Thymox, l'innovation verte qui s'exporte

Publié le 24/08/2017 à 13:33

Thymox, l'innovation verte qui s'exporte

Publié le 24/08/2017 à 13:33

Frank Palantoni, de Thymox. (Photo: Courtoisie)

PME DE LA SEMAINE. Comment le thym peut-il combattre la salmonelle, la bactérie E.Coli et la grippe aviaire?

En 2001, une épidémie de fièvre aphteuse s’abat sur l’Europe, obligeant les pays frappés à incinérer plusieurs millions d’animaux d’élevage. Effaré devant cette situation, Serge Auray décide d’agir. Alors propriétaire de l’entreprise sherbrookoise de nettoyage PolyM2, spécialisée notamment dans l’entretien de locaux d’entreprises pharmaceutiques ou de fabricants de circuits imprimés, il ouvre un laboratoire à Sherbrooke pour innover en matière de produits de désinfection.

Cinq ans de recherche seront nécessaires pour développer un désinfectant efficace contre des maladies comme la dermatite digitée, qui touche les sabots des vaches. Pour l’éviter, les éleveurs utilisaient jusqu’alors du formaldéhyde, reconnu comme cancérigène, ou du sulfate de cuivre, qui acidifie les sols.

Laboratoire M2 parvient à mettre au point une solution non-toxique à base de thymol, un actif issu du thym, qui possède des propriétés bactéricides, anti-fongiques et virucides. Thymox est capable de contrer la salmonelle, la bactérie E.Coli et la souche H5N1 de la grippe aviaire.

Des fermes aux comptoirs de cuisine

Une fois les brevets déposés et les produits Thymox approuvés, notamment par Santé Canada, Laboratoire M2 se lance, en 2010, dans la commercialisation de sa gamme au Canada et aux États-Unis.

Aujourd’hui, Thymox dessert quatre marchés: les animaux, la protection des cultures notamment pour lutter contre une bactérie qui rend malade les orangers, les espaces collectifs comme les hôpitaux ainsi que les écoles, et l’entretien des logements résidentiels.

Entre les inquiétudes liées aux effets des substances chimiques sur l’environnement ainsi que sur la santé et les mutations des agents pathogènes, le créneau de l’aseptisation écologique est porteur.

Ne pas s’éparpiller, une stratégie gagnante

L’entreprise préfère travailler avec des distributeurs, à qui elle vend ses produits en version concentrée. «Notre métier, c’est la désinfection, explique Serge Auray, le président-fondateur. La logistique, le packaging et le transport, ce n’est pas notre tasse de thé et certains font cela mieux que nous.»

Pour choisir ses distributeurs, Laboratoire M2 prend en compte la force de leur réseau de ventes mais veille aussi à ce qu’ils partagent ses valeurs. «Nous évaluons leur conscience environnementale et leur souci d’éduquer leurs clients, précise Serge Auray. Nous privilégions une approche systémique sur le long terme.» En effet, l’entreprise se préoccupe d’informer les agriculteurs au sujet de la biosécurité et de la santé animale. «Cela permet de créer une relation durable et, ensuite, les ventes suivent derrière», ajoute-il.

Vers une présence partout dans le monde

L’an dernier, Thymox s’est lancé à l’assaut du marché chinois, qui représente 12 millions de vaches laitières. En association avec Cargill, elle se prépare à conquérir l’Europe, où le formaldéhyde a été banni. Et, l’Amérique du Sud est dans sa ligne de mire. «Nous sommes encore très petits et notre marge de croissance est grande, y compris au Canada et aux États-Unis», souligne Franck Palantoni, le PDG de l’entreprise depuis deux ans.

Pour financer cette expansion, Serge Auray s’est tourné vers le capital-risque. En 2009, une première ronde lui a permis de bénéficier de l’appui de Capital Financière agricole et du FIER d’Asbestos. Puis, en 2012, Capital Cycle Management et Desjardins Innovatech ont fait leur entrée dans le capital. En mai, ces deux investisseurs ont mené une ronde de financement de 4,6 millions de dollars, à laquelle s’est joint Germain Benoit de Gercanoit. Et, une nouvelle ronde est en préparation afin d’injecter 10 millions de dollars dans la compagnie.

«Grâce à cet argent, on vise à accélérer notre croissance notamment en intensifiant nos efforts en marketing mais aussi à développer la seconde génération de notre technologie», indique Franck Palantoni.

Concrètement, l’entreprise songe à offrir sa solution de désinfection sous forme de gel à appliquer sur les animaux et de lingettes pour le nettoyage des surfaces dures ainsi qu’à intégrer des nutriments et des fertilisants à ses produits pour les plantes.

 

Thymox en quelques chiffres

Année de création : 2001

Nombre d’employés : 10

Chiffre d’affaires : 2 millions de dollars l’an dernier

Objectif : Doubler les revenus pour atteindre 4 millions de dollars cette année

 

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