«Avant de baisser le taux d'imposition des PME, nous devons leur donner de l'air» Lise Thériault

Offert par Les Affaires


Édition du 30 Avril 2016

«Avant de baisser le taux d'imposition des PME, nous devons leur donner de l'air» Lise Thériault

Offert par Les Affaires


Édition du 30 Avril 2016

Par Matthieu Charest

« Tu peux bien mettre un milliard de dollars sur la table, si les projets ne sont pas prêts à décoller, ça ne sert à rien », dit la ministre Lise Thériault. [Photo : Francis Vachon]

C'est à Les Affaires que Lise Thériault a choisi d'accorder sa première grande entrevue depuis le dépôt du dernier budget du Québec. Nous avons interrogé «la plus fédéraliste des députés», selon ses dires, sur sa vision et sur son plan pour les PME québécoises et l'entrepreneuriat. Députée libérale d'Anjou-Louis-Riel depuis 2002, Mme Thériault est vice-première ministre, ministre responsable des Petites et moyennes entreprises, de l'Allègement réglementaire et du Développement économique régional, ainsi que ministre responsable de la Condition féminine.

Les Affaires - Le dernier budget contient 345 M$ de ressources supplémentaires pour le développement économique pendant l'exercice 2016-2017. Est-ce que cette somme est suffisante ?

Lise Thériault - Il y a différents outils pour la relève entrepreneuriale, le mentorat, le soutien à l'exportation, les délégations du Québec à l'étranger, etc. Tous les programmes sont là. Et il y en a, de l'argent. Il y a plusieurs fonds destinés au développement des régions, par exemple. Le jour où il manquera d'argent pour que nos entreprises prennent de l'expansion, pour le démarrage, j'irai voir le président du Conseil du trésor avec plaisir. Si une initiative fait ses preuves, il y aura toujours assez d'argent. Mais encore là, tu peux bien mettre un milliard de dollars sur la table, si les projets ne sont pas prêts à décoller, ça ne sert à rien.

LA - Justement, vous parlez des délégations du Québec. Comme pour les centres locaux de développement [CLD], il y a eu des compressions budgétaires dans ce programme. À Montréal, le budget des CLD, devenus PME MTL, a été réduit de 60 %. N'est-ce pas contre- productif de faire ces compressions alors que vous parlez d'accompagner les PME ?

L.T. - Nous n'avons pas coupé dans l'accompagnement. Avec PME MTL par exemple, nous avons réalisé des économies, mais dans les équipements, dans les structures. Dans l'accompagnement, l'argent est encore là. Quant aux délégations, nous en avons ouvert d'autres en Chine et au Sénégal.

LA - Le gouvernement fédéral n'a pas tenu sa promesse de réduire le taux d'imposition des PME à 9%. Alors que votre gouvernement parle de réduire le fardeau des PME, pensez-vous réduire le taux d'imposition québécois, qui est de 8 % actuellement ?

L.T. - Pour les PME, le budget prévoit que nous diminuerons les taxes sur la masse salariale, le taux sur les brevets, les cotisations au Fonds des services de santé, en plus de diminuer le taux sur les PME manufacturières de 8% à 4%. Je pense qu'avant de baisser leur taux d'imposition, nous devons donner de l'air aux PME, notamment en allégeant la réglementation et en les aidant à augmenter leur productivité. Les entreprises veulent payer de l'impôt, [car] elles veulent avoir accès à des programmes et à des subventions. Je ne veux pas baisser une taxe pour baisser une taxe.

LA - Comment comptez-vous alléger le fardeau bureaucratique qui pèse sur les PME ?

L.T. - Le premier plan d'allègement de la réglementation, entre 2004 et 2014, a permis de réduire de presque 20% le fardeau bureaucratique des PME. Sous peu, nous allons présenter de nouvelles mesures, sur trois ans, afin de réduire encore la paperasse pour nos entreprises. C'est vraiment un irritant majeur.

LA - Vous partagez les responsabilités du développement économique avec Dominique Anglade, qui est ministre de l'Économie, de la Science et de l'Innovation. Comment réussissez-vous à travailler de concert ?

L.T. - C'est la première fois que deux femmes s'occupent du développement économique. Et il n'y a personne «au-dessous» de l'autre, il n'y a pas de cloisonnement. Dès que ça touche à l'innovation, c'est Dominique Anglade. Moi, je m'occupe des mesures générales, des régions et de l'allègement. Nous partageons la même équipe de fonctionnaires et nos bureaux sont côte à côte.

LA - La Coalition Avenir Québec (CAQ) et le Parti québécois affirment que le dernier budget du Québec manque de vision. Par ailleurs, la perte de 22 500 emplois à temps plein en mars semble tracer un portrait assez sombre de l'économie du Québec. Les PME devraient-elles s'inquiéter ?

L.T.- Si l'on veut que nos entreprises soient performantes et investissent, il faut instaurer un climat propice, donc de la stabilité. Il est évident que le fait d'éliminer tout ce qui est «référendum» permet de favoriser un climat de stabilité. Moi, je pense que le rôle de l'État en est un d'accompagnateur. C'est notre rôle que d'implanter des conditions favorables. Pour ce faire, nous avons plusieurs programmes. Nous avons un plan. Mais il s'agit d'un coffre à outils, nous devons pouvoir nous adapter à toutes les situations.

LA - Il y a pourtant eu une chute de l'emploi à temps plein depuis trois mois. Et entre mars 2015 et mars 2016, il n'y a eu qu'un gain de 300 emplois à temps plein et à temps partiel au Québec. Sommes-nous vraiment dans une période de stabilité, ou n'est-ce pas plutôt une période de stagnation ?

L.T. - Pour l'ensemble de l'année 2015, près de 50 000 nouveaux emplois ont été créés. Oui, il y a des mois plus creux, il y a des variations. C'est certain qu'il y a plus d'emplois créés l'été, étant donné les emplois saisonniers, comme en tourisme.

LA - Donc, selon vous, nous sommes sur la bonne voie? Vous avez bon espoir que nous allons atteindre les 250 000 nouveaux emplois pendant le mandat de votre gouvernement, comme l'a promis Philippe Couillard ?

L.T. - Je pense que c'est possible [d'atteindre ce nombre]. Par contre, il y a une pénurie de main-d'oeuvre au Québec. Les besoins de main-d'oeuvre sont énormes, et il y a des gens sur l'aide sociale ou le chômage qui ne sont pas qualifiés pour ces emplois. L'adéquation ne se fait pas. Et ça, c'est souvent un frein pour les entrepreneurs. Mon collègue au ministère de l'Emploi [François Blais] se penche là-dessus.

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