Des producteurs qui seront prêts pour les accords de libre-échange

Publié le 16/06/2016 à 14:29

Des producteurs qui seront prêts pour les accords de libre-échange

Publié le 16/06/2016 à 14:29

Gaspé Cured, une entreprise qui sert de guichet unique pour les ventes à l'étranger de plusieurs PME québécoises, comme Lelièvre et Lemoignan, Les Pêcheries gaspésiennes et les Fumoirs Gaspé Cured, s'est adjoint les services à temps partiel d'un consultant dans un bureau satellite de Madrid.

En 2016, l'entreprise prévoit livrer en Espagne près de 150 tonnes de homard congelé, un produit dont les droits de douane, qui représentent actuellement de 6 % à 18% du prix, disparaîtront immédiatement après une entrée en vigueur de l'Accord économique et commercial global (AECG) avec l'Union européenne.

Le consortium vendait déjà depuis des décennies de la morue salée et séchée en Italie. Mais elle a amorcé en 2011 une percée dans la péninsule ibérique en prévision de cet accord. «On voulait mettre le pied dans la porte avant que tout soit mis en place», explique Rachel Tardif, directrice générale de Gaspé Cured. L'entreprise, qui réalise un chiffre d'affaires de 25 à 30 millions de dollars, exporte aussi depuis 2014 du hareng fumé en France.

Canneberge, miel, érable

Citadelle, coopérative qui commercialise des produits de l'érable, du miel et de la canneberge, réalise déjà 15% de ses ventes dans l'Union européenne. Elle espère aussi tirer profit de l'AECG. «Par rapport à notre concurrence étatsunienne, on aura un avantage non négligeable», considère Stéphane Vachon, directeur principal des ventes de cette coopérative formée de près de 300 employés et d'environ 2000 membres producteurs. Des barrières tarifaires de 8% pour le sirop d'érable et de plus 17% dans le cas de la canneberge séchée seront normalement éliminées avec l'AECG.

Cet accord devrait aussi abolir des tarifs douaniers de plus de 12% pour les préparations alimentaires et de 18% pour les jus de fruits. L'UE importait pour 189 milliards de dollars de produits agroalimentaires en 2015, selon le Groupe Export agroalimentaire. Or le Québec y exporte seulement pour 326 M$ de produits dans le domaine, soit à peine 4% des exportations internationales de son industrie. La province accuse ainsi une balance commerciale négative avec le vieux continent, qui représente environ 29% de ses importations agroalimentaires, estimées à plus de 2 G$.

«Il va falloir orchestrer une offensive avec des partenaires pour développer ces marchés», a indiqué à ce sujet Raymond Dupuis, vice-président exécutif du Groupe Export agroalimentaire, lors de l'événement Solutions alimentation, organisé par Les Affaires le 31 mai dernier. Ce groupe prévoit organiser des événements de maillages dans ce but au cours des prochaines années.

Cap sur l’Asie!

Le Partenariat transpacifique, s'il est ratifié, pourrait lui aussi ouvrir de nouveaux débouchés pour certains produits. Pour le Japon, 32% des tarifs douaniers sur des produits agroalimentaires et 66% sur des produits marins disparaîtraient dès une entrée en vigueur, selon l'entente actuelle. La viande porcine, le sirop d'érable, les bleuets, les canneberges, les vins, le homard et les crevettes transformés bénéficieraient notamment d'une telle mesure.

La Chine ne figure pas parmi les 12 pays impliqués dans le PTP. Ce qui n'empêche pas les producteurs québécois du secteur alimentaire de viser sa classe moyenne en expansion. Si le pays a commencé à montrer des signes de ralentissement économique, «dans l'agroalimentaire, ce n'est pas nécessairement un problème», a jugé Jean-Philippe Gervais, économiste en chef à Financement agricole Canada, lors de l'événement Solutions alimentation.

Chez Citadelle, dont le chiffres d'affaires se situe entre 125 et 150 M$, les ventes en Chine augmentent année après année, pour atteindre aujourd'hui plusieurs centaines de milliers de dollars, affirme Stéphane Vachon. «La classe moyenne est ouverte aux produits importés, comme les produits de l'érable, de la canneberge et du miel», dit-il. Il reconnaît néanmoins que faire connaître ces produits demande des efforts d'éducation sur les marchés émergents.

Miser sur la valeur ajoutée

Pour se distinguer sur les marchés étrangers, Citadelle et Gaspé Cured misent sur l'obtention de certifications. «Si on veut aller chercher un prix supérieur et faire valoir la qualité de nos produits, il faut ajuster nos usines à la hauteur des exigences de qualité des acheteurs étrangers et il faut investir dans des accréditations et certifications», indique Mme Tardif.

Citadelle est ainsi allée chercher le sceau Fair for Life pour mieux se positionner sur ces marchés. Elle a mis cinq ans pour décrocher cette certification, liée à des critères de responsabilité sociale et de commerce équitable, remise par l'Institute for Marketecology, basé en Suisse.

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