Fruit d'or, la canneberge qui ne voulait pas mourir

Publié le 07/04/2016 à 10:20

Fruit d'or, la canneberge qui ne voulait pas mourir

Publié le 07/04/2016 à 10:20

PME DE LA SEMAINE - Le transformateur de canneberges biologiques Fruit d’or s’est relevé de ses cendres, et tout comme le phénix, en est ressorti plus fort. Un an après l’incendie de son principal site de production, la PME vient d’inaugurer une nouvelle usine à Plessisville. Un investissement de près de 35 millions de dollars.

21 mars 2015. L’usine de Fruit d’or située à Notre-Dame-de-Lourdes prend feu. Quelques heures plus tard, il n’en reste plus rien. Seules les tonnes de canneberges destinées à la production ont miraculeusement échappé au brasier.

Un vrai choc pour le président et fondateur de la PME de près de 200 employés, Martin Le Moine, qui ne s’est toutefois pas laissé abattre. Il a plutôt transformé le drame en opportunité. Résultat : neuf mois plus tard, une usine flambant neuve, moderne et mieux située que la précédente était inaugurée.

«L’entreprise était solide – le chiffre d’affaires a doublé ces cinq dernières années- et notre raison d’être était claire. Fruit d’or a été fondée pour trouver un débouché aux canneberges produites dans les fermes de ma famille et de mes associés. C’était évident qu’on allait continuer. On a donc rapidement pris la décision de reconstruire», se souvient Martin Le Moine.

Martin Lemoine, président et fondateur de Fruit d'or

Un temps de réflexion minimum

Un rapide bilan de la situation a permis au dirigeant de monter un projet d’améliorer son outil de travail. Première décision : installer la nouvelle usine dans un parc industriel à Plessisville plutôt qu’en rase campagne comme l’était la première. « Cela nous donnait accès à différents services que, sinon, on aurait dû financer. De plus, on pouvait ainsi utiliser le gaz naturel, ce qui a permis une forte réduction de nos dépenses en énergie », précise le président.

Deuxième décision stratégique : agrandir l’usine de 50 % par rapport à la précédente. Elle s’étend aujourd’hui sur 75 000 pi2.

Enfin, l’usine a été équipée de machines dernier cri permettant d’assurer une meilleure productivité. «On a beaucoup automatisé le processus opérationnel. Toutefois, tous les employés ont été conservés», assure-t-il. Les effectifs sont passés de 175 à près de 200 en un an.

Fruit d’or, dont 80 % des ventes se font à l’étranger, a réussi à gérer la période délicate de l’après-incendie de façon à renouer rapidement avec la croissance et à « conserver la plupart de (ses) clients », indique Martin Le Moine. Il s’est appuyé sur ses autres sites pour transformer les canneberges qui n’avaient pas brûlé : une chaîne de production et une autre d’emballage temporaires ont été mises en place dans les installations de l’entreprise à Québec qui traitent habituellement d’autres petits fruits comme le bleuet sauvage.

Fruit d’or a également sous-traité une partie de sa production et fait transformer une partie de sa matière première par des concurrents. « Il y a eu un élan de solidarité dans l’industrie », raconte Martin Le Moine. L’entreprise commercialise directement ses produits depuis l’année dernière dans certaines épiceries sous la marque Patience Fruit & co et est aussi dans le créneau du nutraceutique (les produits médicaux fabriqués à partir d’aliments).

Une opportunité plutôt qu’un coup d’arrêt

Finalement, Fruit d’or a pu assurer une bonne partie de ses commandes et la construction rapide de la nouvelle usine a sauvé la situation. Pour une PME, un tel incendie aurait pourtant pu être fatal. «Quand un tel événement arrive, les risques de perdre des clients, des employés mis obligatoirement au chômage, des revenus sont importants. La perte d’image est également en jeu car l’entreprise peut être jugée plus vulnérable, ses clients peuvent douter de sa capacité à redémarrer et à conserver le même niveau de qualité», prévient Claude Ananou, maître d’enseignement au département de management à HEC Montréal.

Pourtant, à l’instar de Fruit d’or, un drame peut être vu comme une opportunité. C’est ce que Claude Ananou appelle la théorie du homard ! « Lorsqu’il mue, le homard est vulnérable pendant quelque temps, mais lorsqu’il a retrouvé sa carapace, il est d’autant plus solide et fort. Une entreprise qui traverse une épreuve est plus fragile mais elle peut renaître et en ressortir plus forte. C’est en effet une occasion qui pousse à faire des changements qu’on hésitait à faire, à prendre un virage, de repartir à neuf avec un nouvel équipement plus adapté, plus moderne.»

Dans l’intervalle, reste à communiquer sur ses efforts et occuper les employés pour ne pas les perdre. « Il ne faut pas hésiter à raconter tout ce que l’entreprise fait comme effort pour renaître : la pose de la première pierre de la nouvelle usine, son inauguration et ainsi de suite, afin de créer un sentiment de sympathie. Quant aux employés, recommande Claude Ananou, pourquoi ne pas en profiter pour les former pendant ce laps de temps ? »

Fruit d’or a adopté une stratégie gagnante comme en atteste Sofia Po, acheteuse senior chez Nature’Path Food, transformateur de céréales biologiques, client de Fruit d’or depuis 10 ans à qui il achète des canneberges séchées. « Une façon de jauger la solidité d’un fournisseur est de voir comment il gère les défis, et Fruit d’or a prouvé ses compétences et son sens des responsabilités dans sa gestion des conséquences de l’incendie. »



Fruit d’or

- Date de création: 1999

- Lieu: Villeroy (siège social)

- Nombre d’employés: 195

- Objectif dans un an: développer la marque Patience Fruits & co, accentuer la présence de l’entreprise dans le créneau du nutraceutique et maîtriser parfaitement la nouvelle usine et les nouveaux équipements.

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