Une formation pratique qui plaît aux étrangers


Édition du 16 Janvier 2016

Une formation pratique qui plaît aux étrangers


Édition du 16 Janvier 2016

Rémy Saqué, étudiant au programme EMBA McGill-HEC Montréal.

Rémy Saqué, un Français de 41 ans, directeur financier régional à la société de transport Maersk, vient du Nigéria - 17 heures de déplacement ! - pour assister à chaque cours de l'EMBA McGill-HEC Montréal, soit une fois par mois, du jeudi au dimanche. Fatou-Kiné Faty, une Sénégalaise de 31 ans, a démissionné d'un poste de consultante en développement des affaires au sein d'un cabinet comptable de son pays pour venir suivre, en août 2014, le programme MBA de l'Université McGill sur deux ans à temps plein.

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Les étrangers sont nombreux à faire le choix de s'inscrire à un programme de MBA au Québec. Cadre en poste à Montréal pour quelques années, étranger qui nourrit le projet de s'installer au Canada, jeune qui recherche une expérience internationale, les profils sont variés.

À l'Université McGill, le nombre d'étrangers inscrits au programme de MBA varie de 45 à 75 % selon les années sur des cohor-tes de 75 étudiants, d'après Don Melville, directeur du programme. Ils viennent de toute la planète, notamment d'Inde et d'Amérique du Sud, souligne-t-il.

À HEC Montréal, au moins 45 % des étudiants au MBA proviennent de l'étranger, souligne Louis Hébert, directeur des programmes de MBA et d'EMBA de HEC Montréal. À l'Université Laval, sur 3 000 à 3 400 inscrits, environ 500 étudiants étrangers - soit 150 de plus qu'en 2011-2012 - s'inscrivent chaque année aux programmes de MBA. Ils viennent principalement de France, du Maghreb, de l'Afrique francophone et de Chine.

Une manne pour les universités

Pour les universités québécoises, ces étudiants sont une manne, d'autant qu'ils paient plus cher leur inscription au programme : 16 200 $ comparativement à 7 600 $ pour un étudiant québécois à HEC Montréal.

Cette présence contribue par ailleurs à enrichir le contenu de la formation. «L'intérêt pour nous est de donner une couleur internationale à nos programmes. De par leurs cultures, les étudiants étrangers apportent une façon de voir différente et ajoutent à la dynamique de groupe à l'intérieur des cours. Cela force les étudiants québécois à comprendre que les façons de faire des affaires ne sont pas les mêmes d'un pays à l'autre. C'est aussi vrai pour les étudiants étrangers qui découvrent une autre culture ici et des pratiques d'affaires différentes», explique André Gascon, directeur des programmes de MBA à l'Université Laval.

Pour les étrangers, «l'attrait et le prestige d'un diplôme nord-américain comptent beaucoup dans leurs motivations. Le fait francophone pour l'Université Laval et les frais de scolarité peu élevés font aussi partie des raisons qui expliquent leur choix», juge André Gascon.

Profil international

Rémy Saqué a étudié en France et en Suisse et supervise maintenant les activités de Maersk dans plusieurs pays d'Afrique. Il n'a pas de projet professionnel précis, sauf de continuer d'occuper à l'étranger des postes à haute responsabilité.

Il souhaitait faire son MBA hors de son pays d'origine et de préférence dans une région du monde qu'il ne connaissait pas. «C'est une ouverture sur le marché nord-américain, mais aussi sur celui de l'Amérique du Sud, puisque le programme d'EMBA comprend un voyage d'études en Argentine», explique-t-il.

Il est persuadé que son employabilité sera améliorée grâce aux connaissances qu'il aura acquises sur la gestion à la nord-américaine. «Au Québec, il y a plus de travail en équipe, de partage de l'information, de travail collégial, alors qu'en France, les décisions partent plus du sommet pour s'appliquer à la base», dit Rémy Saqué.

La gestion à la nord-américaine

Autre avantage : le coût. Car malgré les voyages, il a calculé que son EMBA, qu'il finance lui-même, lui coûtera en définitive 40 % moins cher que s'il l'avait fait dans une grande institution en France, son pays d'origine, où le prix oscille généralement entre 153 000 $ et 200 000 $, par rapport à 84 000 $ pour le programme de McGill et HEC Montréal.

Fatou-Kiné Faty, qui a fait ses études supérieures en France, est elle aussi convaincue qu'elle sera efficace plus rapidement à la sortie de son MBA grâce à l'enseignement pratique reçu au Québec. «Les études de cas réels nous permettent de mieux comprendre les enjeux, d'avoir plus de recul et de connaître déjà de près de nombreux exemples concrets, énumère-t-elle. Cela nous expose à notre vie professionnelle future, puisqu'on doit donner des recommandations en fonction de notre analyse.»

La jeune femme a choisi le programme de l'Université McGill en raison de sa réputation. Elle souhaitait également perfectionner son anglais. Séduite par Montréal, elle envisage d'ailleurs d'y travailler quelques années lorsqu'elle aura obtenu son MBA. «J'aimerais trouver un poste en développement des affaires, prévoit la jeune femme. À moyen terme, je souhaite tout de même retourner au Sénégal pour y fonder mon entreprise.

Pourquoi ont-ils choisi un programme québécois ?

Les diplômés étrangers de MBA québécois sont souvent des personnes qui veulent immigrer, que ce soit pour un temps limité ou de manière définitive, comme c’est souvent le cas dans les pays émergents, constate Guy Cucumel, directeur du MBA pour cadres de l’ESG UQAM.

Outre la réputation de l’univer- sité, c’est « le désir d’avoir un diplôme nord-américain et des enseignements faits sur un autre modèle qui attire les Européens, explique-t-il. Les professeurs québécois ont une approche pragmatique, axée sur des études de cas. Ils donnent aussi accès aux réalités des entreprises nord-amé- ricaines qu’ils prennent en exemple. C’est un type d’enseigne- ment moins professoral qu’en Europe et plus basé sur la discussion. »

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