Prana Biovegan veut changer le monde une bouchée à la fois

Publié le 16/06/2016 à 14:01

Prana Biovegan veut changer le monde une bouchée à la fois

Publié le 16/06/2016 à 14:01

Marie-Josée Richer de Prana Biovegan

PME DE LA SEMAINE - Après quelques années passées en Inde, Marie-Josée Richer et Alon Farber ont fondé Prana Biovegan. Leur but inciter les consommateurs à faire de meilleurs choix alimentaires pour le bien de leur santé et de l’environnement.

Onze ans plus tard, leur entreprise de transformation de fruits séchés, de graines et de noix biologiques est partout au pays et vient de faire une percée aux États-Unis. Mais le couple n’a pas perdu ses idéaux pour autant.

Aux États-Unis depuis octobre 2015, Prana compte déjà 2900 points de vente chez Whole Foods, TJ Maxx et dans des commerces indépendants. Au Canada, on trouve notamment ses produits chez Sobeys-IGA, Loblaws, Metro, Jean Coutu, Winners, Cosco et dans des épiceries d’aliments naturels pour un total de 4500 points de vente.

L’an dernier, les ventes de la PME de l’arrondissement Saint-Laurent ont bondi de 87 %. Pour l’année financière qui se termine en juillet, elles devraient augmenter de 30 % pour atteindre environ 30 millions de dollars.

Pas étonnant que la Jeune Chambre de commerce de Montréal ait décerné à Marie-Josée Richer son prix provincial Arista 2016 dans la catégorie Jeune entrepreneur du Québec : Entreprise en croissance.

« Alon et moi sommes végétaliens et nous croyons que l’alimentation est une façon simple de changer le monde pour le mieux, dit la femme d’affaires de 35 ans. Nous avons lancé l’entreprise dans la cuisine de ma mère avec 10 000 $ d’économies personnelles et en faisant tout nous-mêmes : préparation des produits, vente, livraisons. »

L’essor de Prana s’est accéléré en 2008 quand elle a conclu une entente avec le distributeur de produits biologiques Aux mille et une saisons, vendu depuis à la société américaine United Natural Foods. « Son fondateur, Marc Périard, nous a pris sous son aile en nous faisant rencontrer les acheteurs des grandes chaînes, raconte Mme Richer. À partir de là, nous avons multiplié les points de vente. »

Faire des affaires… et du bien

Bio Terre, une épicerie santé de la rue Saint-Viateur à Montréal, distribue les carrés au sésame, les croustilles de noix de coco, les graines de chia et les autres produits de Prana depuis les tout débuts.

« La qualité est exceptionnelle, souligne sa copropriétaire, Isabelle Larabée. Les noix sont fraîches, savoureuses, la différence se goûte tout de suite. J’ai vu l’entreprise grandir et Marie-Josée a toujours préservé son intégrité et ses valeurs. Certaines entreprises font des compromis en grandissant, mais pas Prana. »

Le défi des entreprises alternatives, comme Prana, consiste à croître sans se dénaturer, observe Lovasoa Ramboarisata, professeure au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’UQÀM.

« L’une des clés pour y parvenir est de choisir avec soin ses partenaires, quitte à laisser passer des occasions alléchantes. Il est bon aussi de systématiser ses critères de choix responsable en les mettant par écrit, ce qui leur donne encore plus de poids. »

Pour son entrée aux États-Unis, la PME a ciblé huit chaînes de détaillants, dont Whole Foods. « Nous voulons croître de façon organique, mais pas à tout prix », affirme Mme Richer en indiquant que Prana est l’une des dix entreprises québécoises à être certifiées B Corp.

Cette certification regroupe des entreprises qui s’engagent à agir tout autant dans l’intérêt de la planète et de la collectivité que de leurs actionnaires. « Le processus de certification est exigeant, constate Mme Ramboarisata. Ça force l’entreprise à chercher des moyens de s’améliorer. Un autre point intéressant, c’est qu’il y a toute une communauté de pratique derrière B Corp. »

Utilisation de sucre et de chocolat équitable, création d’un comité sur l’environnement, quatre semaines de vacances pour tous, heures flexibles pour les employés de bureau, récupération de la chaleur des équipements pour le chauffage… Voilà quelques mesures de développement durable instaurées par Prana.

La PME, qui compte parmi ses actionnaires le fonds d’investissement responsable Renewal3, offrira bientôt un programme de bénévolat pour les employés, un système de partage des profits et la possibilité de prendre une année sabbatique.

Elle attend aussi les résultats de l’analyse du cycle de vie qu’elle a fait réaliser par la firme Ellio, ce qui l’aidera à identifier des façons de diminuer son empreinte environnementale. Déjà, elle est à pied d’œuvre pour réduire ses emballages de 25 % et pour s’approvisionner davantage localement.

« Les canneberges, le chanvre, le sarrasin, le sirop d’érable que nous utilisons proviennent du Québec, dit Mme Richer, mais les graines de citrouille viennent d’Allemagne. Pourtant, il est possible d’en produire ici et c'est ce que nous voulons faire en partenariat avec un agriculteur. »

Croître pour accomplir sa mission

Sans croissance, difficile pour Prana d’avoir un impact significatif sur les choix alimentaires des consommateurs, souligne Alon Farber. « On fait des affaires pour changer les choses. Pour que plus de gens mangent bio, on ne doit pas se limiter aux marchés d’aliments naturels. On doit aussi se retrouver sur les tablettes des supermarchés traditionnels. » Une stratégie que l’entreprise entend répéter aux États-Unis.

Le couple d’entrepreneurs, qui s’est formé en Inde, est certes idéaliste, mais il a préparé minutieusement son expansion américaine. Ainsi, il a recruté deux Américains au sein de son conseil d’administration : Ken Messick, ancien cadre chez Boulder Brands, et Hitesh Hajarnavis, autrefois de Popcorn Indiana. Il a aussi embauché un directeur des ventes à Chicago en plus de conclure des ententes avec deux distributeurs et quelques courtiers en alimentation.

« Nous avons besoin de gens qui connaissent de l’intérieur le marché et les habitudes de consommation, car une frontière, c’est aussi une frontière de culture », dit M. Farber.

En quelques chiffres

Année de fondation : 2005

Nombre d’employés : 65

Chiffre d’affaires : 30 M$

Objectif pour les trois prochaines années : Réaliser 60 % de ses revenus aux États-Unis, continuer à être un moteur de changement, devenir un leader de l’industrie alimentaire biologique.

 

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