Triomphez de votre timidité

Publié le 24/10/2009 à 00:00

Triomphez de votre timidité

Publié le 24/10/2009 à 00:00

En affaires, la timidité est un handicap sérieux. En entreprise, elle est un frein aux promotions. Il y a moyen de la surmonter.

Hélène Trempe est du genre à vous donner de fermes poignées de main et à vous regarder droit dans les yeux. Derrière cette assurance, un fond de timidité. "Cette timidité m'a même poussée à refuser des promotions", dit la styliste de 52 ans, qui a fondé en 2004 Vestimage, une firme de consultation en gestion de garde-robes. "J'aurais été incapable de gérer des employés et de critiquer leur travail."

Il y a huit ans encore, Hélène Trempe avait peu confiance en elle. Elle avait peur de faire mauvaise impression et d'être jugée négativement par ses collègues. Effacée, elle restait à l'écart. "J'ai côtoyé des gens pendant dix ans sans jamais leur parler, ajoute l'ancienne acheteuse pour une entreprise de vêtements. Ils trouvaient que j'avais l'air snob..."

Hélène Trempe a finalement surmonté sa timidité. "Le fait d'être entrepreneure y a beaucoup contribué", explique cette membre du Réseau des femmes d'affaires du Québec qui a pris confiance, mais qui rougit et bafouille encore parfois. Le jour de l'entrevue, elle portait un joli vêtement d'été qui couvrait sa poitrine et son cou tout en laissant ses épaules dégagées. Un truc qui lui permet de camoufler les éventuelles plaques de rougeur qui trahiraient sa gêne...

Rougir devant un patron est embarrassant. Donner une main moite à un client aussi. Négocier en détournant le regard ? Inconcevable. En affaires, la timidité peut être un handicap. C'est même un tabou chez les hauts dirigeants, selon Lucie Rousseau, coach de cadres. "Avouer sa timidité équivaut quasiment à faire un coming out, soutient-elle. Le mot lui-même a une connotation négative."

Pour gravir les échelons, les cadres et les professionnels doivent combattre leur timidité, et non tenter de la camoufler, d'après Lucie Rousseau. "Certains la cachent en adoptant une attitude brusque et froide, ce qui nuit à leur leadership, dit-elle. Ils se conduisent ainsi parce qu'ils sont mal à l'aise, parce qu'ils ne savent pas comment agir avec les autres ou parce qu'ils ont peu de confiance en eux et qu'ils sentent le besoin d'affirmer leur autorité."

Une question de confiance

Gérer sa timidité, c'est possible. Isabelle Hudon, présidente de l'agence de publicité Marketel, en est la preuve. Enfant, elle devenait rouge "comme une tomate" lorsqu'elle faisait des présentations orales ou qu'elle parlait à des gens qui l'impressionnaient - certains professeurs, par exemple. L'ancienne présidente de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain prononce aujourd'hui des discours devant des milliers de personnes.

"Plus on a confiance en soi, plus on peut contrôler sa timidité, croit Isabelle Hudon, qui a 42 ans. Et pour gagner de la confiance, il faut se souvenir de ses bons coups et ne pas se reprocher ses défaites."

Les grands timides ont souvent une mauvaise image d'eux-mêmes. "Ces gens restent en retrait, car ils ont l'impression d'être inadéquats ou incompétents, explique Nicolas Chevrier, psychologue chez Services psychologiques Séquoia. Ils croient, par exemple, que s'ils prennent la parole, ils doivent à tout prix dire quelque chose d'intéressant. C'est irréaliste."

Pourtant, leur anxiété, elle, est bien réelle. Ils perçoivent une menace au moindre stress, comme une rencontre en privé avec un patron. Dans de telles situations, le cerveau envoie un message au système nerveux autonome afin qu'il prépare le corps à y faire face. Le rythme cardiaque augmente, la respiration s'intensifie, ce qui provoque une cascade de réactions et de signes physiologiques : rougeurs, mains moites, tremblements, etc.

Pour éviter ces symptômes, les grands timides doivent changer leur perception de cette menace. "Ils doivent aussi s'y exposer", souligne Nicolas Chevrier, dont la clinique développe actuellement une thérapie cognitivo-comportementale de courte durée (sept jours) contre la timidité.

Oser, c'est la clé pour se libérer, selon J. A. Gamache, un ancien grand timide. En 1994, il s'est inscrit à un club de Toasmaster International, un organisme sans but lucratif qui enseigne aux gens à parler en public et à développer leur leadership. "Ces clubs sont des laboratoires, dit le travailleur autonome de 47 ans, qui fait notamment de l'animation. On peut s'y entraîner sans craindre d'être ridiculisé."

Depuis, J. A. Gamache ne tremble plus et ne perd plus le fil de ses idées lorsqu'il donne des conférences. L'auteur de Trac pas trac, j'y vais ! 77 trucs pour en finir avec la peur de parler en public a remporté en 2001 la 3e place au championnat du monde des orateurs de Toastmaster.

Les bons côtés de la timidité

Au cours de sa carrière, Isabelle Hudon a sans cesse mis sa timidité à l'épreuve. Malgré tout, elle reste un brin gênée quand elle rencontre des gens qu'elle ne connaît pas - ce qui se produit de moins en moins souvent, on s'en doute. Elle rougit encore lorsqu'on lui fait un compliment en public. "Cela me désarçonne", dit-elle. Isabelle Hudon croit que ce reste de timidité est bénéfique. "Il favorise une certaine retenue, dit-elle. Cela m'évite, en tant que personnalité publique, de tomber dans la prétention."

La timidité peut avoir son charme. "Les timides ne paraissent pas menaçants pour leurs collègues, remarque Lucie Rousseau. Cependant, cette attitude charmeuse risque de leur nuire s'ils veulent progresser dans l'organisation. Elle les empêche de montrer l'étendue de leurs capacités."

Lynne Henderson, directrice du Shyness Institute, un centre de recherche californien qui étudie la timidité et l'anxiété sociale, souligne que les timides ont tendance à être agréables et à avoir une bonne écoute. "On ne peut pas leur reprocher de parler à tort et à travers, remarque la psychologue américaine. Ils parlent peu. Ils agissent !" D'après elle, les timides peuvent être de bons cadres, qui dirigent dans l'ombre.

Et pourquoi pas sous les feux de la rampe ? Des grands timides comme Abraham Lincoln, Mohandas Gandhi et Nelson Mandela sont devenues de célèbres leaders.

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