Les fabricants de meubles québécois passent à l'offensive

Publié le 03/07/2018 à 14:35

Les fabricants de meubles québécois passent à l'offensive

Publié le 03/07/2018 à 14:35

Par Romeo Mocafico

[Photo: 123rf]

En ce début de juillet, les baux de location se terminent, et vient l’heure pour les nouveaux résidents de meubler leur nouvel appartement. Une période importante pour les fabricants de meubles québécois qui sortent juste d’une longue crise. En misant sur la qualité de leurs produits, les PME de la province espèrent tirer profit du contexte économique actuel pour préparer au mieux la ronde de déménagement.

Les entreprises d’ameublement québécoises ont connu des jours bien sombres. Autrefois prises à la gorge par la forte concurrence asiatique et par la crise immobilière de nos voisins américains, premier marché d’exportation, elles connaissent aujourd’hui un environnement plus favorable. 

Depuis 2010, Meubles Qualité Canada, un regroupement de plus de 200 fabricants canadiens géré par l’Association des fabricants de meubles du Québec (AFMQ), s’est donné pour mission de promouvoir le savoir-faire local et de sensibiliser aux avantages de la consommation de proximité : « Le meuble canadien est toujours un bon achat. Pour le style, le design, la qualité de fabrication et la durabilité. »

Qualité Québec

Cet argument est souvent le premier mentionné par les fabricants, comme Nicolas Turgeon, directeur de la manufacture De Gaspé, qui conçoit et monte ses meubles à Montréal : « Le made in Canada, le made in Québec, ce sont des sceaux de qualité. Avec ça, vous êtes sûrs d’obtenir un résultat fiable, personnalisé, et qui n’est pas produit en 600 000 exemplaires. »

Pour la vague de déménagements attendue le 1er juillet, les Montréalais pourront donc se tourner vers la production locale de l’industrie d’ameublement. Comme le rappelle le jeune PDG, en plus de profiter de délais de livraison naturellement plus courts, ils réduiront aussi l’empreinte écologique des produits qu’ils achèteront. 

La seule déconvenue possible reste le prix. Il est en moyenne plus élevé que celui proposé par la concurrence importée des monstres de l’industrie. « C’est clair que ce qui est fait ici sera plus cher, en raison de la matière première et la main-d’œuvre plus coûteuse qu’ailleurs. Mais là, on soutient le commerce local. C’est un plus quand ton meuble a poussé dans la forêt derrière chez toi ! », soutient l’entrepreneur.

En 2016, un sondage Léger sur le mobilier au Québec réalisé pour le compte de l’AFMQ auprès de 1 000 consommateurs, révèle que 98% des répondants ont une image positive, ou très positive, des meubles réalisés au Québec. En revanche, 86 % disent avoir de la difficulté à les trouver chez les détaillants.

Il n’est pas étonnant alors que de nombreux Québécois se tournent vers les industriels étrangers pour se meubler.

Bras de fer chinois

La crise de la fin des années 2000 et l’ouverture du marché à des concurrents internationaux ont eu raison de plusieurs gros joueurs dans la province, comme Meubles Laurier (2009) et Industries AP (2013). Depuis quelques années pourtant, le Québec semble refaire sa place dans un marché local qui reste assez concurrentiel.

Marie-Eve Boucher, directrice de la communication de l’AFMQ souligne que l’industrie se porte de mieux en mieux. « On ressort du creux de la vague.  On exporte un peu plus, même si la Chine reste omniprésente, et demeure l’une des principales menaces pour les locaux. » Des propos qui font écho au désir du Ministère de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations du Québec d’accroître ses parts sur le marché chinois.

Bien que la balance commerciale soit positive et que la province soit championne des exportations aux États-Unis avec 1,1 milliard de dollars écoulés en 2016, les meubles chinois représentent tout de même 45% du 1 G$ importé.

Ces chiffres du Gouvernement du Québec devraient toutefois évoluer dans les prochaines années à la suite des décisions économiques de l’administration Trump, concernant l’ALÉNA et les taxes sur les métaux importés, dont les revendeurs exclusivement locaux de la région devraient pouvoir tirer profit.

« Pour l’instant, le milieu n’est pas vraiment impacté. Mais il est certain que ceux qui exportent aux États-Unis risquent d’en pâtir », explique Mme Boucher. Un avis que partage le gérant de De Gaspé, qui voit là une excellente opportunité pour promouvoir le travail réalisé au Québec, mais qui craint un retour agressif des concurrents exportateurs sur le marché local.

Si ces prévisions s’avèrent exactes, il ne serait pas étonnant de voir l’offre se multiplier pour les clients et les prix s’abaisser, concurrence oblige.

Un nouveau label

Hasard de calendrier, ces bouleversements commerciaux surviennent au moment même où l’AFMQ officialise la création de la signature Meuble du Québec. Au même titre que Meubles Qualité Canada, le label vise à promouvoir l’achat et les avantages des fabrications de la province

Au printemps 2019, l’Association entamera une nouvelle offensive promotionnelle avec l’objectif clair de séduire les consommateurs voisins. L’AFMQ profitera de cette période fort propice à l’achat pour mettre l’accent sur les médias grands publics, imprimés et numériques, et valoriser l’artisanat local.

Un plan d’action très bien accueilli par les professionnels du milieu comme De Gaspé, qui profite également de l’approche du 1er juillet pour mettre en avant leurs produits.

 

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