À la mode de chez nous

Offert par Les Affaires


Édition du 20 Juin 2015

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Édition du 20 Juin 2015

Philippe Dubuc : s'unir pour régner

La boutique montréalaise de Philippe Dubuc est à l'image de ses créations. Du blanc, du noir, du gris. Des lignes droites. Un style épuré. Seuls le jaune canari des modules sur lesquels ses vêtements sont accrochés et celui de l'immense oeuvre en spirale de l'artiste Sébastien Breton donnent une touche de couleur à l'endroit.

Au-delà de ces nuances, l'avenir semble coloré pour M. Dubuc. Même si le secteur de la mode, dans lequel il oeuvre depuis 20 ans, lui a fait comprendre qu'on ne pouvait rien tenir pour acquis. «La mode, c'est comme les montagnes russes. Tantôt t'es hot, tantôt tu l'es moins», souligne-t-il avant de prendre une gorgée de son thé chai, assis chez Olive & Gourmando, le restaurant situé à quelques pas de sa boutique. «En ce moment, la vibe est bonne autour de notre marque», ajoute celui qui a été nommé designer canadien de l'année en mode masculine en février.

Depuis l'automne dernier, le créateur montréalais a pignon sur rue dans le Vieux-Montréal, un secteur mieux adapté au marché du luxe que la rue Saint-Denis, où il a tenu boutique pendant 18 ans. «Ici, nos ventes sont en croissance, alors qu'elles étaient à la baisse sur Saint-Denis. Ce n'était donc pas un problème avec la marque, mais bien le reflet du déclin général de l'activité économique du Plateau causé par des décisions politiques», déplore M. Dubuc.

Le luxe accessible

Sur le Plateau, il garde toutefois ses ateliers dans un appartement de la rue Marie-Anne. C'est là qu'il peaufine les looks qu'il présentera en août à la Semaine de mode masculine de Toronto, au cours de laquelle il rencontrera plusieurs acheteurs. Si le marché canadien lui sourit, le styliste souhaite réintroduire, dans un avenir proche, le marché international, duquel il s'est retiré depuis sa faillite en 2007. «Quand on fait des erreurs, ça ne veut pas dire qu'il ne faut plus essayer. Ça veut dire qu'il faut faire les choses différemment.»

«Aujourd'hui, à cause de l'invasion d'enseignes étrangères qui viennent gruger un marché déjà très petit, on n'a pas le choix de s'exporter pour produire davantage et toucher de meilleures marges de profits», affirme le créateur, qui a aussi une boutique à Québec.

M. Dubuc dit qu'il produit du luxe accessible dans un marché où les cloisons entre le haut de gamme et le commercial sont de moins en moins étanches. «Il n'y a pas d'industrie du luxe au Québec. Le vrai luxe, c'est Chanel, c'est Dior. Nous sommes juste au-dessous de ça, et c'est un créneau qui semble bien fonctionner», dit celui qui dirige une PME de 10 employés.

Les infrastructures dans ce marché de niche sont toutefois rares chez nous. «Entre le réseau underground de fabrication dans des sous-sols de Montréal où l'on ne parle ni anglais, ni français et les usines qui ne veulent pas travailler avec les créateurs parce que les productions sont trop complexes et trop limitées, il y a un vide à combler», explique M. Dubuc. Il appuie sans relâche le projet de sa collègue Marie Saint Pierre, qui souhaite créer un lieu de rassemblement et de production dans le secteur Chabanel pour les griffes bien établies «qui vivent les mêmes frustrations par rapport à la fabrication». «La convergence est un mot qui fait souvent peur, mais ça fait en sorte que tu es plus fort, explique M. Dubuc. Il faut travailler ensemble pour contrer l'invasion. Et donner l'envie aux jeunes de reprendre des entreprises du secteur manufacturier.»

L'avenir dans les collaborations

En raison d'une aide gouvernementale qui cible trop souvent à son goût les entreprises en démarrage, M. Dubuc croit que l'avenir passe par les collaborations. «Sinon, les créateurs restent de petites entreprises indépendantes qui tentent sans cesse de tirer leur épingle du jeu dans une mer immense...»

Dans le passé, le créateur de mode s'est associé avec Simons, et il a récemment été nommé styliste en chef de la marque de manteaux montréalaise Kanuk. «On ne peut pas baser son modèle d'entreprise sur les collaborations, mais elles sont nécessaires, souligne M. Dubuc. Je n'aurais pas pu lancer une ligne sportive et concurrencer les Nike de ce monde. Kanuk m'offre le savoir-faire dont j'ai besoin. Il faut s'unir pour être plus fort.»

Ne voulant pas trop s'éparpiller, le créateur de mode «va se tenir tranquille» d'ici l'arrivée des premiers Kanuk par Dubuc à l'automne 2016. Après la faillite, le double cambriolage de l'an dernier et le déménagement de sa boutique montréalaise, M. Dubuc affirme fièrement qu'il a su se maintenir à flot. - Vincent Fortier

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