

> Négliger la fiabilité dans un contexte de croissance.

Source : MEQ, «La fiabilité : un changement pour toute l'organisation»

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