Kinova : des humains et des robots

Publié le 04/08/2016 à 11:42

Kinova : des humains et des robots

Publié le 04/08/2016 à 11:42

PME DE LA SEMAINE – Dans la salle de conférences trône un vieux fauteuil roulant doté d’un bras mécanique, bricolé avec des pinces de cuisine, des câbles de vélo et des moteurs d’essuie-glaces. Cette invention, c’est l’œuvre du grand-oncle de Charles Deguire, cofondateur de Kinova. Et l’idée derrière les bras robotisés que l’entreprise vend dans quelque 35 pays.

Le grand-oncle en question souffrait de dystrophie musculaire. « Avec son bras mécanique, il pouvait ouvrir une porte, se verser un verre d’eau, ramasser un objet par terre, raconte Charles Deguire, un ingénieur de formation. Ça m’avait impressionné. »

Kinova, qui a dix ans cette année, a lancé son premier bras robotisé en 2010. En mai dernier, elle a été la seule entreprise à recevoir l’un des six prix du Gouverneur général pour l’innovation.

Compacts et légers, ses bras robotisés se fixent à un fauteuil roulant motorisé. Munis de deux ou trois doigts, ils favorisent l’autonomie des personnes ayant perdu l’usage de leurs membres supérieurs. Mais ils sont aussi utilisés pour toutes sortes d’autres applications.

La PME de Boisbriand fournit ainsi des robots à des universités et à des centres de recherches privés ou publics qui veulent les intégrer à divers systèmes. « On a vendu notre technologie à 250 développeurs dans le monde, dit François Boucher, vice-président du développement des affaires. C’est comme si on avait un gigantesque laboratoire de R et D ! »

Un robot pour les chirurgiens

Parmi les clients figurent de gros noms comme Toyota, Google, Microsoft, la NASA et Hewlett-Packard. Les applications en développement vont du contrôle par la pensée à la reconnaissance visuelle, en passant par le désamorçage de bombes et la manutention dans les entrepôts.

Pas question toutefois de toucher à l’automatisation pure et dure. « On ne travaillera jamais dans le but de remplacer les humains, insiste M. Deguire. Ce qu’on veut, c’est d’augmenter les capacités des gens, les rendre plus efficaces. Kinova, ce sera toujours un humain + un robot. »

Avec cette division de robotique de service, la stratégie de l’entreprise est de faire partie du cycle de développement de produits de ses clients. D’abord en leur vendant plus de robots quand ils passent du prototypage à la pré production. Ensuite, en adaptant sa technologie à leurs besoins spécifiques. Et enfin, en créant avec eux des partenariats stratégiques s’il y a commercialisation.

Plusieurs projets sont avancés, mais le premier à voir le jour sera une plateforme robotique pour les interventions chirurgicales. Kinova a participé à son développement et sera partie prenante de sa mise en marché en 2017.

Pour ce faire, elle a créé un partenariat avec une entreprise de Silicon Valley dont l’identité sera dévoilée bientôt. Elle s’affaire aussi à compléter une ronde de financement de 20 millions de dollars.

Nul n’est prophète en son pays

Depuis ses débuts, la PME réalise 90 % de son chiffre d’affaires à l’exportation. Ses premiers robots d’assistance, elle les a vendus aux Pays-Bas, là où les assureurs les remboursent. « C’est notre plus grand marché dans ce domaine », indique M. Boucher.

Aux États-Unis et en Allemagne, deux autres marchés d’importance, des assureurs les remboursent dans certains cas. Il reste qu’un peu partout, Canada compris, les personnes handicapées doivent cependant se résoudre à faire des campagnes de financement pour s’en procurer un.

À 40 000 $ pour Jaco, plus complet, et à 30 000 $ pour son petit frère Mico, qui offre moins de fonctionnalités, les bras robotisés de la PME ne sont pas donnés. « Mais le retour sur l’investissement est rapide, car ils réduisent le nombre d’heures de soins requis par l’utilisateur », plaide M. Boucher.

Les systèmes de santé publics et privés ne valorisent pas assez les gains à long terme de l’innovation, particulièrement au Québec, déplore Benoît Larose, vice-président de la division québécoise de MEDEC, l’association des sociétés canadiennes de technologies médicales. « C’est la règle du plus bas prix immédiat qui prévaut au détriment de la qualité et des coûts globaux. De plus, le réseau de la santé fonctionne en silo budgétaire. Si une technologie permet d’épargner à une autre étape des soins, on n’en tient pas compte. »

La province investit pourtant des sommes importantes dans le soutien à l’innovation et à l’exportation, ajoute-t-il. « Mais c’est l’accès au marché domestique qui manque. Les contribuables financent des technologies qui profiteront surtout aux patients d’autres pays. »

Il croit que le nouveau robot chirurgical de Kinova trouvera surtout preneur aux États-Unis, « là où le retour sur l’investissement est davantage comptabilisé ».

Une chose est certaine, la PME entend se servir des revenus tirés de la robotique de service pour perfectionner ses bras robotisés et les rendre plus abordables. « Avec plus de volume, on peut réduire le prix, dit Charles Deguire. Mais on a aussi plus d’argent pour la R et D. On veut concevoir des robots d’assistance aussi fonctionnels qu’un vrai bras. »

En quelques chiffres:

 

  • Année de fondation : 2006
  • Nombre d’employés : 70 employés
  • Chiffre d’affaires : confidentiel
  • Objectifs pour les trois prochaines années : accélérer le cycle de développement de produits, lancer un 3e robot d’assistance, conclure des partenariats en robotique de service

 

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