Une politique d'entreprise trop générale peut violer des droits fondamentaux

Publié le 16/10/2010 à 00:00, mis à jour le 19/10/2010 à 14:28

Une politique d'entreprise trop générale peut violer des droits fondamentaux

Publié le 16/10/2010 à 00:00, mis à jour le 19/10/2010 à 14:28

Cela étant, le tribunal d'arbitrage rappelle que, lorsqu'un employeur limite un ou plusieurs droits garantis par la Charte, il doit, afin de pouvoir maintenir une telle restriction, établir qu'elle est imposée dans la poursuite d'un objectif légitime, qu'elle est proportionnelle à cet objectif et que l'atteinte au droit est minimale.

Siemens a décidé d'introduire cette nouvelle politique dans le but d'assurer une meilleure sécurité dans son usine. Il s'agit là d'un objectif important.

Cependant, la limitation n'est ni proportionnelle, ni minimale. En effet, la preuve révèle que plus de la moitié des postes de travail ne sont pas exposés à un bruit supérieur à la norme pour laquelle une protection auditive est recommandée. Sans la nécessité de protection, on peut difficilement conclure que l'atteinte au droit à l'intégrité est justifiée.

Quant au port de bijoux, la preuve a montré que certains dangers de contact aux presses à embouter existent pour les mains des salariés. Par conséquent, l'interdiction de porter des bagues et des montres est justifiée, mais seulement pour ces salariés. Le danger lié au port d'autres bijoux n'est pas démontré.

Par conséquent, en raison de sa généralité (tous les bijoux) et de la généralité de son application (tous les salariés de l'usine), l'interdiction du port de bijoux n'est pas justifiée.

Les parties contestées de la politique sont donc invalidées car elles comportent des restrictions à des droits fondamentaux non justifiées. Les mesures disciplinaires imposées en application de celle-ci sont par conséquent annulées.

L'auteure est avocate chez Loranger-Marcoux

À la une

Monique Leroux: notre productivité reflète notre manque d’ambition

Édition du 10 Avril 2024 | François Normand

TÊTE-À-TÊTE. Entrevue avec Monique Leroux, ex-patronne de Desjardins et ex-présidente du CA d'Investissement Québec.

Multiplier la déduction pour gain en capital, c'est possible?

LE COURRIER DE SÉRAFIN. Quelle est l'avantage de cette stratégie?

Budget fédéral 2024: «c'est peut-être un mal pour un bien»

EXPERT INVITÉ. Les nouvelles règles ne changent pas selon moi l'attrait des actions à long terme.