Entrevue n°243: Frédéric Duponchel, pdg, Accuracy


Édition du 11 Avril 2015

Entrevue n°243: Frédéric Duponchel, pdg, Accuracy


Édition du 11 Avril 2015

Par Diane Bérard

«Un employeur de choix ne donne pas de gadgets. Il aime ses employés, tout simplement»- Frédéric Duponchel, pdg, Accuracy.

Il y a 10 ans, sept anciens employés d'Andersen France ont lancé le cabinet-conseil Accuracy, qui compte 10 bureaux, dont un à Montréal depuis 2011. La firme place l'éthique et la bienveillance au coeur de ses valeurs. Cette année, elle s'est classée première en France lors de l'enquête de l'institut Great Place to Work, dans la catégorie des 500 employés ou moins. J'ai interviewé Frédéric Duponchel, pdg de l'entreprise.

Diane Bérard - Accuracy a été fondée par des anciens associés d'Andersen, ce cabinet comptable légendaire emporté dans un parfum de scandale à la suite de son association avec Enron. Parlez-nous de cette période.

Frédéric Duponchel - Je suis entré chez Andersen en 1988. En 2002, à la suite de l'affaire Enron, la boîte s'est désagrégée. Chaque pays où Andersen était présent a décidé de son sort. En France, E&Y a racheté notre entreprise. Pour moi, en apparence, rien n'avait changé. J'avais le même bureau, les mêmes équipes et les mêmes clients. Mais l'affaire Enron avait laissé des traces. Quand on a vécu ça, on ne veut plus de compromis. Je suis devenu un «malade de l'éthique». Avec six autres associés qui partageaient cette préoccupation, nous avons quitté E&Y pour lancer le premier cabinet comptable français qui ne fait que du conseil. Accuracy n'offre aucun service d'audit.

D.B. - Accuracy ne manque pas d'ambition. Elle se décrit comme «le McKinsey des chiffres»...

F.D. - Nous avons toujours eu la même vision depuis le 4 novembre 2004. Accuracy veut être un acteur de référence haut de gamme. D'où la comparaison avec McKinsey. Elle est la référence du conseil de stratégie. Nous voulons être la référence en conseil de chiffres. Quant au qualificatif «haut de gamme», il souligne que nous offrons des prestations à haute valeur ajoutée pour lesquelles le client est prêt à payer plus. D'ailleurs, la fille d'un de nos clients nous décrit comme «l'Hermès de la finance». Ça, ça fait vraiment plaisir.

D.B. - Revenons à l'éthique. Quelle en est votre définition ?

F.D. - (Silence.) «Penser droit, parler droit.» Dans notre métier, cela signifie qu'il faut, en toutes circonstances, être en mesure de donner une vraie opinion sur ce qu'on voit, sans être influencé. En disant ce qu'on pense et en étant capable de l'écrire.

D.B. - Qu'est-ce que la «clause de conscience» ? L'avez-vous utilisée ?

F.D. - Si un des nos employés considère que les conditions d'exécution de la mission, tel qu'Accuracy les voit, ne sont plus remplies, on se réserve la possibilité d'arrêter le mandat. Tous nos contrats incluent cette clause. Nous l'avons déjà utilisée, mais c'est rare. Nous arrivons habituellement à expliquer à nos clients la raison pour laquelle ils gagnent à nous laisser donner un avis indépendant.

D.B. - Tout le monde est pour la vertu. Mais au moment d'agir...

F.D. - On ne peut pas prétendre à l'éthique comme valeur sans être prêt à faire des sacrifices à court terme en son nom. Supposons qu'on nous appelle pour une mission qui peut utiliser une information que nous avons obtenue un an avant, nous refusons. Si on nous embauche seulement afin que nous utilisions des informations privilégiées, nous passons notre tour pour demeurer complètement indépendants. Et puis, pour le reste, c'est à nous d'expliquer au client qui veut que l'on soit plus ceci ou moins cela pourquoi on ne fait pas ça, pourquoi on ne va pas dans son sens.

D.B. - Accuracy pourrait-elle défendre ces principes si elle était inscrite à la Bourse ?

F.D. - Non. Pour appliquer ces principes, il faut deux conditions : du courage et ne pas considérer l'argent comme une priorité. Dès que l'argent est la priorité, il y aura, un jour ou l'autre, compromission.

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